Luxemburger Wort

La fête du clip dans toute sa diversité

Classiques, innovants ou percutants, les 22 clips diffusés à l’Utopia dans le cadre de la Music Video Night du LuxFilmFes­t ont prouvé que la source n’était pas encore tarie

- Par Christophe Nadin

Le son ou l’image? Les deux, mon capitaine! L’idée de se passer d’un support aussi iconique que le clip vidéo n’a pas encore fait son chemin. Pas au Luxembourg en tout cas où 100 candidatur­es sont arrivées sur le bureau du Rocklab dans l’espoir de retenir l’attention pour la cinquième édition de la Music Video Night proposée ce vendredi dans la grande salle de l’Utopia. Vingt-deux clubs ont été diffusés, soit environ 1h30’ de musique non-stop. «Le marché luxembourg­eois se porte bien. Le bilan est positif», a rassuré Sam Reinard, le responsabl­e du Rocklab à la source de cette soirée avec le Luxembourg City Film Festival.

Métal, jazz, folk et pop

Le spectre audiovisue­l est large. La bande son est hétéroclit­e à souhait. On est passé du métal au jazz avec des crochets par le folk traditionn­el et la power pop. S’il n’est pas question de concours, on décernera volontiers la palme de l’originalit­é à l’Autrichien Gana et son «Neon Gold» un rien perché. Ganaël Dumreicher est un artiste protéiform­e, aussi à l’aise derrière une caméra quand il réalise «Alabaster», court-métrage présenté en 2022 au festival que devant, lorsqu’il s’installe dans le fauteuil d’une dentiste, devant un plateau de crustacés ou sur un steak géant pour les besoins de son clip.

On a vu dans le «Nous sommes des hommes» de Serge Tonnar une piqûre de rappel de l’ancien générique d’Antenne 2 de Jean-Michel Folon. On s’est dit aussi que le «Young Folks» de Peter Bjorn And John avait été la source de bien d’inspiratio­ns. Certains groupes continuent à jouer la carte du classicism­e en se mettant eux-mêmes en scène, dans une performanc­e live comme Lucas Ferraz ou encore Blankett Hill et son «Out For The Count» tourné au Japon. Dock in Absolute a lui ajouté un cordage rouge du plus bel effet.

Le décor est l’un des éléments clefs d’un clip. Les spots extérieurs restent prisés comme la forêt explorée par Seed to Tree et son «A Little Life », le lac et son rivage réquisitio­nnés par Josh Is

land pour les besoins de «Patio Blues» alors que le Château de Vianden a visiblemen­t été privatisé par Authentica. Maz, lui, s’est amusé dans une boîte de nuit undergroun­d à moins qu’il ne s’agisse d’un garage XXL aménagé pour l’occasion.

Les personnage­s restent des éléments centraux. On pense à Jayo Brudjez et son «Low Key » qui respectent les codes du hip-hop avec le stupre en toile de fond, à L’éphémère, sorte de femme fatale apparue dans «Y a pas le temps» ou encore à l’impeccable «Hardcore» de CHAiLD, objet parfaiteme­nt maîtrisé. On soulignera encore la griffe de la boîte Two Steps Twice de Tun Biever à la base du très vintage «Not Your Sing» de Say Yes Dog, sorte de rencontre improbable entre le «Girls just wanna have fun» de Cindy Lauper et «Buddy Holly» de Weezer.

Les belles images sont toujours à la mode. En 2D ou en 3D. On pense au plus long clip de la soirée proposé par Gilles

Grethen Quartet & Strings, ses oiseaux et ses fonds marins qui portent la musique jazzy. Ou encore à The Aquatic Museum, au très coloré «The Way Out» de Fumage ou encore au classieux et érotique «Something Somewhere» d’Alagoa.

«Une question d’idées plus que de budget»

Il y a, derrière ces production­s, des moyens très différents. Des clips subsidiés, d’autres pas. «Clairement, mais c’est parfois davantage une question d’idées que de budget», explique Sam Reinard. «Certaines aides vont jusqu’à 10.000 euros.» C’est aussi une question de temps comme le confirme le chanteur Leen, qui a alterné entre décor intérieur et extérieur pour son «Dear Desire». «En tout, ça m’a pris six mois. On est partis de la chanson et on a développé des idées. Je viens de sortir un album et on s’est posé la question de savoir si c’était encore utile comme support. Tout comme le clip. Et on s’est dit que oui. Absolument. Ça donne une image et on connaît tous le poids d’une image. Une couleur vaut autant qu’une oreille.»

Le clip vidéo ne serait pas encore menacé malgré l’apparition de formats courts qui inondent les plateforme­s. «L’ère est marquée par Reels et Tik Tok mais la production de clips vidéos ne faiblit pas», poursuit Sam Reinard. «Peutêtre que le format est appelé à être modifié en raison du monde de consommati­on différent, via les smartphone­s notamment, mais le clip peut prendre une forme hybride et sauvage, raconter des histoires ou proposer des choses plus abstraites ou vagues et on peut le morceler à l’envi. On a tellement vu de changement­s dans l’industrie en 10 ans que je me dis que le clip résiste à tout.»

Il reste, en tout cas, exploité par les artistes luxembourg­eois qui ont rivalisé d’originalit­é pour voir leur oeuvre diffusée sur écran géant.

 ?? Photo: Screenshot ?? Ganaël Dumreicher est un artiste protéiform­e, aussi à l’aise derrière une caméra quand il réalise «Alabaster», court-métrage présenté en 2022 au festival que, lorsqu’il s’installe dans le fauteuil d’une dentiste, devant un plateau de crustacés ou sur un steak géant pour les besoins de son clip.
Photo: Screenshot Ganaël Dumreicher est un artiste protéiform­e, aussi à l’aise derrière une caméra quand il réalise «Alabaster», court-métrage présenté en 2022 au festival que, lorsqu’il s’installe dans le fauteuil d’une dentiste, devant un plateau de crustacés ou sur un steak géant pour les besoins de son clip.
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Photo: Mike Zenari «L’ère est marquée par Reels et Tik Tok mais la production de clips vidéos ne faiblit pas», poursuit Sam Reinard, le responsabl­e du Rocklab à la source de la Music Video Night lors du Luxembourg City Film Festival.

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