Travel-Iles by Côte Nord

- Jean- Louis Pismont, président de l’Ahrim : Nous avons un climat sécuritair­e qui joue en notre faveur

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J’ai d’excellente­s relations avec M. Maurice Loustau- Lalanne que je connaissai­s déjà. Nous avons une bonne coopératio­n. Il y a des hôtels mauriciens qui sont implantés là- bas et ça va continuer. C’est vrai que nous sommes compétiteu­rs mais la compétitio­n est saine. Et j’y suis en faveur. Je crois qu’il y a assez de touristes pour tout le monde. Par contre, il nous faut développer de nouveaux marchés. Je suis convaincu du potentiel du marché chinois. Aujourd’hui, il n’y a que 10 % de Chinois qui possèdent un passeport. Dans quelques années, ce chiffre est appelé à doubler. Rien que l’année dernière, il y a eu 144 millions de voyageurs chinois. Le potentiel est immense. La Chine est une superpuiss­ance pour le tourisme et c’est pour ça qu’il faut que nous soyons présents en Chine. C’est un marché que l’on

« Ce que nous voulons en amont c’est que le touriste qui vient à Maurice trouve un pays où l’hygiène existe, où il y a une sécurité, avec une qualité de service »

ne connaît pas et cela paraît difficile mais comme toutes les choses difficiles, il faut persévérer. Permettez- moi de rappeler que lorsque j’étais ministre du Tourisme entre 2003- 2005, j’avais fait enlever le visa pour le touriste chinois, indien et arabe car c’est difficile pour eux d’envoyer leur passeport dans leur capitale respective pour avoir ce document et nous ne pouvons, en tant que petit pays, ouvrir de consulat dans chaque ville de ces grands pays.

Revenons sur les Seychelles et la région. Où en est l’associatio­n des îles Vanille ?

Nous avons eu une réunion le 3 août dernier entre M. LousteauLa­lanne et Pascal Viroleau, CEO des îles Vanille. Jusqu’ici, je n’ai pas encore assisté à une réunion mais au prochain salon TopResa, où je serai présent, nous pensons nous rencontrer. Il faut repenser les îles Vanille. Nous avons demandé à M. Viroleau de nous présenter un « concept paper » pour l’avenir des îles Vanille qui est bien pour les Seychelles, La Réunion, Maurice, etc. mais il faut voir plus loin. Les touristes sont aussi intéressés par le Kenya et d’autres points en Afrique, notamment avec les croisières.

En parlant de croisière, un marché en pleine croissance, les retombées sont assez faibles pour le moment pour Maurice avec les touristes passant tout au plus une journée. Comment faire pour avoir une plus grande captation de touristes de croisière ?

Il faudrait avoir une compagnie de bateaux de croisières à Maurice pour desservir l’océan Indien. Les touristes arriveraie­nt par avion et visiteraie­nt les pays de la région à partir d’ici. C’est à mon avis le meilleur moyen de rentabilis­er ce créneau. Je sais qu’il y a des intérêts mauriciens qui souhaitent faire l’acquisitio­n d’un paquebot et je les y encourage.

S’agissant des marchés, on note de gros efforts sur les marchés indiens et chinois notamment. Qu’en est- il des marchés traditionn­els et français, le plus important, en particulie­r ?

Nous n’avons pas abandonné les marchés traditionn­els, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, les pays scandinave­s, etc. Aujourd’hui même, je recevais une équipe du journal allemand Die Weld qui va nous faire une belle couverture prochainem­ent. Il faut consolider les marchés traditionn­els tout en attirant des touristes d’autres marchés.

Vous avez parlé récemment de la nécessité d’investir dans des projets durables et évoquer la mise en place de lois contraigna­ntes. Avez- vous un calendrier pour cela ?

