Le Planning familial se trompe de menace
Il faut espérer que la décision des élus français d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution restera «l’exception française»
Le droit à la vie précède tous les autres droits, et la liberté de l’individu s’arrête là où commence celle d’autrui. En Europe nous sommes allés jusqu’à épargner la vie du plus sadique des meurtriers de masse en abolissant la peine de mort.
Désormais, ce n’est pas le droit de naître ni le droit des femmes de ne pas avorter, mais bel et bien la «liberté» d’avorter qui est inscrite dans la Constitution française. Finie la balance entre le droit à la vie et l’autodétermination de la femme! La législation allemande s’y oriente: l’avortement est défini comme une injustice (Unrecht), mais la femme peut librement décider d’avorter après s’être fait conseiller sur les risques de cet acte et sur les aides qu’elle peut obtenir. Avec à la clé presque trois fois moins d’avortements qu’en France.
A lire Fatima Rougi du Planning familial («Luxemburger Wort» du 16/17 mars 2024), il n’aura fallu que 50 ans pour faire
Le droit à la vie précède tous les autres droits, et la liberté de l’individu s’arrête là où commence celle d’autrui.
apparaître Simone Veil comme une politicienne d’extrême droite dangereuse, dans la mesure où celle-ci a soutenu les organisations qui «font tout pour permettre à ces femmes d’assumer leur maternité», voulant les «dissuader» d’avorter «en leur apportant un soutien de nature à les faire changer d’avis». Dans son discours du 24 novembre 1974, Veil conclut: «Si la loi n’interdit plus, elle ne crée aucun droit à l’avortement» (…) «personne n’a jamais contesté que l’avortement soit un échec quand il n’est pas un drame.»
Le Planning familial, lobby hyperpuissant
Aujourd’hui, c’est le Planning familial, lobby hyperpuissant, qui impose son dogme. En faisant de l’avortement «le premier des droits sexuels et reproductifs» (sic), il étouffe toute voix dissidente qui ose prendre en compte l’enfant à naître.
Madame Rougi elle-même en a fait la démonstration dans son article. Alors qu’au Luxembourg aucun parti politique ne se prononce pour l’interdiction de l’IVG, et que le Planning familial dispose du monopole de l’éducation sexuelle, elle brandit l’épouvantail d’une menace qui pèserait sur la légalisation de l’avortement, pour étayer et justifier sa revendication d’inscrire l’avortement comme «droit» dans notre Constitution. Le seul indice concret qu’elle présente aux lec
teurs à alerter du grand danger, c’est la récente affaire autour de la projection du film «L’Evénement», organisée par la commune de Leudelange le 15 mars. Le conseil échevinal avait l’idée louable d’inviter Vie naissante, non pas pour «mener le débat» (sic), mais pour parler des services qu’elle rend aux femmes enceintes, jeunes mères ou familles en difficulté, beau complément au film qui montre le drame d’une étudiante enceinte qui, au début des années 60 se voit contrainte de recourir à une faiseuse d’anges. Or, le lendemain de la sortie du programme, le conseil échevinal informe Vie naissante qu’en raison de vives protestations, il se voit obligé de la désinviter, avec la précision que Vie naissante aurait une position «claire» sur le sujet.
Le lecteur aura deviné qui était le censeur. Une fois de plus, le Planning familial montre qu’il n’a que faire ni du dialogue ni de la liberté d’expression. Il ne se gêne pas de publier des contrevérités pour les besoins de sa cause qui est ma
nifestement idéologique, le propre de l’idéologie étant de ne pas tolérer la perspective de l’autre, et de verrouiller le débat.
Un cadeau empoisonné
C’est précisément pour cela que le Planning familial jubile depuis le vote du 4 mars à l’Assemblée nationale. Car la constitutionnalisation de l’avortement ne contrecarre pas seulement le droit à la vie et les efforts de réduire le nombre des IVG (234.000 en 2022), elle est la voie royale vers la fin de la clause de conscience des médecins, la suppres
sion du délai de réflexion et du délai d’avorter, la muselière pour les organisations pro-vie …
Pour de nombreuses femmes, elle est un cadeau empoisonné. Elle donne raison à ceux qui exercent une pression sur les femmes confrontées à une grossesse inattendue ou problématique, à commencer par les hommes à qui elle fournit un excellent justificatif pour se dédouaner de leurs responsabilités, en laissant souvent seules celles qui après l’irréversible souffrent du syndrome postavortement. Au lieu de tout faire pour bâtir une société solidaire, on ne fait que prôner «une extrême vigilance» face à ceux qui essaient de s’y employer en âme et conscience.
Il faut vraiment espérer que le vote des élus français restera «l’exception française»!
Une fois de plus, le Planning familial montre qu’il n’a que faire ni du dialogue ni de la liberté d’expression.
Ceci est une réponse à l'article «Le droit à l’avortement dans la Constitution luxembourgeoise!» de Fatima Rougi («Luxemburger Wort» du 16/17 mars 2024).