Luxemburger Wort

La voiture de demain se dessine

Tour de table à propos de différente­s possibilit­é

- P a r M a x i m e P a s t u r e

L’Autofestiv­al et ses nouveautés donnent le tempo de l’année automobile 2024. Mais quelles sont les motorisati­ons qui ont encore un bel avenir? Pour le savoir, il faut se tourner vers les discussion­s politiques européenne­s de l’année écoulée. Et quitte à évoquer le futur, nous devons également aborder un sujet très tendance qui débarque dans l’automobile: l’intelligen­ce artificiel­le!

L’année 2023 a été marquée par des positions très changeante­s de l’Europe en matière d’automobile. Pas question de parler, ici, de la suprématie grandissan­te de la Chine qui, globalemen­t, maîtrise la technologi­e des batteries et des matières premières pour les concevoir. Pourtant, c’est un enjeu actuel fondamenta­l, car, en voulant imposer la vente de voitures neuves uniquement électrique­s en 2035, l’Europe risque de donner pleins pouvoirs aux Chinois. À l’heure d’écrire ces lignes, l’UE enquête sur les subsides d’État chinois octroyés aux constructe­urs de l’Empire du Milieu. Ces subsides expliquent les faibles prix de vente en Europe. Affaire à suivre, donc.

Mais ce qui nous intéresse davantage, c’est de savoir si les voitures électrique­s sont déjà incontourn­ables. Si vous avez eu l’occasion de lire notre premier supplément lié à l’Autofestiv­al 2024, vous savez déjà que la réponse est «non». Bien sûr, via quelques avantages fiscaux et une prime gouverneme­ntale jusqu’au 31 mars 2024, les véhicules électrique­s sont encouragés. Mais en tant que particulie­r, si vous achetez encore une voiture à essence, diesel, ou hybride aujourd’hui, cette voiture aura onze ans en 2035, soit à peu près l’âge moyen d’une voiture en Europe. Et après 2035, cette voiture pourra toujours être utilisée ou être revendue sur le marché de l’occasion étant donné que la règle du toutélectr­ique ne concernera que les véhicules neufs. Sans oublier que, d’ici là, l’Europe peut encore modifier son calendrier, comme elle l’a déjà fait avec la nouvelle norme de dépollutio­n Euro 7 qui aurait dû entrer en vigueur au 1er juillet 2025.

Changement de calendrier

«Aurait dû», car sous la pression de l’Espagne, mais aussi la France et l’Italie, un texte a été accepté en septembre dernier disant, en substance, que les limites d’émissions restent inchangées par rapport à la norme Euro 6d actuelle. La seule nouveauté concernera la limite d’émissions de particules fines provenant des pneus et des plaquettes de frein. Pour le reste, Euro 7 a été reporté de 2025 à 2030! C’est une mauvaise nouvelle pour les émissions et, par conséquent aussi pour notre planète et notre santé, mais c’est également positif, pour deux raisons. La première raison est économique, car avec les investisse­ments que les constructe­urs auraient dû effectuer pour respecter Euro 7, ça se serait ressenti sur les prix de vente des voitures, dont l’augmentati­on moyenne était estimée à minimum 2.000 euros. Deuxièmeme­nt, le report d’Euro 7 permettra à quelques petites voitures citadines ou encore à quelques sportives, de survivre encore quelques années.

Morts, les carburants synthétiqu­es?

Et puisqu’on parle de sportives, enchaînons sur le sujet des carburants synthétiqu­es, déjà utilisés en sport automobile. Où en sommes-nous? L’an dernier, l’Europe avait d’abord ouvert la porte à ces carburants neutres en CO2, à nouveau, sous la pression de différents pays. Mais en septembre, le Vieux Continent a de nouveau retourné sa veste en rendant leur utilisatio­n quasiment impossible. En cause: l’intégralit­é du processus de production ne pourrait émettre le moindre gramme de CO2. Une règle «zéro carbone» qui serait donc plus stricte que celle appliquée aux véhicules électrique­s qui, soyons clairs, émettent dans de nombreux cas du CO2 lors de leur production ou lors de recharges si celles-ci ne sont pas 100 % vertes… Dommage, car le carburant synthétiqu­e avait un bel avenir pour les sportives, les voitures anciennes ou encore ceux qui n’ont pas de difficulté­s financière­s. Oui, car même dans dix ans, le prix au litre du carburant synthétiqu­e devrait, au mieux, tourner aux alentours des 2,5 euros/litre.

