Luxemburger Wort

Differdang­e solide comme un roc

Au terme d’un match au sommet très peu glamour, Differdang­e a distancé Dudelange pour porter son avance à 7 points à neuf journées de la fin de la compétitio­n

- Par Christophe Nadin

Quand les deux meilleures défenses du championna­t se font face, ça cause forcément «béton». Celui de Differdang­e semble être de bonne qualité puisqu’il ne s’est pas lézardé après 90 minutes. D’ailleurs, le mur Ruffier n’a plus bougé depuis 402 minutes, signant au passage un dixième clean sheet cette saison. Si on s’attarde sur cette statistiqu­e, c’est parce que le choc entre le leader et son dauphin n’a pas tenu ses promesses samedi à Oberkorn sur une pelouse indigne d’un potentiel champion.

Loin de là même. Il faut fouiller les archives pour trouver trace d’un match au sommet d’une telle faiblesse technique. Et l’aire de jeu n’explique pas tout. Le scénario y est aussi pour quelque chose puisque le leader de la compétitio­n s’est rapidement retrouvé aux commandes de la partie à la suite d’une action visiteuse malheureus­e (4e).

En voulant dégager, Vincent Decker a trouvé le dos de son camarade Ismaël Sidibé. Le ballon est revenu dans les 16m de Didier Desprez sorti de sa cage comme un mort de faim et coupable, aux yeux d’Ivo Torres, d’avoir accroché Jorginho qui convoitait lui aussi la sphère. Les Jaunes ne discutaien­t guère la décision de l’arbitre FIFA et le meilleur buteur du championna­t soignait ses statistiqu­es en inscrivant un 17e but cette saison, le cinquième sur penalty (1-0).

Ce rapide avantage au tableau d’affichage n’a pas incité l’équipe locale à sortir plus qu’il ne le fallait face à un adversaire rempli de bonnes intentions mais bien trop limité pour faire mal au leader. L’absence de milieu créatif s’est cruellemen­t fait ressentir dans les rangs dudelangeo­is et le manque de solutions sur le banc n’a pas incité Claudio Lombardell­i à agir tôt, ni en profondeur.

Dans un exercice de maîtrise qu’il adore, Differdang­e n’allait toutefois guère convaincre, laissant l’opportunit­é à Dudelange de lui faire mal sur un coup de pied arrêté. L’un d’eux arriva dans le temps additionne­l, mais Ludovic Rauch, entré un quart d’heure plus tôt, avait déjà enlevé tout suspense à la partie en exploitant une passe de Nestor Mongé (2-0, 90+3).

C’est Samir Hadji qui obligeait Romain Ruffier à se coucher juste avant les trois derniers coups de sifflet. De phase arrêtée, il en avait déjà été question à la 52e minute lorsque Kevin D’Anzico et Herman Moussaki s’accrochaie­nt dans la surface de réparation differdang­eoise. Ivo Torres ne broncha pas et il s’ensuivit une mêlée de rugbymen.

Entre colère et frustratio­n

A la fin de la rencontre, Gerry Schintgen, le président du F91, ne décolérait pas. «C’est inacceptab­le un tel arbitrage. Je suis le premier à reconnaîtr­e que l’on n’a pas été bons, mais ce n’est pas possible de siffler un tel penalty et de ne pas en siffler un dans l’autre camp.» La frustratio­n accompagna­it souvent la déception dans les propos des battus. «Differdang­e est bien en place et a tout pour être champion même si ce fut du 50/50 avec deux occasions pour eux et deux buts», expliquait Chris Stumpf. «Oui, je suis aussi en colère contre l’arbitrage.»

Claudio Lombardell­i balayait, lui, d’abord devant sa porte. «Je ne comprends pas comment une telle situation peut donner un penalty alors que l’on peut dégager tranquille­ment. Penalty ou pas? On devait en obtenir un sur la faute sur Mous

saki. Je suis frustré parce que Differdang­e n’était pas meilleur que nous.»

Dans les rangs du leader, on ne faisait pas la fine bouche. «Une fois qu’on a marqué le but, il y a eu beaucoup d’espace et on a très mal joué les coups en deux contre deux. On aurait pu aggraver le score puis on a réussi à faire le dos rond. Ce fut compliqué pour les deux équipes dans une partie jouée sur un faux rythme. L’enchaîneme­nt des matchs peut expliquer la chose», témoignait Théo Brusco, patron d’une défense une nouvelle fois à la hauteur. «On avait prévu de démarrer à fond mais pas nécessaire­ment de marquer aussi tôt dans le match. On sait qu’une fois devant, c’est difficile de nous remonter et encore plus de venir gagner à la maison.»

Cette opération en or a permis à Differdang­e de porter son avance à 7 points sur sa victime du jour. De quoi voir venir même si personne ne veut vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Je ne comprends pas comment une telle situation peut donner un penalty alors que l’on peut dégager tranquille­ment. Claude Lombardell­i, entraîneur F91

«Ça peut être l’un des tournants du championna­t mais ce n’est pas fini. Il nous reste des concurrent­s directs à rencontrer et on ira d’abord à la Jeunesse après la trêve internatio­nale. Ça fait des années qu’on est en quête de ce titre et je m’en fous de la manière avec laquelle on ira le conquérir. On n’est pas toujours beau à voir mais avec une telle défense et nos flèches devant, on a des arguments à faire valoir. Il nous reste à bien gérer les 9 derniers matchs pour enfin toucher le ciel», avouait le président Fabrizio Bei.

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 ?? ?? Vincent Decker (à droite) tente de freiner la progressio­n de Guillaume Trani. Les défenses ont pris le pas sur les attaques dans un choc très fermé.
Vincent Decker (à droite) tente de freiner la progressio­n de Guillaume Trani. Les défenses ont pris le pas sur les attaques dans un choc très fermé.
 ?? Photos: Yann Hellers ?? Kevin D‘Anzico (à gauche) échange avec Geoffrey Franzoni. Le côté droit de la défense differdang­eoise a répondu présent.
Photos: Yann Hellers Kevin D‘Anzico (à gauche) échange avec Geoffrey Franzoni. Le côté droit de la défense differdang­eoise a répondu présent.

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