John Cale, l’irréductible Gallois
L’alerte octogénaire est venu défendre son dernier album, «Mercy», à Dudelange en s’autorisant quelques bonds dans le passé
John Cale aura bientôt 81 ans. L’artiste est à la tête d’un patrimoine musical d’une extrême profondeur, d’une rare beauté et d’une folle diversité. Il pourrait s’en délecter au fil des tournées mais ce serait mal connaître l’homme qui vit avec son temps. Qui tend l’oreille pour capter un son qu’il mâchouille avant de le restituer à sa façon. Pur ou passé à la machine. Car rien ne l’effraie. Surtout pas les nouvelles technologies qu’il embarque avec lui dans son laboratoire ambulant.
Homme du présent
L’écoute de son dernier opus, «Mercy», ne laisse pas place au doute. Cale est un homme du présent. Il avait écrit la majeure partie de cet album lorsque la pandémie l’a freiné. Et lorsqu’il voulut reprendre les choses là où il les avait laissées, ça lui semblait déjà suranné. Il s’est alors tourné vers de jeunes artistes pour redonner une autre texture à ses chansons. La Californienne Weyes Blood par exemple, les Londoniens de Fat White Family aussi ainsi que les Américains d’Animal Collective, sculpteurs et découpeurs de sons comme papy John.
Sur scène, Cale s’est entouré de trois musiciens. Son fidèle guitariste Dustin Boyer, le bassiste philippin Joey Maramba et le batteur Alex Thomas, que l’on a déjà vu au côté de Air, de Block Party ou encore d’Anna Calvi. Le Gallois ne fait pas de chichi. Il salue poliment les quelque 300 spectateurs venus l’écouter, se place derrière son synthétiseur, remercie la foule à trois ou quatre reprises, s’en va après une bonne heure de concert puis revient pour un rappel en redonnant rendezvous. Car rien n’indique qu’il s’agisse d’une tournée d’adieu. Sa voix est un peu plus tremblotante que jadis mais reste juste. Il use d’un pense-bête au cas ou sa mémoire le trahirait et jette de temps en temps un coup d’oeil vers ses acolytes mais il en faut peu pour que ces quatre-là se trouvent.
Le Britannique a fait de «Mercy» l’élément pivot d’un concert débuté par «Jumbo (In Tha Modern World)» sorti en 2006. Le chanteur a de quoi faire. Il piochera de-ci, de-là dans sa riche discographie de 17 albums composés tout au long de ses 57 ans de carrière.
Le premier moment fort de la soirée arrivera dès le deuxième morceau avec «Moonstruck», petite pépite dans laquelle il rend hommage à Nico avec qui il a collaboré au sein du Velvet Underground et avec qui il eut une brève relation. Le profil du mannequin allemand qui se fait face à elle-même apparaît sur l’écran géant disposé derrière le groupe. Cale estimait qu’il était temps de combler ce vide en écrivant un morceau pour elle.
L’hôtel des coeurs brisés
Le temps de faire un crochet par 1998 avec le sépulcral «Rosegarden Funeral of Sores» sur lequel il ressort une voix d’outre-tombe et Cale revient avec le titre éponyme de sa der