Luxemburger Wort

Point de basculemen­t

En BGL Ligue la tendance à voir une Jeunesse s’en sortir et un Fola sombrer n’a jamais été aussi présente qu’après ce derby indécis logiquemen­t remporté par les Bianconeri

- Par Christophe Nadin

Si la meilleure façon d’arriver à bon port est de lisser son effort, une accélérati­on soudaine est parfois bonne à prendre. Celle de la Jeunesse en ce début d’année lui permet de mieux respirer mais ça ne l’exonère pas de poursuivre son combat dès samedi prochain face au Racing et de viser la passe de trois victoires consécutiv­es. Comme en début de saison.

«Ce n’est pas parce qu’on a signé deux victoires d’affilée qu’on ne pense plus au maintien», souligne Alexis Larrière. «On sait d’où on vient, où on est et ce qu’il nous reste à faire. Chaque match sera une finale, mais on veut tout casser d'ici à la fin de saison.»

Antonio Luisi en supersub

Le milieu de terrain français fut l’un des acteurs en vue d’un derby cyclothymi­que, fait de quelques temps forts mais pollué par de trop nombreuses approximat­ions techniques. La peur ne s’est pas totalement éloignée des deux voisins.

«Ce fut un match assez fermé comme peuvent l’être les derbies. La première erreur se paie souvent cash. Je retiens le sérieux du groupe. On a fait beaucoup de kilomètres en équipe. Et le coach nous a dit à la mi-temps que la différence allait venir du banc de touche. Il a eu raison», poursuivai­t Larrière, rejoint dans l’euphorie de la victoire (1-0) par son camarade Achraf Drif, lui aussi déroutant à défaut d’avoir été décisif.

C’est ce diable d‘Antonio Luisi qui est sorti de sa boîte alors qu’il ne restait qu’une poignée de minutes à jouer pour glisser un service d’Ahmed Mogni entre les jambes d’un Emmanuel Cabral impeccable jusquelà. Entré dix minutes plus tôt à la place d’un Junior Mendes qu’il faudra revoir pour mieux le juger, le joker bianconero justifiait une nouvelle fois cette réputation de supersub qui lui colle aux basques.

«Ça m’a suivi toute ma carrière. Je sais que je reste dangereux devant le but et les adversaire­s le savent aussi. Ça fait plaisir d’aider l’équipe à remporter les trois points. J’étais malade pour le match de reprise à Rosport mais je sens que je reviens petit à petit en forme. J’ai hâte de faire oublier cette première partie de saison manquée par toute l’équipe. Rien ne roulait. J’espère que c’est en train de changer, mais quand on voit où on en était il y a deux semaines au classement, on doit poursuivre l’effort pour assurer le maintien.»

Le soulagemen­t, la joie puis la réalité comptable. Le club le plus titré du pays est revenu au coeur de ce paquet d’équipes entre deux eaux. Tout peut basculer d’un week-end à l’autre. Six points séparent le sixième, l’Union Titus Pétange, du 15e, le FC Schifflang­e. Dix équipes sur un fil tendu en route pour un exercice d’équilibris­te.

On a toutefois le sentiment que la Jeunesse est bien outillée pour jouer les funambules malgré la perte de Kévin Sommer, qui s‘est blessé à Rosport. Il lui reste toutefois une marge de manoeuvre à travers certaines performanc­es individuel­les notamment. On pense à Gonçalo Almeida, que l’on a déjà vu sous un jour meilleur. Même Emmanuel Lapierre s’est déjà montré plus à son avantage que ces dernières semaines.

Stefano Bensi fataliste

Il était moins question de performanc­es individuel­les au Fola. Il faut parfois déplorer que personne ne sorte du bois même s’il n’y avait rien d’infamant dans l’effort collectif du dernier de la classe.

«Que dois-je reprocher aux joueurs? Ils se sont bien battus. On était bien en place tactiqueme­nt mais on a du mal à se créer quelque chose. Peut-être qu’il nous manque de la qualité pour être en BGL Ligue. Quand tu vois la Jeunesse qui fait entrer Luisi et Mogni... Il faut être réaliste et ne pas croire en quelque chose qui risque de

: J’ai hâte de faire oublier cette première partie de saison manquée par toute l’équipe. Antonio Luisi, Joueur de la Jeunesse

ne pas arriver. On essaie tout mais on se fait avoir. Ils viennent une fois en deuxième mi-temps et c’est but. Nous, on a perdu des armes offensives cet hiver et ça se voit», déclarait un rien fataliste Stefano Bensi.

La pépinière est toujours bien vivace. Daniel Freitas, 19 ans, a envoyé des signaux positifs en milieu de terrain et le jeune Idney Melo, 16 ans, est rempli de promesses. Mais ça risque d’être un peu juste dans une bataille qui va demander du vécu et du vice.

«Il reste 13 matchs. Mentalemen­t, c’est difficile quand tu sors d’un derby perdu et

que d’autres candidats au maintien ont pris des points», reconnaiss­ait André Ferreira qui pestait aussi sur l’arbitrage. «Il y a une faute sur le but. Il (Luisi) s’appuie sur moi. L’arbitre devait siffler comme il aurait dû siffler un penalty pour nous en première mi-temps.» La réclamatio­n du latéral local est légitime sur la phase du but. Peut-être que l’arbitre allemand n’avait pas l’angle de vue idéal pour juger l’action.

Un fait de match qui n’occulte pas la production trop légère du club doyen. «Offensivem­ent, il fallait mettre plus d’énergie.» Avec désormais sept points de retard sur le premier barragiste, le Fola se rapproche du purgatoire. Après un déplacemen­t à Mersch et la visite de Schifflang­e, il devrait être fixé sur ses chances de maintien. Mais peut-être que cette défaite dans le derby a constitué un point de basculemen­t irréversib­le.

 ?? Foto: Yann Hellers ?? Antonio Luisi (à gauche) tape dans les mains d‘Arnaud Bordri. Le coach a été pertinent dans ses changement­s.
Foto: Yann Hellers Antonio Luisi (à gauche) tape dans les mains d‘Arnaud Bordri. Le coach a été pertinent dans ses changement­s.
 ?? ?? Alexis Larrière (à gauche) a livré une grosse bataille dans l‘entrejeu avec Ilyess Jeridi.
Alexis Larrière (à gauche) a livré une grosse bataille dans l‘entrejeu avec Ilyess Jeridi.
 ?? ??

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg