Un potentiel attentat terroriste déjoué
En Belgique un survivaliste a été abattu par les forces spéciales dans le cadre de perquisitions visant l’extrême droite
Un homme a été tué par les forces de police, jeudi à Merksem (Anvers), et six autres ont été arrêtés. Ces individus appartenant à l'extrême droite sont soupçonnés d'avoir voulu commettre «une forme de résistance armée contre le gouvernement sans qu'un objectif concret ou une durée aient été déterminés».
Un adepte du survivalisme
Yannik V., un survivaliste fan des armes à feu, est mort en tentant de résister aux hommes de la DSU (unités spéciales) chargés d'accompagner les policiers qui venaient perquisitionner son habitation. Il avait 36 ans et possédait un véritable arsenal. Les forces de police ont ainsi trouvé chez lui des gilets tactiques, des lunettes de vision nocturne et/ou thermique, etc. Il était à la tête d'une société nommée Antwerpse Goud en Zilver Cie (Compagnie anversoise de l'or et de l'argent). Il se présentait sur Twitter et Instagram comme «un négociateur d'or, amoureux de l'histoire, de la liberté, des droits civiques et de la Constitution belge de 1831». C'était un tireur sportif et un collectionneur d'armes à feu anciennes. Yannick V. était imprégné des thèses survivalistes qu'il accommodait de toute évidence avec les défis de l'époque. Il conseillait ainsi à ses lecteurs de faire le plein de vivres pour résister à l'hyperinflation et à la chute des systèmes alimentaires mondiaux. Il ajoutait: «Vous pouvez acheter votre arbalète Man Kung autour de 75 à 100 euros». La survie, telle que l'imaginait Yannick, V., passait par les armes.
La présence d'unités spéciales pour mener la perquisition chez Yannick V. indique que les policiers s'attendaient à faire face à un homme dangereux. Et pour cause, le parquet fédéral dirige ici une enquête «portant sur la détention illégale d'armes à feu et la préparation d'un attentat terroriste».
Cette fois, ce ne sont donc pas des djihadistes revenus de Syrie qui étaient visés, mais des adeptes des théories d'extrême droite. Selon l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam), 62 individus de cette mouvance jugés suffisamment dangereux sont actuellement fichés. Trois arrestations de ce type ont eu lieu en 2021 sur le territoire belge contre 29 en France, selon Europol. Il faut toutefois remonter à 2006 pour retrouver un projet d'attentat d'extrême droite en Belgique. Il avait été fomenté par un membre de «Bloed, Bodem, Eer en Trouw», une succursale du groupe néonazi Blood and Honour. L'ex-militaire Tomas Boutens, assis lui aussi sur un véritable arsenal, avait été arrêté et condamné à la détention. Ces faits alourdissent un peu plus le climat d'insécurité ambiant. Sans que ces dossiers aient a priori un lien en commun, la semaine dernière, c'est le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne qui a échappé à un enlèvement préparé selon toute vraisemblance par le milieu de la drogue. Auparavant, de nombreuses fusillades avaient éclaté à Bruxelles et à Anvers, toujours dans le contexte du narcotrafic. En 2021 encore, l'ex-militaire et adepte de l'extrême droite Jürgen Conings avait menacé de s'en prendre à des personnalités scientifiques ainsi qu'à une mosquée, avant de suicider au terme de sa cavale.
L'image de la Belgique s'en trouve abîmée à l'étranger où la presse se demande si le pays qualifié de «failed state» par le média américain «Politico» après les attentats de Bruxelles n'est pas en train de devenir un «narco-Etat». En dépit de cette actualité, la Belgique reste pour l'instant loin de ses années de plomb, lorsque les Tueurs du Brabant semaient la mort. Près de quarante ans ont passé et ils n'ont toujours pas été identifiés.