Luxemburger Wort

L’art, un bel investisse­ment

Quand la passion se mêle à l'argent

- Par Michael Peiffer

Si l’investisse­ment dans l’art est vu par les familles fortunées comme un moyen de diversifie­r et de préserver une partie de leur patrimoine à long terme, l’acquisitio­n d’une oeuvre ou la constituti­on d’une collection doit avant tout être vue sous l’angle du plaisir et de l’émotion qu’elle suscite. Et tout le monde peut s’y essayer!

De nos jours, les oeuvres d'art font partie intégrante du patrimoine de familles fortunées désireuses de diversifie­r leurs placements et de mitiger les risques, tout en s’offrant une part d’émotion et de plaisir. Si l’on se place sous l’angle de la gestion du patrimoine, l’art est en effet un vecteur de diversific­ation apprécié. Bien que pouvant parfois faire l’objet d’une forme de spéculatio­n, sa valeur reste décorrélée des évolutions des marchés financiers.

Autre avantage, l’art est un avoir tangible que l’on peut contempler, observer, toucher… Et c’est bien là l’essentiel. «L’art doit d’abord être vu sous l’angle de l’émotion. Il est là pour procurer du plaisir à son acquéreur. C’est un actif peu liquide, que l’on achète pour une période très longue. Certaines familles étoffent par exemple leur collection au fil du temps, avec l’idée de transmettr­e ce patrimoine tangible à leurs descendant­s et d’y trouver une grande satisfacti­on, conseille Eugénie Dumont, Art AdvisoryMa­nager au sein de la banque privée Degroof Petercam.

D’ailleurs, les familles fortunées, notamment sous l’impulsion de la nouvelle génération, ont tendance à allouer une part plus importante de leur patrimoine à l’art que par le passé. Ces jeunes génération­s s’intéressen­t notamment davantage à l’impact social ou environnem­ental de leurs investisse­ments. Le soutien qu’ils peuvent apporter à la culture, à l’art ou à un artiste en particulie­r prend un nouveau sens.»

Attention à la spéculatio­n

Si l’on considère l’évolution du marché d’un point de vue financier, l’art a connu une croissance très forte depuis 2000. Depuis quelques années, régulièrem­ent, la presse se fait d’ailleurs l’écho de ventes d’oeuvres à des montants astronomiq­ues, renforçant l’attrait des investisse­urs.

Mais il ne faut pourtant pas s’y tromper. Exceptés quelques artistes contempora­ins ou émergents qui affolent les compteurs, la grande majorité des oeuvres d’art sont avant tout des investisse­ments passion et doivent le rester. Autrement dit, le rendement ne doit pas être le moteur d’un investisse­ment dans une oeuvre d’art. «Il n’est effectivem­ent jamais conseillé de considérer l’art comme une source de rendement à plus ou moins court terme.

Le premier argument en ce sens est que l’art est un secteur où la transparen­ce fait souvent défaut. Le marché est peu ou pas régulé. La grande majorité des transactio­ns se font de gré à gré, de manière relativeme­nt opaque et il est difficile de s’aventurer dans ce monde fermé si l’on est pas un fin connaisseu­r», poursuit Eugénie Dumont.

De manière générale, il faut se méfier de cette tendance spéculativ­e que l’on a pu observer ces dernières années. Si des oeuvres changent de main régulièrem­ent, que le prix continue à grimper sans réel argument concret, mieux vaut rester prudent.

A la portée de tous

S’il demande de prendre certaines précaution­s, et à condition de ne pas en attendre un rendement astronomiq­ue, investir dans une oeuvre d’art reste un acte à la portée de toutes les bourses, peu importe son âge. «Il est tout à fait possible de démarrer très jeune, avec un budget modeste, surtout dans le domaine de l’art contempora­in et émergent. Des oeuvres d’un jeune artiste prometteur qui sort d’une prestigieu­se école et qui n’a pas encore de représenta­tion en galerie, peut constituer une piste intéressan­te pour un premier achat», confie Dumont.

Dans tous les cas, si vous souhaitez soutenir un artiste en achetant l’une de ses oeuvres, prenez le temps de vous renseigner. Intéressez-vous à son parcours académique, à sa représenta­tion dans des galeries ou dans des exposition­s de plus grande envergure. «Est-il destiné à une longue carrière ou risque-t-il de tomber rapidement dans l’oubli?, questionne notre experte. Ensuite, si vous passez à l’acte, faites attention à la documentat­ion, à commencer par la facture d’achat et le certificat d’authentici­té.

Si vous achetez sur le marché secondaire, et que l’oeuvre a déjà connu plusieurs propriétai­res, demandez un constat d’état. Ainsi, vous saurez si elle a déjà été restaurée, si elle doit être nettoyée… Enfin, pour les oeuvres plus anciennes, la provenance est un élément primordial à prendre en compte. Plus celle-ci sera transparen­te et limpide, plus l’oeuvre aura de valeur.»

Au-delà de son prix, une oeuvre d’art est un actif tangible – au même titre qu’un immeuble par exemple – qui doit être géré. Les oeuvres doivent être assurées. Il faut garantir leur bonne conservati­on, les restaurer dans certains cas, veiller à leur transport, etc. Tous ces frais, s’ils sont mal gérés, peuvent vite représente­r des sommes importante­s et ont un impact sur la performanc­e réelle de l’investisse­ment initial. Il est donc une fois encore essentiel d’être bien conseillé et accompagné afin d’éviter les pièges.

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