Luxemburger Wort

«Donnez-moi des joueurs à vocation offensive et on verra»

Arno Bonvini va tenter de rebondir à Strassen après une dernière expérience traumatisa­nte à Mondorf où il n’aurait pas dû retourner, confie-t-il

- Interview: Christophe Nadin

Attendu comme le poil à gratter de la BGL Ligue après une dernière saison plutôt séduisante, Strassen se retrouve aujourd’hui englué dans la zone rouge avec seulement deux points d’avance sur la lanterne rouge. Le club a réagi en se séparant de Christian Lutz et en confiant les clefs à Arno Bonvini. L’ancien entraîneur de Mondorf avoue ne pas avoir totalement digéré son départ de la cité thermale et pointe la rencontre contre Mondercang­e demain comme un potentiel déclic dans cette saison cauchermar­desque.

Arno Bonvini, vous avez pris votre temps avant d’accepter de reprendre Strassen. Pourquoi?

Parce que je ne voulais pas prendre d’équipe cette saison. J’étais vraiment fatigué par ma dernière expérience à Mondorf et déçu de la façon dont les choses se sont terminées. C’était vraiment le moment pour prendre du recul.

Vous venez sans staff, en électron libre. Ça ne vous pose pas de problème?

C’est pour ça que je me suis décidé pour Strassen. Patrick Kugener m’a annoncé qu’il allait rejoindre le club et m’a parlé du projet. Je n’ai pas hésité.

On parle effectivem­ent d’une commission sportive avec Kugener et notamment Carlo Weis. Cela ne vous pose pas de problème?

Non. Je sais que je peux compter à 100 % sur Patrick. On a travaillé neuf années ensemble. Il est venu me rechercher deux fois et le jour de mon licencieme­nt, il a démissionn­é aussi. Il n’y aura pas de souci.

On vous avait donc laissé à Mondorf où vous n’aviez pas terminé la saison dernière. Peut-on parler d’échec?

Je ne pense pas. Avec le recul, je me suis dit que je n’aurais pas dû y retourner une troisième fois. C’était la fois de trop mais je n’ai pas été épargné par les blessures. Après tout, c’est aux gens de décider si c’est un échec ou pas. On a vécu de bons moments ensemble, mais les dernières semaines restent le plus longtemps dans la mémoire.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour digérer une telle expérience?

Beaucoup de temps. Et je crois que je n’ai pas encore totalement digéré. Mais la vie continue. Un club doit prendre des décisions à un moment donné si les résultats ne suivent pas. Il faut l’accepter. Un entraîneur n’est jamais là à vie. Il faut assumer ça. C’est la manière dont la séparation s’est opérée qui m’a déçu. Ça m’a vraiment fait mal.

Que répondez-vous aux gens qui disent que vous êtes un entraîneur défensif?

Donnez-moi des joueurs à vocation offensive et on verra. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’avoir une telle équipe avec un potentiel offensif au-dessus de la moyenne. Je fais avec les moyens du bord. A Mondorf, on a toujours joué le maintien et à Differdang­e, je n’avais guère le choix non plus. Mais si les gens disent ça, ça ne me gêne pas. Un coach est là pour mettre les meilleurs joueurs au meilleur endroit sur le terrain.

Peut-être qu’il y a un potentiel offensif à Strassen, mais l’urgence du résultat passe avant tout, non?

Si je vois les buts que Strassen a inscrits jusqu’à présent, je me dis que le potentiel offensif doit être bien caché. Les choses ont très bien tourné la saison dernière pour eux.

Dans cette situation, une équipe a presque autant besoin d’un psychologu­e que d’un coach, non?

Oui, il faut retrouver la joie de jouer au football et de se retrouver quatre à cinq fois par semaine. L’envie, la confiance, c’est ça qui nous fera avancer.

On peine à comprendre comment une équipe qui paraît bien équilibrée

peut en arriver là. Quel est votre diagnostic?

C’est difficile de répondre à ça. Mais quand tu enchaînes les mauvais résultats et que tu ne marques plus, ta confiance est entamée. Je suis toujours en train de découvrir les joueurs et de chercher le mélange idéal pour les trois prochaines échéances.

Reprendre une équipe en cours de saison, ce n’est jamais l’idéal. Comment voyez-vous la chose?

Je ne l’ai fait qu’une fois mais j’étais l’adjoint, ce qui n’est pas pareil. Je connaissai­s la maison et l’équipe. Ici c’est autre chose. Et je dois avouer que je n’ai pas suivi le championna­t comme le fait un entraîneur en poste parce que je voulais prendre du recul.

Quelles sont les premières choses qu’un entraîneur souhaite ajuster quand ça ne tourne pas du tout?

D’abord travailler sur le mental. Il faut faire comprendre aux gars qu’il ne faut pas vivre dans le passé mais qu’en même temps, ils n’auraient pas signé de tels résultats sans qualité. La saison dernière, ça n’intéresse plus personne. La vérité du moment, c’est que l’équipe est barragiste et ne compte que deux points d’avance sur le dernier. On doit s’y mettre et ça ne se fera pas sans remise en question.

De plus en plus d’équipes sont concernées par le maintien en BGL Ligue. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose pour Strassen?

Une bonne. Ça veut dire qu’à part les deux premières équipes, tout le monde peut battre tout le monde.

Dimanche, c’est Mondercang­e. Un promu qui n’est pas facile à manoeuvrer, si?

Absolument. C’est une équipe avec pas mal de qualités offensives et un joueur qui peut débloquer un match à chaque instant. Il y a de la présence dans les duels et énormément de travail sans ballon. L’équipe est bien en place sans faire de folie.

Il reste trois matchs, combien de points Strassen doit-il prendre pour passer l’hiver au chaud?

De préférence neuf. Mais ce premier match sera très important. Il faut le déclic pour que tout soit plus facile ensuite.

Puis il y aura aussi un rendez-vous en Coupe de Luxembourg face à Mondorf…

Oui mais ça ce sera pour le printemps…

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