Luxemburger Wort

L’artisanat, plus qu'une tendance

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Depuis le début de la décennie actuelle, la crise sanitaire et l’urgence climatique ont – entre autres – sérieuseme­nt rebattu les cartes de nos modes de consommati­on. La décoration n’a pas échappé à cette tendance au coeur de laquelle l’artisanat se taille résolument la part du lion. Tenants et aboutissan­ts de nouvelles habitudes plus vertueuses et fort encouragea­ntes.

Dans le secteur de la décoration, comme dans celui de la mode, les tendances fonctionne­nt souvent par mimétisme avec l’époque et traduisent nos réflexions et angoisses les plus profondes. Ainsi, nos grands-parents ont célébré les Trente Glorieuses et l’ère du plastique – autrefois fantastiqu­e –, mettant au placard les armoires lorraines de leurs aïeux.

Puis ce sont nos parents qui ont succombé aux sirènes minimalist­es d’un design scandinave à monter soi-même, vendu en série.

Et voilà que notre génération passe désormais tous ses dimanches dans les brocantes à chercher des petites pépites d’un autre âge ou chez des petits artisans locaux en quête de pièces uniques.

En filigrane, la volonté d’un retour à des valeurs plus ancrées, plus terrestres pour nos achats pour nos pas ruiner la planète.

L’ère de la seconde main

Plus que jamais, tout un chacun aspire à se créer un petit cocon durable et éthique dans lequel il se sent bien. Exit donc les modes éphémères qui se démodent plus vite que la lumière et place à des choix raisonnés. Pour ce faire, nombreux sont ceux à faire désormais leurs emplettes pour leur maison dans les brocantes ou les vide-greniers.

Bien sûr, on y va également dans l’espoir de faire de bonnes affaires, a fortiori quand on a un budget limité, mais pas seulement. On y croise désormais des gens de tout âge et, surtout, de tout horizon social, mus par le même souci de mieux consommer, la volonté de chiner des pièces durables. Avec un petit supplément d’âme.

« Sur Instagram, tous les intérieurs se ressemblen­t. Je n’ai aucunement envie que ma décoration soit duplicable à l’infini. C’est pourquoi j’aime venir ici pour trouver des choses originales, mais surtout de qualité. Aujourd’hui, d’ailleurs je suis en quête d’un beurrier en porcelaine ou alors en cristal », explique Carole, croisée dans une brocante à la frontière française.

« Je viens régulièrem­ent dans ce genre d’endroit pour y dénicher des objets intemporel­s dont on ne se lassera pas au bout de six mois ou d’un an », renchérit Aurélie qui l’accompagne dans ses pérégrinat­ions éthiques.

Insta & vintage

Sur Instagram également, la tendance du vintage va bon train. On ne compte plus le nombre de comptes qui proposent des pièces chinées à votre place. Si tout le monde n’a pas l’oeil, les personnes qui tiennent ces pages, elles, l’ont assurément et vous trouveront des petits trésors uniques en leurs genres et d’un autre âge, qu’elles auront souvent pris le soin de rafraîchir.

Toutes proches de Luxembourg, Mademoisel­le Rétro, La Brocante des Morues ou encore La Vélo Rose proposent une sélection de pièces chinées et retapées du meilleur goût. Le coût, en revanche, peut varier du simple au double, voire plus...

La tendance crafcore : la matière au coeur Toujours dans une idée de consommer intelligem­ment et durablemen­t, une attention toute par

ticulière est également portée aux matières que l’on choisit pour son intérieur et à leur provenance. Évidemment, celles dérivées de la pétrochimi­e, suspectées d’être nocives pour la santé, sont définitive­ment proscrites.

A contrario, les matières nobles, brutes, héritées de savoir-faire ancestraux, sont plus que jamais demandées, tout comme les pièces faites à la main. C’est ce qu’on appelle la tendance craftcore, qui a fait des émules depuis son apparition, en 2020. L’objet le plus désirable du moment ? Sans aucun doute le pichet en gré.

Le standardis­é ? Out !

Ainsi, à la vaisselle standardis­ée que l’on trouve dans tous les points de vente des grandes chaînes de distributi­on, on préfère un service vintage chiné – ou encore mieux, déniché dans les placards de grand-maman –, ou des pièces uniques faites main, à l’instar des créations de Caroline PetitMason, fondatrice de Three Seven Paris.

Les savoir-faire sont vraiment mis en lumière, au détriment du « made in China », au coeur de la polémique. Dans la même idée d’ailleurs, de plus en en plus de marques proposent des cours de céramique pour créer soi-même assiettes ou carafes.

Enfin, pour preuve que cette tendance met l’humain au coeur, l’idée d’aller de plus en plus vers l’artisanat commence d’ailleurs à essaimer. Ainsi, des superstore­s de la maison et la décoration comme l’enseigne suédoise Ikea ont récemment lancé une ligne complèteme­nt destinée à l’artisanat : la collection Mävinn est ainsi constituée d’une série de pièces uniques, réalisées par des artisans locaux, à la main. L’artisanat, plus qu’une tendance : une lame de fond !

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