Luxemburger Wort

Une lueur d’espoir pour le Belge Olivier Vandecaste­ele

Une décision de la Cour constituti­onnelle laisse entrevoir une possibilit­é de libération pour le travailleu­r humanitair­e

- Par Max Hellef (Bruxelles) Photo : AFP

C’est le soulagemen­t. Depuis vendredi dernier et le rejet de la Cour constituti­onnelle, une lueur d’espoir éclaire le sort d’Olivier Vandecaste­ele, cet humanitair­e belge détenu dans les geôles iraniennes depuis le 24 février 2022.

Depuis un an, Olivier Vandescast­eele est le jouet d’un chantage odieux. Téhéran le retient en otage dans des conditions de détention particuliè­rement pénibles avec pour objectif de l’échanger contre un certain Assadolah Assadi, diplomate iranien condamné en 2021 par la justice belge pour un projet d’attentat terroriste perpétré trois ans plus tôt contre un rassemblem­ent de l’opposition iranienne, à Villepinte près de Paris.

La Cour constituti­onnelle a rejeté le recours en annulation

En juillet 2022, la Chambre avait approuvé un traité permettant le transfèrem­ent de prisonnier­s entre la Belgique et l’Iran. Mais le texte avait immédiatem­ent braqué certains partis d’opposition, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, opposition en exil) et plusieurs personnali­tés internatio­nales. Il était clair pour ceux-ci que la Belgique cédait au chantage de la république des Mollahs, coutumière des prises d’otages à des fins de politique internatio­nale. Ils avaient introduit un recours contre le traité. De son côté, l'Iran avait alourdi la peine de prison d'Olivier Vandecaste­ele,

passant ainsi de 28 à 40 ans de détention auxquels devraient s'ajouter 74 coups de fouet.

Après un long suspense, la Cour constituti­onnelle a rejeté vendredi ce recours en annulation. Une condition toutefois : si le gouverneme­nt décide de faire appliquer le traité, il devra en informer les victimes de manière à ce que celles puissent faire contrôler la légalité du transfèrem­ent par le tribunal de première instance. Ce sera à ce dernier, dit la Cour, de décider s’il y a inconstitu­tionnalité non pas du traité, mais de son applicatio­n.

Le Conseil national de la résistance iranienne et les autres plaignants qui sont allés devant la Cour constituti­onnelle ont déjà annoncé qu’ils feront usage du « droit de revenir devant le tribunal pour empêcher la libération de ce terroriste ».

La bataille pour Vandecaste­ele n'est pas gagné

La bataille pour la libération d’Olivier Vandecaste­ele n’est donc pas gagnée. Mais l’arrêt de la cour apporte son lot d’espoir au Belge et à tous ceux qui luttent depuis des mois pour l’arracher à ses geôliers. Le gouverneme­nt De Croo a fait savoir dans la foulée qu’il allait « finaliser » le traité.

Ces derniers mois, les soutiens d’Olivier Vandecaste­ele ont mené un intense lobbying auprès du monde politique. Une pétition d’Amnesty Internatio­nal a recueilli quelque 200.000 signatures. Les médias ont embrayé. Un ballet diplomatiq­ue s’est installé entre Bruxelles et Téhéran. Le 1er mars, Alexander De Croo s’est encore s’entretenu avec le président iranien Ebrahim Raïssi.

Reste à savoir dans quelle mesure l’État de droit, et accessoire­ment la morale, sortiront saufs de cette affaire. Il est clair que la libération d’Olivier Vandecaste­ele ne pourra avoir lieu qu’en échange de celle d’un homme reconnu par la justice comme auteur d’actes terroriste­s. Elle équivaudra à reconnaîtr­e qu’un pays démocratiq­ue n’a eu ici d’autre choix que de céder aux pressions d’un Etat voyou. Cela, alors qu’en ce moment-même se déroule à Bruxelles le procès de terroriste­s présumés inféodés à Daech.

Les soutiens d’Olivier Vandecaste­ele appellent au réalisme. « Il y a suffisamme­nt d’exemples de non-respect du droit, y compris du droit belge », souligne dans les colonnes du „Soir“Philippe Hensmans, directeur de la section francophon­e d’Amnesty Belgique. Il ajoute : « (Mais) les Iraniens doivent comprendre que leur crime ne restera pas impuni ».

Il y a suffisamme­nt d’exemples de nonrespect du droit, y compris du droit belge Philippe Hensmans, directeur de la section francophon­e d’Amnesty Belgique dans le „Soir“.

 ?? ?? Une manifestan­te tient un portrait et une bougie lors d'une manifestat­ion pour demander la libération du travailleu­r humanitair­e belge Olivier Vandecaste­ele, qui est détenu en Iran, le 26 février 2023 à Bruxelles.
Une manifestan­te tient un portrait et une bougie lors d'une manifestat­ion pour demander la libération du travailleu­r humanitair­e belge Olivier Vandecaste­ele, qui est détenu en Iran, le 26 février 2023 à Bruxelles.

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