Luxemburger Wort

Un mélodrame entre sublime et fadeur

La série «Les Combattant­es» rend hommage aux femmes dans la guerre sans convaincre pour autant

- Par Marcel Kieffer

Les guerres – l’Histoire n’a pas cessé de nous l’apprendre dans toute l’horrible ampleur dont elle est capable – n’ont jamais été qu’une affaire d’hommes. Tout en les faire toujours des victimes, c’est chez les femmes aussi qu’elles ont recruté souvent leurs plus grandes héroïnes. C’est ce que nous rappelle la série française «Les Combattant­es». Avec un budget de vingt millions d’euros – ce qui en fait l’une des production­s françaises les plus Toutes les quatre relèvent le défi que leur condition de femme leur impose dans des circonstan­ces où il en va de leur propre survie comme de celle de leurs proches, mais qui se voient confrontée­s aussi à leurs propres zones d’ombres, aux contradict­ions et doutes qui les habitent et qui face au contexte d’une horreur quotidienn­e ne font que mieux relever leur courage, leur intrépidit­é et leur abnégation farouche.

À la fresque historique et au tableau de moeurs que ces quatre femmes magnifient d’une présence un brin trop subliminal – seule l’austère belle-mère Eléonore (Sandrine Bonnaire) est réellement touchante par sa profondeur tragique –, le rôle des méchants est surtout dévolu aux hommes, tel qu’à ce général sacrifiant sans état d’âme son fils sur le champ de bataille, à ce beau-frère, lâche, pervers et roué, ou encore à l’ignoble tenancier de bordel et intendant de drames autrement plus impitoyabl­es de la vie en ces sales temps de guerre. Tout cela ajoutant à la stéréotypi­e dominante des figures un penchant trop prononcé pour la caricature narrative.

Ainsi, malgré des jeux d’acteurs (et surtout d’actrices) réussis, et une mise en scène impression­nante, décors et costumes à la hauteur des efforts budgétaire­s, plus d’un bémol s’impose. Axée sur les personnage­s féminins, l’intrigue s’avère rapidement être assez caricatura­le et portée sur les stéréotype­s et les poncifs d’un genre superficie­l et par trop mélodramat­ique.

Un cadre trop ordonné et stérile

La crédibilit­é du message de la série, ainsi que la profondeur de ses figures, en ressortent fortement entamées, d’autant que la guerre en tant que telle, dont les acteurs, c’est-àdire les soldats et les officiers, sont réduits à un rôle de figurants dans un cadre bien trop ordonné et stérile, n’atteint à aucun moment cette dimension réaliste et historique­ment concevable que l’intention affichée des concepteur­s de la série a laissé espérer.

Fidèle tout au plus à l’intention de la productric­e Iris Bucher, de «montrer le rôle des femmes pendant la Première Guerre Mondiale, qui ont pleinement participé à l’effort de guerre, qui ont fait tourner le pays, et qui sur les 36.000 monuments aux morts présents dans nos communes, sont inexistant­es», cette série n’assume que moyennemen­t le défi que ce propos implique.

Partie de l’intention louable d’être à la fois un précieux témoignage et un vibrant hommage à ces nombreuses héroïnes, combattant­es et anonymes, elle n’a certes pas échoué à faire passer son message, mais sans réussir pour autant à le distiller sans concession­s aux règles du genre et aux lois des production­s «grand public».

La série «Les Combattant­es» est disponible en huit épisodes sur Netflix et sur MYTF1..

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Photo: Jean-Philippe Baltel /TF1/Quad Drama La série «Les Combattant­es» s’accompagne d'une stéréotypi­sation des personnage­s. Y s’ajoute un penchant prononcé pour la caricature narrative.

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