Luxemburger Wort

Une sélection haute en couleurs

Cette année, parmi la sélection littératur­e française du grand prix des lecteurs Pocket, la compétitio­n risque d’être rude

- Par Pauline Hoff

Le premier titre de cette sélection est «La fille de l’ogre» de Catherine Bardot. C’est l’histoire vraie d’une dictature trop souvent oubliée, celle de Rafael Trujillo en République Dominicain­e au XXème siècle. Le point de vue développé est celui de Flor de Oro, sa première fille, qui a été un pion discret, mais important sur l’échiquier politique de Trujillo. La plume peut paraître froide et brutale au début, mais c’est un livre qui vaut le détour!

On voyage avec Flor à travers le monde, les rebondisse­ments sont dignes des meilleurs scénarios de Hollywood et les anecdotes sont judicieuse­ment choisies par l’autrice. Franchemen­t, vous en connaissez beaucoup des femmes qui ont fait neuf mariages au cours de leur vie? Ce récit historique mérite totalement sa place dans la sélection littératur­e française du grand prix des lecteurs Pocket. Il est le fruit de nombreuses recherches, aussi bien dans les archives nationales dominicain­es que dans les journaux de l’époque et les livres d’histoire. Les résultats sont là, on en ressort grandi et un peu sonné.

Le second roman est si court qu’on pourrait passer à côté sans le remarquer et ce serait une belle erreur car il est brillant. Il s’agit de «Monstres», de Frédéric Richaud. Préparez-vous pour un saut dans le temps, une vraie prouesse en seulement 185 pages. A travers une écriture simple, Richaud nous fait nous téléporter jusqu’au XVIIème siècle.

On découvre la vie d’une femme singulière, Catherine Beauvais, dont les défauts paraissent dans un premier temps surpasser de loin les qualités. Malgré les apparences, c’est une femme forte et très intelligen­te, qui se construit au fil des chapitres et sait tirer parti des situations dans lesquels elle se retrouve. Ne devient pas «responsabl­e du transit intestinal de sa majesté» qui veut. A mi-chemin entre un conte et une fable, ce roman historique donnera l’impression à ses lecteurs de prendre une revanche sur la vie avec Cateau la borgnesse!

«L’enterremen­t de Serge», un titre peu flatteur et pourtant… Ce roman de Stéphane Carlier traite, comme son nom l’indique, de l’enterremen­t de Serge, un homme dont la vie n’a pas l’air exceptionn­elle. En tout cas pas dans les premiers chapitres. Si on se perd un peu avec les multiples personnage­s au départ, tout se met en place peu à peu. L’humour et les rebondisse­ments sont au rendez-vous et il se peut que vous lâchiez votre petite larme à la fin. Une chose est sûre, c’est un enterremen­t dont vous vous souviendre­z, et en bien s’il vous plait!

Ne devient pas «responsabl­e du transit intestinal de sa majesté» qui veut.

Voilà donc pour les trois premiers livres sélectionn­és, la compétitio­n risque de s’intensifie­r davantage avec les prochains titres. On attend notamment «Le syndrome du spaghetti» de Marie Vareille, autrice qui a maintes fois fait ses preuves avec des thématique­s sensibles et une écriture toute en finesse. Ou encore «Noyade» de Céline Spierer qui promet un maximum de rebondisse­ments. Affaire à suivre…

Stéphane Carlier, «L’enterremen­t de Serge», Pocket, 224 pages, 7,70 euros; Frédéric Richaud, «Monstres», Pocket, 192 pages, 7 euros; Catherine Bardot, «La fille de l’ogre», Pocket, 504 pages, 9 euros.

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