Pour l’amour de dEUS
Le groupe anversois a fait preuve d’audace pour lancer sa nouvelle tournée ce mercredi à la Rockhal avec en fil rouge un dernier album diversement apprécié
Barman, merci pour la tournée! Quatre ans qu’on en attendait une «officielle» après celle des vingt ans de l’album majeur «The Ideal Crash». Mercredi, c’était la fête à «How To Replace It», le dernier né du combo anversois. Le huitième album studio depuis une trentaine d’années. Le patron a ainsi relancé la machine au côté de ses quatre acolytes et a choisi la Rockhal pour essuyer les plâtres. «Le Luxembourg est un endroit stratégique pour nous. Il permet à nos fans de l’ouest de l’Allemagne et de l’Est de la France de venir nous voir», confiait le batteur Stéphane Misseghers.
Il a parfois fallu mettre un peu d’huile dans les rouages. Pour un rodage, le groupe belge s’en est toutefois sorti avec distinction malgré une guitare récalcitrante sur le deuxième morceau, un ingénieur du son aux retours mis à contribution par le boss et quelques apartés pour ajuster la mire. Qui oserait leur en tenir rigueur pour un premier jet? Pas grand-monde vu l’enthousiasme qui s’est propagé dans un Club rempli à ras bord pour cette première date d’une longue série de 30. La ruée sur les places belges a même poussé certains à traverser tout le Royaume pour se délecter de leur nectar favori.
Pawlowski et ce supplément d’âme
dEUS n’est pas venu les mains vides à Belval. Il a pris dans ses bagages les jeunes sauvageons de Meltheads et leur rock garage un peu foutraque. Guitares hurlantes, distorsions, réverbération, on a senti un énorme potentiel mis en relief par une énergie et une présence scénique de tous les instants. Les choses n’ont pas traîné ensuite. Avec cinq minutes d’avance sur l’horaire annoncé, dEUS a déboulé avec un Tom Barman que l’on a senti particulièrement affûté et qui s’exprime volontiers et avec aisance en français.
A ses côtés, Klaas Janzoons, fidèle de la première heure, passait du violon au synthétiseur. Alan Gevaert est toujours impérial derrière sa basse, Stéphane Misseghers martyrise ses fûts et vient poser sa voix plaintive sur plusieurs morceaux alors que Mauro Pawlowski, l’homme des allers retours, apporte un supplément d’âme à un collectif que fait briller son leader.
Adulé par certains, décrié par d’autres, le dernier opus de dEUS a déchiré les critiques mais Barman et ses camarades n’ont pas leur pareil pour sublimer les morceaux en live. A commencer par le titre éponyme qui a lancé les hostilités à la Rockhal. Quelques accords ont suffi pour comprendre que le groupe n’avait rien laissé au hasard et que le côté pointilleux de Barman transpirait comme jamais sur scène.
Neuf des 12 morceaux de cette dernière galette se sont retrouvés au menu, soit exactement la moitié d’un concert qui a duré une centaine de minutes. On retiendra l’excellent single «1989», le non moins bon «Must Have Been New» qui a rappelé que dEUS excellait dans l’art de franchir le mur du son avec les quatre musiciens parfaitement alignés. Les titres plus intimistes ont offert un peu de répit au public en plein coeur de la prestation. Sans aucun doute le moment le moins fort de la soirée.
L’apothéose «Hotellounge»
A l’opposé, lorsque les Anversois sont allés picorer de-ci, de-là dans leur riche discographie, la magie a de nouveau opéré. On pense à l’indémodable «Worst Case Scenario», à l’imparable «Fell Off The Floor, Man», tiré de l’album «In a Bar, Under the Sea» trop peu revisité mercredi soir. Le génial «Roses», l’intimiste «Serpentine» ou encore la petite friandise pop «Little Arithmetics» ne figurent plus au programme et ont laissé la place à d’autres «vieilleries» que l’on avait peut-être moins l’habitude d’entendre en concert.
On épinglera le très francophone «Quatre Mains» issu de l’album «Following Sea», le crépusculaire «Sun Ra» et l’incontournable «Instant Street» que le groupe ne manque jamais l’occasion d’interpréter. Le temps de souffler deux minutes et le rappel nous ramenait aux origines du bien. A ce qui restera à jamais comme un marqueur fort dans l’histoire de la musique belge avec «Hotellounge». Peut-être le meilleur du meilleur de dEUS. A coup sûr celui qui a marqué les esprits mercredi si l’on en juge par la réponse d’un public qui reste nostalgique des anciens morceaux. Comme souvent d’ailleurs…
Adulé par certains, décrié par d’autres, le dernier opus de dEUS a déchiré les critiques.