Les autoroutes wallonnes dans le noir
L’extinction des éclairages sur le réseau autoroutier est une des mesures pour réduire la facture énergétique du pays
Namur. L’anecdote veut que, lorsque les premiers astronautes ont aluni en 1969, ils aient été surpris par le rayonnement lumineux qui s’échappait de la Belgique. A l’époque, toutes les autoroutes du royaume étaient éclairées. C’était le temps du progrès revendiqué et de l’opulence.
Depuis, les crises se multipliant, la Belgique a régulièrement baissé la lumière. Dernier épisode en date: la décision du gouvernement wallon de réduire dès ce lundi l'éclairage routier et autoroutier, dans les limites de la «faisabilité» et le «respect de la sécurité routière». L'extinction des feux concerne la berme centrale des autoroutes, soit 20.000 points lumineux Led. Elle sera d’application entre 22 heures et 5h30, c'est-à-dire au moment où le trafic est le moins dense. Elle ne concerne pas les échangeurs autoroutiers. Certains points du réseau pourront être à nouveau éclairés si besoin, par exemple en cas de conditions climatiques difficiles.
Le ministre régional de la Mobilité, l’écologiste Philippe Henry, explique que 400.000 euros seront ainsi épargnés en 2022, et probablement plus en 2023. La mesure a une dimension pédagogique évidente: «Les citoyens attendent des pouvoirs publics qu'ils fassent, eux aussi, des efforts pour réduire leur consommation énergétique. C’est la concrétisation d'une mesure d'urgence prise par la Wallonie».
A l’échelon fédéral, le gouvernement du libéral Alexander De Croo s’est lui aussi accordé sur une série de dispositions qui doivent aider les Belges à affronter la hausse de la facture énergétique.
Les ménages disposeront ainsi d’un «nouveau forfait de base énergie» à prix réduit en novembre et décembre prochains, à hauteur de 135 euros pour le gaz et de 61 euros pour l’électricité. La mesure vise la «classe moyenne élargie», et pas seulement les plus défavorisés, et concerne tous les particuliers qui ne disposent pas d’un contrat fixe conclu ou renouvelé à partir du 1er octobre 2021. Un certain revenu franchi, cette aide sera toutefois soumise à l’impôt. Seule la tranche des 15% de revenus les plus élevés serait concernée.
Pour les utilisateurs de chaudière au mazout, le chèque octroyé au printemps dernier passe de 225 à 300 euros.
Des mesures inspirées de la crise sanitaire
Un report de paiement des cotisations sociales est par ailleurs accordé aux entreprises et aux indépendants. Apparaît aussi un chômage temporaire «énergie» aligné sur l’encadrement temporaire de crise européen. La mesure s’inspire de celle qui a prévalu durant la crise Corona. «Concrètement, toute entreprise dont le coût de l’énergie représente plus de 3% des coûts de production, ou dont la facture d’énergie a doublé entre 2021 et 2022, pourra actionner ce mécanisme de chômage temporaire énergie», commente le ministre de l’Economie et de l’Emploi PierreYves Dermagne. Ce régime de chômage vaudra du 1er octobre au 31 décembre.
Des mesures de soutien fiscales et financières (report du paiement des impôts, plans de remboursement des dettes fiscales, réduction des accises sur le gaz et l’électricité, etc.) doivent également aider les entreprises à passer le cap de la crise. Un moratoire sur les faillites sera en outre mis en place, ainsi qu’un code de conduite entre les fournisseurs d’énergie et les indépendants et PME.
En tout, un milliard d’euros sera mobilisé, soit un montant proche du coût des mesures décidées au printemps dernier lorsque les prix à la pompe flambaient. Le tout sera financé par des revenus additionnels de la TVA et par la «rente» taxatoire déjà imposée aux gestionnaires du nucléaire. HeM