De moins en moins seul sur le sable
Italia Beach Soccer a intégré l’équipe nationale luxembourgeoise à deux de ses prestigieux tournois estivaux pour promouvoir un peu plus la discipline au Grand-Duché
Il remue ciel et terre depuis neuf ans pour faire entendre sa voix. Julien Steinmetz est la cheville ouvrière du beach soccer au Luxembourg. Il a fait émerger la discipline au pays, s’est retrouvé coach, joueur et dirigeant. Aujourd’hui, le Français s’est mué en lanceur d’alertes.
Le football de plage va prendre une autre dimension au Grand-Duché. Grâce notamment à Maurizio Iorio. L’ancien joueur professionnel de football, actif dans une douzaine de clubs à partir du milieu des années 70 jusqu’en 1993, est président d’Italia Beach Soccer (IBS), la plus prestigieuse des ligues au monde.
Sans infrastructure
L’ancien attaquant italien, passé notamment par l’Inter et l’AS Roma est devenu consultant à ses heures mais est aussi tombé dans la potion magique du football de plage à l’heure de son épanouissement. Lorsque les stars brésiliennes sur le retour défiaient les Eric Cantona et autres Julio Salinas à Miami Beach ou à Copacabana.
La discipline s’est structurée depuis et la FIFA l’a prise sous son aile au coeur des années 2000. C’est le premier contraste avec le Luxembourg où l’équipe nationale de beach soccer vole de ses propres ailes. Il y a bien eu une prise de contact, une aide matérielle mais ça s’est arrêté là. La FLF a d’autres chats à fouetter et les amoureux du sable, des contrôles de balles à mi-hauteur et des ciseaux devant le but adverse se débrouillent comme des grands.
Le chantier n’est pas mince car le premier problème qui se pose concerne les infrastructures. «Pour motiver les joueurs, il faut pouvoir pratiquer la discipline au pays. Il y a bien un terrain à Cessange, mais il est occupé par le beach-volley. Pour s’entraîner, il faut procéder à quelques aménagements. Et pour jouer un match officiel, il faut s’exporter», explique Julien Steinmetz.
Les invitations tombent au compte-gouttes depuis des années. Tantôt émanent-elles de la Grande Région, tantôt d’un pays étranger qui sait qu’il n’y aura pas de retour. Jusqu’à ce que Maurizio Iorio prenne le dossier sous son bras. «J’ai vu l’équipe nationale à quatre reprises et j’ai vite compris qu’elle était bonne. Vraiment! Il fallait l’intégrer à la Ligue», justifiait Iorio.
En Egypte et en Italie
Le grand saut, c’est pour demain! L’IBS va là où le sable frémit de bonheur à l’idée d’être piétiné par ces sportifs à part entière. Du Brésil à la Malaisie en passant par l’Europe, le beach soccer se glisse dans les interstices laissés par le football traditionnel et attire les foules. Ils sont parfois plus de 10.000 dans les gradins au Brésil pour applaudir ces virtuoses.
Le Luxembourg, lui, débutera par deux tournois internationaux. Le premier du 18 au 25 juin à Charm el-Cheikh en Egypte pour y défier la sélection locale, l’Italie et le Brésil puis le second au sud d’Ancône où s’expliqueront la Squadra, la Suisse, l’Argentine, la Gambie et l’Albanie.
Cette bénédiction va obliger l’équipe nationale luxembourgeoise à travailler d’arrache-pied pour faire bonne figure. «C’est un jour que l’on attendait depuis longtemps», concédait Julien Steinmetz à l’occasion d’une conférence de presse organisée au Loft de Contern.
«On ne dispose pas d’un vivier très large mais je poursuis ma quête permanente de joueurs en me rendant à des matchs de divisions inférieures au pays. Les joueurs de BGL Ligue et de PH ont trop de contraintes pour nous rejoindre. Il faut des qualités techniques et physiques. Je fonctionne souvent au coup de coeur.»
Ils sont une dizaine à former le noyau dur d’une sélection entraînée par Mikaël Spezzacatena. Avec l’aide de petits sponsors, le binôme que forment le coach et son président tente de réveiller les consciences car il faut financer les déplacements. Ce sera la seule contrainte pour se rendre en Egypte. Pour le reste, l’IBS s’occupe de tout.
La Ligue italienne a les reins solides avec la puissante Sky Sport qui soutient la discipline. Loin de ce mode de fonctionnement, le beach soccer avance toujours de manière indépendante au Luxembourg en attendant de peut-être repasser un jour à table avec la FLF. Un championnat autochtone n’est sans doute pas pour demain, mais Julien Steinmetz rêve en grand. «C’est mon but ultime avec celui d’avoir un complexe dédié à la discipline. Un peu comme le Loft. Où l’on pourrait s’entraîner et susciter des vocations. Car j’ai aussi envie d’initier des jeunes à ce sport.»
La main tendue par l’IBS pourrait être un accélérateur de particules pour que ces artistes se sentent de moins en moins seuls sur le sable.