Un mélodrame entre sublime et fadeur
La série «Les Combattantes» rend hommage aux femmes dans la guerre sans convaincre pour autant
Les guerres – l’Histoire n’a pas cessé de nous l’apprendre dans toute l’horrible ampleur dont elle est capable – n’ont jamais été qu’une affaire d’hommes. Tout en les faire toujours des victimes, c’est chez les femmes aussi qu’elles ont recruté souvent leurs plus grandes héroïnes. C’est ce que nous rappelle la série française «Les Combattantes». Avec un budget de vingt millions d’euros – ce qui en fait l’une des productions françaises les plus Toutes les quatre relèvent le défi que leur condition de femme leur impose dans des circonstances où il en va de leur propre survie comme de celle de leurs proches, mais qui se voient confrontées aussi à leurs propres zones d’ombres, aux contradictions et doutes qui les habitent et qui face au contexte d’une horreur quotidienne ne font que mieux relever leur courage, leur intrépidité et leur abnégation farouche.
À la fresque historique et au tableau de moeurs que ces quatre femmes magnifient d’une présence un brin trop subliminal – seule l’austère belle-mère Eléonore (Sandrine Bonnaire) est réellement touchante par sa profondeur tragique –, le rôle des méchants est surtout dévolu aux hommes, tel qu’à ce général sacrifiant sans état d’âme son fils sur le champ de bataille, à ce beau-frère, lâche, pervers et roué, ou encore à l’ignoble tenancier de bordel et intendant de drames autrement plus impitoyables de la vie en ces sales temps de guerre. Tout cela ajoutant à la stéréotypie dominante des figures un penchant trop prononcé pour la caricature narrative.
Ainsi, malgré des jeux d’acteurs (et surtout d’actrices) réussis, et une mise en scène impressionnante, décors et costumes à la hauteur des efforts budgétaires, plus d’un bémol s’impose. Axée sur les personnages féminins, l’intrigue s’avère rapidement être assez caricaturale et portée sur les stéréotypes et les poncifs d’un genre superficiel et par trop mélodramatique.
Un cadre trop ordonné et stérile
La crédibilité du message de la série, ainsi que la profondeur de ses figures, en ressortent fortement entamées, d’autant que la guerre en tant que telle, dont les acteurs, c’est-àdire les soldats et les officiers, sont réduits à un rôle de figurants dans un cadre bien trop ordonné et stérile, n’atteint à aucun moment cette dimension réaliste et historiquement concevable que l’intention affichée des concepteurs de la série a laissé espérer.
Fidèle tout au plus à l’intention de la productrice Iris Bucher, de «montrer le rôle des femmes pendant la Première Guerre Mondiale, qui ont pleinement participé à l’effort de guerre, qui ont fait tourner le pays, et qui sur les 36.000 monuments aux morts présents dans nos communes, sont inexistantes», cette série n’assume que moyennement le défi que ce propos implique.
Partie de l’intention louable d’être à la fois un précieux témoignage et un vibrant hommage à ces nombreuses héroïnes, combattantes et anonymes, elle n’a certes pas échoué à faire passer son message, mais sans réussir pour autant à le distiller sans concessions aux règles du genre et aux lois des productions «grand public».
La série «Les Combattantes» est disponible en huit épisodes sur Netflix et sur MYTF1..