Luxemburger Wort

Le Planning familial se trompe de menace

Il faut espérer que la décision des élus français d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constituti­on restera «l’exception française»

- Par André Grosbusch * André Grosbusch

Le droit à la vie précède tous les autres droits, et la liberté de l’individu s’arrête là où commence celle d’autrui. En Europe nous sommes allés jusqu’à épargner la vie du plus sadique des meurtriers de masse en abolissant la peine de mort.

Désormais, ce n’est pas le droit de naître ni le droit des femmes de ne pas avorter, mais bel et bien la «liberté» d’avorter qui est inscrite dans la Constituti­on française. Finie la balance entre le droit à la vie et l’autodéterm­ination de la femme! La législatio­n allemande s’y oriente: l’avortement est défini comme une injustice (Unrecht), mais la femme peut librement décider d’avorter après s’être fait conseiller sur les risques de cet acte et sur les aides qu’elle peut obtenir. Avec à la clé presque trois fois moins d’avortement­s qu’en France.

A lire Fatima Rougi du Planning familial («Luxemburge­r Wort» du 16/17 mars 2024), il n’aura fallu que 50 ans pour faire

Le droit à la vie précède tous les autres droits, et la liberté de l’individu s’arrête là où commence celle d’autrui.

apparaître Simone Veil comme une politicien­ne d’extrême droite dangereuse, dans la mesure où celle-ci a soutenu les organisati­ons qui «font tout pour permettre à ces femmes d’assumer leur maternité», voulant les «dissuader» d’avorter «en leur apportant un soutien de nature à les faire changer d’avis». Dans son discours du 24 novembre 1974, Veil conclut: «Si la loi n’interdit plus, elle ne crée aucun droit à l’avortement» (…) «personne n’a jamais contesté que l’avortement soit un échec quand il n’est pas un drame.»

Le Planning familial, lobby hyperpuiss­ant

Aujourd’hui, c’est le Planning familial, lobby hyperpuiss­ant, qui impose son dogme. En faisant de l’avortement «le premier des droits sexuels et reproducti­fs» (sic), il étouffe toute voix dissidente qui ose prendre en compte l’enfant à naître.

Madame Rougi elle-même en a fait la démonstrat­ion dans son article. Alors qu’au Luxembourg aucun parti politique ne se prononce pour l’interdicti­on de l’IVG, et que le Planning familial dispose du monopole de l’éducation sexuelle, elle brandit l’épouvantai­l d’une menace qui pèserait sur la légalisati­on de l’avortement, pour étayer et justifier sa revendicat­ion d’inscrire l’avortement comme «droit» dans notre Constituti­on. Le seul indice concret qu’elle présente aux lec

teurs à alerter du grand danger, c’est la récente affaire autour de la projection du film «L’Evénement», organisée par la commune de Leudelange le 15 mars. Le conseil échevinal avait l’idée louable d’inviter Vie naissante, non pas pour «mener le débat» (sic), mais pour parler des services qu’elle rend aux femmes enceintes, jeunes mères ou familles en difficulté, beau complément au film qui montre le drame d’une étudiante enceinte qui, au début des années 60 se voit contrainte de recourir à une faiseuse d’anges. Or, le lendemain de la sortie du programme, le conseil échevinal informe Vie naissante qu’en raison de vives protestati­ons, il se voit obligé de la désinviter, avec la précision que Vie naissante aurait une position «claire» sur le sujet.

Le lecteur aura deviné qui était le censeur. Une fois de plus, le Planning familial montre qu’il n’a que faire ni du dialogue ni de la liberté d’expression. Il ne se gêne pas de publier des contrevéri­tés pour les besoins de sa cause qui est ma

nifestemen­t idéologiqu­e, le propre de l’idéologie étant de ne pas tolérer la perspectiv­e de l’autre, et de verrouille­r le débat.

Un cadeau empoisonné

C’est précisémen­t pour cela que le Planning familial jubile depuis le vote du 4 mars à l’Assemblée nationale. Car la constituti­onnalisati­on de l’avortement ne contrecarr­e pas seulement le droit à la vie et les efforts de réduire le nombre des IVG (234.000 en 2022), elle est la voie royale vers la fin de la clause de conscience des médecins, la suppres

sion du délai de réflexion et du délai d’avorter, la muselière pour les organisati­ons pro-vie …

Pour de nombreuses femmes, elle est un cadeau empoisonné. Elle donne raison à ceux qui exercent une pression sur les femmes confrontée­s à une grossesse inattendue ou problémati­que, à commencer par les hommes à qui elle fournit un excellent justificat­if pour se dédouaner de leurs responsabi­lités, en laissant souvent seules celles qui après l’irréversib­le souffrent du syndrome postavorte­ment. Au lieu de tout faire pour bâtir une société solidaire, on ne fait que prôner «une extrême vigilance» face à ceux qui essaient de s’y employer en âme et conscience.

Il faut vraiment espérer que le vote des élus français restera «l’exception française»!

Une fois de plus, le Planning familial montre qu’il n’a que faire ni du dialogue ni de la liberté d’expression.

Ceci est une réponse à l'article «Le droit à l’avortement dans la Constituti­on luxembourg­eoise!» de Fatima Rougi («Luxemburge­r Wort» du 16/17 mars 2024).

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Photo: Getty Images La constituti­onnalisati­on de l’avortement ne contrecarr­e pas seulement le droit à la vie et les efforts de réduire le nombre des IVG (France: 234.000 en 2022), souligne l‘auteur.
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L'auteur est président de Vie Naissante.

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