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Le séga tambour, la fierté des Rodriguais

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Le séga tambour a rejoint le sega tipik et le Geet Gawai au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Le séga tambour de Rodrigues est étroitemen­t lié à l’histoire de l’esclavage, ce sont d’ailleurs les esclaves marron qui le dansaient. Puisant ses racines dans la rébellion et la résistance, il a été un important moyen de résolution des conflits, favorisant ainsi la socialisat­ion et renforçant les liens. Il a fallu attendre la fin du XIXe siècle, voire début du XXe siècle, pour que le séga tambour soit bien ancré au coeur de la population rodriguais­e. Le tambour, percussion principale, est d’abord chauffé à l’aide d’un feu alimenté de feuilles de banane, puis est frappé énergiquem­ent ; il s’accompagne de triyang, ainsi que des instrument­s bwat et mayos qui sont frappés de la main. La sauvegarde du séga tambour est le fruit des efforts de nombreux groupes nés depuis les années 1970. Pour Natasha Gaspard, faisant partie d’un groupe de séga à Rodrigues, cet art continue à se transmettr­e entre les aînés et les jeunes. « Les jeunes s’intéressen­t à perpétuer notre patrimoine et ils comprennen­t l’importance de le préserver. » Anne- Mary Prosper, aujourd’hui âgée de 73 ans, dont l’enfance a été bercée par le séga tambour, déclare que c’était un moyen d’unir la famille. « Le séga se dansait en famille. C’était aussi une forme de communicat­ion pour exprimer ce que l’on ressentait au lieu de se laisser tenter par les commérages. Le séga tambour a souvent permis d’éviter des bagarres ou des discussion­s. Il nous permettait surtout de faire passer des messages qu’on n’arrivait pas à dire haut et fort. » Rose de Lima Édouard, commissair­e des Arts et de la Culture à Rodrigues, n’a pas caché sa fierté à l’annonce de la nouvelle. « Je souhaite que le séga tambour continue à vivre afin qu’il puisse être partagé le plus possible et pour que le monde puisse vivre pleinement cette musique et cette danse traditionn­elle. » En parlant à ces Rodriguais qui continuent à partager cet art, à l’instar de Lucrèse Félicité, qui fait partie d’un groupe de séga tambour, on comprend très vite que cette musique fait partie intégrante de la vie des Rodriguais. « Il crée non seulement l’unité, mais nous rappelle notre identité. » Aujourd’hui ils sont plus d’une vingtaine de groupes traditionn­els existant à Rodrigues, dont des jeunes s’évertuant à valoriser ce style de musique lié à la culture rodriguais­e.

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