Luxemburger Wort

L’appel du pied de Marc Habscheid au Luxembourg

L’ancien joueur profession­nel de hockey sur glace, dont les parents sont originaire­s du Luxembourg, aimerait apporter son expertise au sport grand-ducal

- Par Christophe Nadin Des racines à Wincrange et à Dahl

Il ne fallait pas aller jusqu’à son Saskatchew­an natal pour retrouver la trace de Marc Habscheid. L’ancien joueur de NHL vit en Europe depuis deux ans. Il habite à Vienne. «Je me sens comme à la maison en Europe. Ça peut paraître étrange car j’ai grandi au Canada mais ça ne me déplairait pas d’y rester encore un bon bout de temps.»

A 60 ans, Marc Habscheid n’en a pas fini avec le hockey sur glace. L’homme est un acharné du jeu. Et encore plus du coaching. «C’est ça que je veux continuer à enseigner. L’art d’entraîner, les plans de matchs, la stratégie. C’est ma passion.» Peut-être aussi que l’une de ses dernières expérience­s sur le banc l’a refroidi. A la tête des Capitals de Vienne depuis avril 2023, il était débarqué en novembre après huit défaites consécutiv­es. Sa mission fut rendue très pénible par les nombreuses blessures qui ont décimé le groupe de l’équipe de la capitale autrichien­ne.

Pas de quoi freiner l’élan d’un roc qui scanne toutes les possibilit­és pour se relancer. «Bien sûr que j’étudierais avec plaisir la possibilit­é d’apporter mon expertise au hockey luxembourg­eois», lâche-t-il. Marc Habscheid bascule directemen­t vers les liens qui le connectent toujours au pays d’origine de ses parents. «Je suis le cousin de la maman de Tom que vous connaissez bien dans le monde sportif au Luxembourg. Je suis aussi de la famille du regretté Marc Haentges dont la disparitio­n m’a beaucoup affecté.»

Nicholas, le papa de Marc, est originaire de Wincrange, Virginia, sa maman, vient de Dahl. A 89 ans, elle vit toujours au Canada. «Après la Seconde Guerre Mondiale, ils sont venus s’installer au Saskatchew­an, pas très loin de la ville de Swift Current. Minnesota était l’autre option, mais la possibilit­é de bénéficier de terres au Canada a fait pencher la balance.» Nicholas, aujourd’hui décédé, est ouvrier agricole à Maple Creek. Il se pique au jeu du hockey en tapant dans le palet avec son patron. Très vite une patinoire de fortune prend place dans la ferme familiale et il ne faut pas longtemps pour que le jeune Marc montre des aptitudes supérieure­s à la moyenne.

«A trois ans, un voisin m’a offert des patins. Le reste appartient à l’histoire.» Et celle-ci est riche! Plus de dix ans de NHL, la référence mondiale absolue de ce sport, le célèbre maillot rouge flanqué de la feuille d’érable enfilé à maintes reprises et une présence sur le banc des entraîneur­s aux Championna­ts du monde et aux JO. La coupe est bien remplie. «C’est difficile de ressortir un seul souvenir de toutes ces années. Je choisirais cependant mes débuts en NHL avec Edmonton. Je venais d’être drafté par les Oilers. Je joue mon premier match face au Canadien de Montréal. En face de moi, il y a Guy Lafleur et Larry Robinson pour ne citer qu’eux. Je vivais un rêve éveillé.»

Au côté de Gretzky

Pétri de qualités, Marc n’était pourtant pas le meilleur de sa génération. Très vite, il va apprendre à se bonifier au contact de grands joueurs. «Peut-être encore plus qu’un match, c’est d’avoir joué au côté de Wayne Gretzky qui me rend le plus fier.» Le meilleur joueur de l’histoire de la discipline est resté un proche. «Il est aujourd’hui diffuseur. Il est resté le même homme que par le passé. Un grand monsieur d’une grande simplicité. C’est difficile sur le moment de se rendre compte du niveau auquel on joue mais

Peut-être encore plus qu’un match, c’est d’avoir joué au côté de Wayne Gretzky qui me rend le plus fier. Marc Habscheid

40 ans plus tard, tu le comprends quand tu vois que la moitié des gars de cette équipe ont été intronisés au Hall of Fame.»

Trois autres équipes de l’élite du championna­t américain accueiller­ont l’ailier droit, parfois positionné en central: les Minnesota North Stars, les Detroit Red Wings et les Calgary Flames. 345 matchs de NHL, 163 points (buts et passes décisives), ça vous pose un joueur. D’autant plus quand il épingle un titre de champion du monde avec les Juniors canadiens en 1982 et qu’il représente son pays aux Jeux Olympiques de Calgary en 1988. L’aventure sportive ne laissa pas une trace impérissab­le dans les mémoires outre-Atlantique puisqu’une quatrième place sanctionna le parcours médiocre de la nation hôte.

Marc Habscheid, lui, se souvient avec malice d’une autre anecdote. «Marc Girardelli n’était pas le seul ‘’Luxembourg­eois’’ des Jeux puisque j’avais des racines. Ça arriva rapidement aux oreilles du Grand-Duc qui m’invita ainsi que mes parents au gala en présence également de la reine d’Angleterre. C’est le plus beau cadeau que je pouvais offrir à mes parents. C’est bien la moindre des choses que je pouvais leur rendre pour tout ce qu‘ils m’ont donné.»

Marc n’en avait pas tout à fait fini avec les Jeux puisqu’à Turin, en 2006, il se retrouva coach assistant du Canada. L’une des plus grandes déceptions de sa carrière. «Quand tu disposes des meilleurs joueurs du monde et que tu finis à la septième place, c’est forcément un échec. Des petits détails font parfois la différence au plus haut niveau et ça a joué en notre défaveur.»

Toutes ces émotions et cette expérience, Marc n’a cessé de les transmettr­e. Pas à ses deux enfants qui n’ont pas fait carrière dans la discipline, mais partout où il est passé enseigner sa passion. «Je sais d’où je viens et combien mes parents ont travaillé pour nous élever sans avoir beaucoup d’argent. Ça m’a toujours tenu à coeur de transmettr­e ces valeurs.» Et s’il ne le dit que du bout des lèvres, il le pense sans doute très fort. Revenir sur la terre natale de ses parents le comblerait de bonheur.

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Photo: Christian Kemp Marc Habscheid vit en Europe. Il prend la pose ici avec le joueur des Tornado Colm Cannon.
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Foto: Getty Images En 2005, Marc Habscheid (à gauche) a coaché l‘équipe nationale canadienne comme lors de ce match à Innsbruck.

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