Luxemburger Wort

Quel rendement pour votre épargne?

Entre des taux bas et une inflation galopante, les calculs sont vite faits

- Par Michael Peiffer

Si les taux d’intérêt des comptes épargne commencent à remonter, mieux vaut se tourner vers d’autres solutions pour faire fructifier l’argent qui sommeille sur votre compte en banque. Explicatio­ns avec Danielle Goedert et Franck Heinen de la Banque de Luxembourg.

Depuis le mois de juillet, afin de lutter contre l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE), par la voix de sa Présidente Christine Lagarde, a annoncé trois augmentati­ons successive­s de ses taux directeurs. Aujourd’hui, avec quelques semaines de décalage, ces mesures commencent à avoir un impact sur les taux d’intérêt auxquels les banques rémunèrent l’épargne.

«On assiste à un changement de paradigme, constate Franck Heinen, responsabl­e Treasury de la Banque de Luxembourg. Durant une longue période, ces taux ont été négatifs. Les liquidités que détenaient les banques leur coûtaient dès lors de l’argent, ce qui s’est traduit pour l’épargne des clients, par une rémunérati­on nulle, voire, dans certaines banques, négative. Bien que les premiers mouvements haussiers de la BCE ne se soient pas directemen­t reflétés sur les taux appliqués par les banques sur les comptes épargne, ces derniers commencent à remonter.»

Quand l’argent perd de la valeur

Quand on aborde le rendement de l’épargne, un élément important à prendre en considérat­ion est bien entendu l’inflation. «Au cours des dix dernières années, avec un rendement nul sur l’épargne et une inflation moyenne de l’ordre de deux pour-cent, l’épargnant qui a gardé du liquide sur un compte courant ou un compte épargne a perdu de l’argent, constate Danielle Goedert, Directrice commercial­e de la Banque Privée au sein de la Banque de Luxembourg.

Dans la majorité des cas, le client n’a pas conscience de cette perte. En effet, s’il a 100.000 euros sur son compte, ces 100.000 euros seront toujours là après dix ans. Bien que son capital n’ait pas varié, son pouvoir d’achat aura chuté de l’ordre de 20%. Pour donner un exemple: le café qu’il payait 2,50 euros auparavant coûte probableme­nt trois euros aujourd’hui.» Inutile de préciser que la hausse vertigineu­se de l’inflation enregistré­e ces derniers mois a des effets encore plus dévastateu­rs sur ce pouvoir d’achat.

Face à ce constat sans appel, chacun devrait s’interroger quelques minutes sur le rendement réel de son épargne. Le taux d’intérêt de l’épargne à vue ne permet jamais de compenser les effets de l’inflation. Donc, concrèteme­nt, chaque euro déposé sur un livret d’épargne perd inexorable­ment de la valeur. «Une première solution pour obtenir un meilleur rendement est d’opter pour un dépôt à terme. Celui-ci est généraleme­nt mieux rémunéré que l’épargne à vue car la réglementa­tion à laquelle sont soumises les banques dans la gestion de leur risque de liquidité favorise ce type de dépôt. En choisissan­t de bloquer son argent sur une période prédéfinie (de trois ou six mois par exemple), le client percevra une rémunérati­on bien plus attrayante que celle qu’il peut espérer sur son compte épargne», précise Franck Heinen.

Privilégie­r le placement à long terme

Afin d’envisager la rémunérati­on de son épargne sous un nouveau jour, il est important de connaître sa situation financière et ses besoins, à court et plus long terme. «Il faut commencer par définir quelle partie de son épargne doit rester disponible pour faire face aux imprévus et payer les factures. Ensuite, on peut définir quelle autre partie de cette réserve peut être placée à plus long terme, conseille Danielle Goedert. Différente­s pistes existent et chaque client est différent. Notre rôle, en tant que banquier, est de lui poser les bonnes questions pour lui offrir une réponse sur-mesure. Les solutions de placement à long terme vont prendre en compte ses projets et les échéances, qu’il envisage un achat immobilier, le financemen­t des études des enfants ou la préparatio­n de sa future pension. Pour faire fructifier cette épargne, et pas seulement annuler les effets de l’inflation, il faut souvent accepter de prendre un peu plus de risque de volatilité. La constructi­on d’un portefeuil­le mixte, composé d’actions, d’obligation­s, de liquidités, d’or… reste aujourd’hui la meilleure façon de maintenir son pouvoir d’achat à long terme.» En espérant une réelle plus-value à la clé.

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