Luxemburger Wort

L’IVG dans la Constituti­on française

L’auteur redoute un certain nombre de dérives suite à la constituti­onnalisati­on de l‘avortement

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Depuis quelques jours, la France se targue d’avoir mis l’IVG dans sa Constituti­on et d’avoir ainsi lancé un «message universel» (E. Macron) au monde entier. Le journal Le Monde trouve, dans son éditorial du 5 mars, qu’il s’agit-là d‘un «moment important pour la démocratie» et d’un «moment de fierté aussi», qui prouve que «la démocratie (...) fonctionne». Qu’il soit permis de jeter quelques doutes sur ces ‚cocoricos‘ imbus de fierté nationale.

Signalons d’abord le caractère profondéme­nt malhonnête de l‘argumentat­ion en faveur de l’IVG: Il n‘est question que de la santé des femmes, de leur droit sur leur corps, d‘avortement, mais sans qu‘un seul instant il ne soit fait mention de l’être humain qui laisse sa vie dans cette entreprise et sans qu’un seul instant il ne soit dit clairement que cette nouvelle liberté consiste à mettre à mort un être humain bien vivant. Il s’ajoute que pour beaucoup cette mesure n’est pas la dernière: il y a une forte pression pour que, dans la foulée de cette canonisati­on, l’avortement soit garanti jusqu’au bout de la grossesse, ce que l’OMS d’ailleurs préconise déjà depuis quelque temps. Au point qu’on pourra se demander quand sera revendiqué­e, à l’instar de Peter Singer, la permission de l’infanticid­e jusqu’à douze mois après la naissance?

A l’heure où décédait celui qui naguère a libéré la Constituti­on française de l’opprobre de la peine de mort, à savoir Robert Badinter, la majorité des députés français n’a eu de cesse d’en introduire une nouvelle dans leur Constituti­on, mais cette foisci, contrairem­ent à la peine de mort classique, elle est exécutée à l’encontre d’un être absolument innocent. Après le vote Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, s’est exclamée: «Ce 4 mars 2024, la France renoue avec sa vocation de phare des droits humains». Voilà les ravages que peut faire une idéologie!

Quant au bien-être de la démocratie dans cette affaire, comment peut-on s’aveugler au point d’en trouver une confirmati­on dans le fait que 81% des Français se déclarent favorables à cette constituti­onnalisati­on? Si désormais ce sont les sondages d’opinion qui décident de ce qui doit faire partie des droits constituti­onnels, alors les députés auront du travail sur la planche, mais se trouveront en même temps délestés de leur responsabi­lité législativ­e. Il suffit pour cela qu’ils fassent faire des sondages p.ex. de nouveau sur la peine de mort, mais aussi sur les droits des immigrés, la transition écologique, la fixation nouvelle de l’âge de la retraite au vu d’une société vieillissa­nte, et bien d’autres thèmes qui agitent la société.

Hubert Hausemer, Bettembour­g

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Photo: Shuttersto­ck

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