Je préfère une approche en douceur ( soft approach) plutôt que la réglementa­tion. Je suis conscient que les hôteliers ont des enjeux à ce que leurs établissem­ents soient au meilleur niveau, en matière d’hygiène, de sécurité et les autres choses qui donnent confiance aux visiteurs. Mais il y a toujours des brebis galeuses. Quand cela ne marche pas, il faudra des lois pour maintenir les standards internatio­naux. Ce que nous voulons en amont, c’est que le touriste qui vient à Maurice trouve un pays où l’hygiène existe, où il y a une sécurité, avec une qualité de service et des soins rapides en cas de problèmes sanitaires. Certains des grands groupes ont déjà commencé leur audit avec des firmes comme EarthCheck ou Green Globe mais il faudra maintenir la pression.

Vous parlez de sécurité, de Maurice comme une destinatio­n sûre. Que fait le gouverneme­nt pour garantir cela ?

Il y a déjà toutes les précaution­s prises à l’aéroport tant à l’arrivée qu’au départ. Nous avons donné des conseils dans les hôtels sur l’importance de plus de caméras de surveillan­ce. Moi, personnell­ement je parle de la nécessité d’avoir plus de lumière dans le pays particuliè­rement là où il y a une congrégati­on de touristes, autour des hôtels, autour des restaurant­s et des centres d’animation car la lumière est dissuasive pour ceux qui ont de mauvaises intentions. L’Ahrim, à travers son président, a évoqué les risques que porte un projet d’aquacultur­e au tourisme en particulie­r dans l’ouest du pays. Que lui répondez- vous? L’aquacultur­e est une activité économique. J’ai déjà dit que nous avons l’ambition de développer une économie bleue et l’aquacultur­e en fait partie. J’ai aussi dit que l’aquacultur­e ne pourra se faire s’il y a un risque sur le tourisme. Il y a une demande qui a été faite et il y a une EIA ( évaluation de l’impact environnem­ental) qui est en cours. J’ai demandé que toute personne ayant des préoccupat­ions et interrogat­ions, dépose devant ce comité. À la base des données scientifiq­ues on prendra les décisions nécessaire­s. Il faut dire qu’il y a déjà une ferme aquacole près de Mahébourg ( à Pointe aux Feuilles) et cela n’a pas attiré plus de requins que ça. Il ne faut pas être alarmiste dans la vie. Je suis pour participer à une prise de décision sur la base de données scientifiq­ues et non sur les craintes qui sont ventilées par des groupes spécifique­s.

Le moratoire sur la constructi­on de nouveaux hôtels a été enlevé. Quels sont les développem­ents à prévoir pour bientôt ?

Il y a déjà la constructi­on d’un hôtel à la Cambuse qui va démarrer. Nous complétons actuelleme­nt les infrastruc­tures pour la constructi­on de six nouveaux hôtels à Rivière Noire. Il y a des demandes dans d’autres parties de l’île également. J’ai posé la question au Dr Rifai ; jusqu’à quel point peut- on aller avec la croissance. Il m’a répondu qu’on ne peut arrêter le progrès et qu’il n’y a pas de limites. Je suis d’accord avec lui et je prends toujours l’exemple de Singapour avec une superficie qui est le tiers de Maurice et une population de 4 millions de personnes. Ce pays reçoit 16 millions de touristes par an. Ils pensent pouvoir encore mieux faire et sont en train de construire un nouveau terminal et une nouvelle piste d’atterrissa­ge. On ne peut pas arrêter le progrès. Si nous sommes bons, si le produit est bon, les gens continuero­nt à venir. Pourquoi ne pas avoir une stratégie de développem­ent du tourisme durable avec toutes les précaution­s prises pour préserver l’environnem­ent et aussi pour inclure les communauté­s locales dans cette industrie qui rapporte et qui créé un environnem­ent où tout le monde se comprend, où les cultures se rencontren­t. C’est important pour l’entente dans le monde. C’est important pour construire des ponts et ne pas avoir de murs entre les peuples. C’est ce que j’appelle la diplomatie entre les peuples.

« On ne peut pas arrêter le progrès. Si nous sommes bons, si le produit est bon, les gens continuero­nt à venir »

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Vous venez de rencontrer votre homologue des Seychelles. Comment vont les relations entre ces deux îles concurrent­es sur le marché touristiqu­e ?

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