Justice cabossée – Démocratie en péril
Réfléchissons sur le «Jury populaire d'assises», qui existe déjà au Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne et est en discussion en France
Le Luxembourg a probablement engrangé un nouveau record mondial, certes différent de celui du bien-être et bien-vivre, humaniste en plus, jetant à l’ombre le record mondial du «Overshoot Day», remporté la semaine passée. De fait, une peine de 30 ans de prison ferme, sans possibilité de réclusion conditionnelle, et en surcroît 32 000 euros de frais de justice, ont été décidés par le pouvoir judiciaire, à charge de Sarah B., la maman du bébé Bianka, qui a trouvé la mort en juillet 2015. Sarah, 32 ans à l’époque du crime, chargée d'une personnalité complexe, était déjà mère de six autres enfants, dont cinq lui avaient été retirés par le Service central d’assistance sociale (SCAS) et placés dans des familles d’accueil. Face à ce drame, largement porté par les médias, laissons du souffle à la philosophie de Wilhelm Friedrich Nietzsche: «L’Etat est le plus froid des monstres froids. On a toujours à défendre les forts contre les faibles.» Il n’y a pas de poison plus toxique que la doctrine de l’égalité, prêchée par la justice elle-même.
Jean de la Fontaine, auteur du XVIIIe siècle, plagiaire du poète grec Esope le Phrygien,
VIIe siècle avant JC) renchérit: «Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de la cour vous rendront blanc ou noir.»
Aucun doute que devant ce mur législatif, érigé et bétonné par des paragraphes juridictionnels tranchants, notre vision éthique prendrait une autre tournure. Si Sarah était née sous une étoile plus favorable, le verdict du jury aurait été différent et probablement plus réconciliateur. Fantasmons qu’un jury populaire grand-ducal aurait acquitté cette maman folle de douleur et de haine contre soi-même et ses congénères!
L’occasion est trop belle pour rebondir face à cette sentence juridique inhabituelle, qui par malheur fait jurisprudence, sur un dévoiement de la démocratie, celle-ci participative à tous les étages étatiques et municipaux. Il y a de la place pour condamner les absences d’oppositions solides et sincères. Des voix qui se lèvent pour fustiger les 51 % qui règlent la vie des 49 % ... Quelle aubaine pour animer le combat électoral qui s’annonce par un forfait pareil. Faire participer les citoyens à la chose publique en matière judiciaire, serait éliminer un angle mort, et ce par un regard d’effet miroir inversé. Cet angle mort a sa clé d’explication: Nos démocraties libérales risquent une rupture sournoise de devenir des «libératures» Deux faces sur une seule médaille.
Réfléchissons sur le «Jury populaire d'assises», qui existe déjà au Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne et est en discussion en France, sans oublier la Suisse, exemplaire dans le cadre de cette philosophie. Restaurer l’institution judiciaire la plus démocratique qui soit est celle du jury populaire, prônent entre autres des leaders politiques de certains pays nordiques, qui ont acquis une solide expérience en matière de participation citoyenne judiciaire.
Imaginons un scénario: Une quidam luxembourgeoise Sarah B. et le comédien français Pierre Palmade, celui qui a fait rire des millions de téléspectateurs, dans le box des accusés, pour homicide, devant un jury populaire de 12 ou plus. Le verdict reste à deviner au lecteur. Provocation? A peine ... Lucien Schumacher,
Mondorf-les-Bains