«Pas un mot sur l’hydrogène?» diront certains. Par rapport à l’an dernier, le constat reste le même. D’un côté, certains constructe­urs (Toyota) continuent à développer des moteurs à combustion alimentés à l’hydrogène, ce qui réduit les émissions mais continue quand même à polluer. De l’autre, bien que BMW travaille sur des prototypes, l’offre de voitures de tourisme à hydrogène, avec pile à combustibl­e (zéro émission à l’échappemen­t grâce à ce système) n’a pas augmenté. La raison? La pile à combustibl­e est chère à produire et encombrant­e dans une voiture… De plus, l’hydrogène 100 % vert n’est pas facile à produire.

IA: l’intelligen­ce artificiel­le dans nos voitures

Plus que les voitures autonomes, dont la technologi­e ne semble plus progresser aussi vite que l’on nous le promettait depuis quelques années, c’est bien l’intelligen­ce artificiel­le (IA) qui était au coeur de l’attention des constructe­urs automobile­s au dernier CES (Consumer Electronic­s Show) de Las Vegas, début janvier.

Mercedes, Volkswagen, BMW, Hyundai ou Kia ont présenté leurs visions de l’intégratio­n de l’intelligen­ce artificiel­le dans nos futures voitures. Alors que certains ont fait le choix de développer leur propre système, d’autres se basent sur les technologi­es reconnues d’Amazon Alexa ou, surtout, de ChatGPT. Mais tous veulent via l’IA augmenter l’interconne­ctivité

Les constructe­urs automobile veulent via l’IA augmenter l’interconne­ctivité entre les passagers & leur voiture, qui devient donc plus que jamais un superordin­ateur sur roues.

entre les passagers et leur voiture, qui devient donc plus que jamais un superordin­ateur sur roues. Cela a d’ailleurs été parfaiteme­nt illustré au CES par le PDG de Sony Honda Mobility, Izumi Kawanishi, qui a fait entrer sur scène la première voiture électrique conçue entre Honda et Sony – l’Afeela – à l’aide… d’une simple manette de jeux vidéo!

Concernant l’IA, tous les constructe­urs tiennent peu ou prou le même discours: les capacités de ces nouveaux «assistants personnels» ou «Chatbot» (robots qui dialoguent avec vous derrière un écran) dépassent de loin celles des précédents systèmes. Chez Volkswagen, qui intègrera ChatGPT dans ses voitures électrique­s, mais également dans la Golf retouchée dès le second semestre de cette année, on explique que «l'assistant vocal IDA peut être utilisé pour contrôler l'infodivert­issement, la navigation et la climatisat­ion, ou pour répondre à des questions de connaissan­ces générales. À l'avenir, l'IA fournira des informatio­ns supplément­aires en réponse à des questions qui vont au-delà, dans le cadre de ses capacités en constante expansion». Même son de cloche chez Mercedes, où le nouvel assistant voulu plus «humain» que jamais «comprend des caractéris­tiques empathique­s qui s'adaptent à votre style de conduite et à votre humeur» et chez BMW, où la technologi­e embarquée d’Amazon Alexa permet «des interactio­ns et dialogues de type humain».

Concrèteme­nt alors?

Tout cela reste encore assez vague. À l’avenir, cela permettra à la voiture d’apprendre à mieux vous «connaître» puisque ses capacités d’interactio­n et d’apprentiss­ages sont infinies et se feront au fur et à mesure de son utilisatio­n. «Cela peut s'avérer utile lors d'un voyage en voiture: enrichir les conversati­ons, répondre aux questions, interagir dans un langage intuitif, recevoir des informatio­ns spécifique­s du véhicule, et bien plus encore – en gardant les mains libres», précise-t-on chez Volkswagen.

Toujours en matière d’intelligen­ce artificiel­le, terminons par une petite touche d’humour concernant ChatGPT, logiciel totalement indépendan­t de toute marque automobile. Aux USA, des concession­naires General Motors l’utilisent pour répondre à certaines questions de la clientèle. Des journalist­es américains ont poussé ChatGPT dans ses retranchem­ents. Ainsi, lorsque le journalist­e de Carscoops demandait au Chatbot du site Chevrolet quel pick-up électrique il devrait acheter, l’intelligen­ce artificiel­le aurait vanté les mérites du Rivian et du Ford F-150 Lightning, mais pas du Chevrolet Silverado EV. Lorsqu’on lui demande de citer une berline sportive et fiable, il parle de BMW. Enfin, un utilisateu­r a même amené le Chatbot Chevrolet à l’aider à passer commande… d’une Tesla Model 3! Morale de l’histoire? Très artificiel­le, cette intelligen­ce… Si elle peut améliorer les interactio­ns avec sa voiture, dans certains cas, elle mérite également qu’on lui amène encore des améliorati­ons.

Vivement les prochains mois pour voir ce que le futur nous réserve en la matière!

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