L’art, un bel investissement
Quand la passion se mêle à l'argent
Si l’investissement dans l’art est vu par les familles fortunées comme un moyen de diversifier et de préserver une partie de leur patrimoine à long terme, l’acquisition d’une oeuvre ou la constitution d’une collection doit avant tout être vue sous l’angle du plaisir et de l’émotion qu’elle suscite. Et tout le monde peut s’y essayer!
De nos jours, les oeuvres d'art font partie intégrante du patrimoine de familles fortunées désireuses de diversifier leurs placements et de mitiger les risques, tout en s’offrant une part d’émotion et de plaisir. Si l’on se place sous l’angle de la gestion du patrimoine, l’art est en effet un vecteur de diversification apprécié. Bien que pouvant parfois faire l’objet d’une forme de spéculation, sa valeur reste décorrélée des évolutions des marchés financiers.
Autre avantage, l’art est un avoir tangible que l’on peut contempler, observer, toucher… Et c’est bien là l’essentiel. «L’art doit d’abord être vu sous l’angle de l’émotion. Il est là pour procurer du plaisir à son acquéreur. C’est un actif peu liquide, que l’on achète pour une période très longue. Certaines familles étoffent par exemple leur collection au fil du temps, avec l’idée de transmettre ce patrimoine tangible à leurs descendants et d’y trouver une grande satisfaction, conseille Eugénie Dumont, Art AdvisoryManager au sein de la banque privée Degroof Petercam.
D’ailleurs, les familles fortunées, notamment sous l’impulsion de la nouvelle génération, ont tendance à allouer une part plus importante de leur patrimoine à l’art que par le passé. Ces jeunes générations s’intéressent notamment davantage à l’impact social ou environnemental de leurs investissements. Le soutien qu’ils peuvent apporter à la culture, à l’art ou à un artiste en particulier prend un nouveau sens.»
Attention à la spéculation
Si l’on considère l’évolution du marché d’un point de vue financier, l’art a connu une croissance très forte depuis 2000. Depuis quelques années, régulièrement, la presse se fait d’ailleurs l’écho de ventes d’oeuvres à des montants astronomiques, renforçant l’attrait des investisseurs.
Mais il ne faut pourtant pas s’y tromper. Exceptés quelques artistes contemporains ou émergents qui affolent les compteurs, la grande majorité des oeuvres d’art sont avant tout des investissements passion et doivent le rester. Autrement dit, le rendement ne doit pas être le moteur d’un investissement dans une oeuvre d’art. «Il n’est effectivement jamais conseillé de considérer l’art comme une source de rendement à plus ou moins court terme.
Le premier argument en ce sens est que l’art est un secteur où la transparence fait souvent défaut. Le marché est peu ou pas régulé. La grande majorité des transactions se font de gré à gré, de manière relativement opaque et il est difficile de s’aventurer dans ce monde fermé si l’on est pas un fin connaisseur», poursuit Eugénie Dumont.
De manière générale, il faut se méfier de cette tendance spéculative que l’on a pu observer ces dernières années. Si des oeuvres changent de main régulièrement, que le prix continue à grimper sans réel argument concret, mieux vaut rester prudent.
A la portée de tous
S’il demande de prendre certaines précautions, et à condition de ne pas en attendre un rendement astronomique, investir dans une oeuvre d’art reste un acte à la portée de toutes les bourses, peu importe son âge. «Il est tout à fait possible de démarrer très jeune, avec un budget modeste, surtout dans le domaine de l’art contemporain et émergent. Des oeuvres d’un jeune artiste prometteur qui sort d’une prestigieuse école et qui n’a pas encore de représentation en galerie, peut constituer une piste intéressante pour un premier achat», confie Dumont.
Dans tous les cas, si vous souhaitez soutenir un artiste en achetant l’une de ses oeuvres, prenez le temps de vous renseigner. Intéressez-vous à son parcours académique, à sa représentation dans des galeries ou dans des expositions de plus grande envergure. «Est-il destiné à une longue carrière ou risque-t-il de tomber rapidement dans l’oubli?, questionne notre experte. Ensuite, si vous passez à l’acte, faites attention à la documentation, à commencer par la facture d’achat et le certificat d’authenticité.
Si vous achetez sur le marché secondaire, et que l’oeuvre a déjà connu plusieurs propriétaires, demandez un constat d’état. Ainsi, vous saurez si elle a déjà été restaurée, si elle doit être nettoyée… Enfin, pour les oeuvres plus anciennes, la provenance est un élément primordial à prendre en compte. Plus celle-ci sera transparente et limpide, plus l’oeuvre aura de valeur.»
Au-delà de son prix, une oeuvre d’art est un actif tangible – au même titre qu’un immeuble par exemple – qui doit être géré. Les oeuvres doivent être assurées. Il faut garantir leur bonne conservation, les restaurer dans certains cas, veiller à leur transport, etc. Tous ces frais, s’ils sont mal gérés, peuvent vite représenter des sommes importantes et ont un impact sur la performance réelle de l’investissement initial. Il est donc une fois encore essentiel d’être bien conseillé et accompagné afin d’éviter les pièges.