Luxemburger Wort

La ménopause sur la scène du théâtre

Pourquoi ne pas en rire, puisqu‘on peut rire de tout? Sylvie Ory et Elisabeth Chuffart abordent un sujet qui sort rarement des cabinets gynécologi­ques et des magazines féminins

- Par Cécile Bidault

La ménopause n‘est pas en soi un sujet très glamour. On l‘aborde rarement en société, autour d‘un apéritif entre amis ou un repas entre collègues de travail. Mais pourquoi ne pas en rire, puisqu‘on peut rire de tout? C‘est le parti choisi par Elisabeth Chuffart et Sylvie Ory pour aborder la question sur scène. Après le succès de leur spectacle autour de Raymond Devos (Devos à deux voix), l’énergique duo dédramatis­e la «maturité intrinsèqu­e» des femmes en jouant de multiples références et parodies. Elles déclinent leur propos du cercle de parole anonyme au cabinet médical, de la tragédie classique à la comédie musicale, de Léo Ferré à Abba … Qu‘elles poussent la chansonnet­te ou partagent leurs chips avec le public, elles jouent de leur complicité évidente pour briser gaiement les tabous, ou du moins les silences, qui entourent le sujet. D‘informatio­ns scientifiq­ues en expérience­s personnell­es plus ou moins cocasses, dans une ambiance de joyeux bricolage, elles brossent un tableau à la fois médical et social de la «femme de plus de 50 ans» qui n‘est plus ici une cible publicitai­re ni une catégorie socio-profession­nelle, mais dix personnage­s incarnés par deux femmes bien décidées à se faire entendre. Car la ménopause n’est pas le seul argument d’invisibili­sation de la «femme mûre», on sait la difficulté pour les femmes de plus de 50 ans de continuer d’exister profession­nellement, en particulie­r chez les comédienne­s. Cela sans se prendre au sé

rieux car l’humour est une énergie communicat­ive qui vient à bout de bien des résistance­s.

Et le public y répond, ayant rempli plusieurs fois la salle du centre Altrimenti en 2023 et se prenant au jeu avec beaucoup de bonne humeur. Public qui ne se limite d‘ailleurs pas aux femmes ménopausée­s, hommes et femmes plus jeunes sont là aussi, et ne sont pas les derniers à rire. Car le sujet touche, tout de même, au moins un milliard d‘êtres humains, voire tout le monde, si l’on tient compte des effets collatérau­x. Et chacun autant que chacune peut reconnaîtr­e dans ce florilège ses propres préoccupat­ions ou les comporteme­nts de ses proches, avec ironie et tendresse.

Le duo revient sur scène ce jeudi 7 mars à Huncherang­e (Centre culturel KultourHau­s) et le vendredi 8 mars à Nilvange (Café Culture le Gueulard) – une joyeuse manière de célébrer la Journée de la Femme. Invitées à l’automne par la Clinique de la Ménopause du Centre Hospitalie­r de Luxemburg dans le cadre d’«Octobre rose», ce qui semble assez naturel, elles joueront également au TNL au cours de la saison 2024-25, et en mars 2025 à Differdang­e et Sanem, dans le cadre du Mois de la Femme. Autant d’occasions de se laisser surprendre à rire sans complexes d‘un sujet qui sort rarement des cabinets gynécologi­ques et des magazines féminins.

Le public ne se limite d‘ailleurs pas aux femmes ménopausée­s, hommes et femmes plus jeunes sont là aussi, et ne sont pas les derniers à rire.

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Photo: privé Sylvie Ory et Elisabeth Chuffart sur scène.

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