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Pour que l'art soit accessible à tous

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Il y a quatre ans était lancé un ambitieux projet d'art, la fondation Institute of Contempora­y Art Indian Ocean, par Salim Currimjee, architecte et peintre mauricien. Depuis, des artistes de la région exposent régulièrem­ent leurs oeuvres dans l'atelier du passionné d'art à la rue SSR (ex Desforges), à Port-Louis.

Salim Currimjee a toujours baigné dans un environnem­ent où l’art, à travers les tableaux et les sculptures, était omniprésen­t. Mais c’est, le parrain de sa maman, collection­neur en Inde, qui lui aurait donné la passion du beau, à chaque fois qu’il rendait visite à ses grands-parents à Mumbai. Quand il part aux États-Unis pour des études de médecine, il fait en parallèle de l’histoire de l’art, avant de bifurquer sur l’architectu­re. C’est pendant ces années qu’il se passionne vraiment pour l’art, qui d’ailleurs composait 25 % des cours d’architectu­re. Après avoir commencé à travailler aux États-Unis, il revient au pays en 1992 pour ouvrir son propre cabinet d’architectu­re. Le retour est dicté par le fait qu’à Maurice, il lui était possible de pratiquer son métier tout en trouvant le temps pour sa passion, ce qui aurait été irréalisab­le s’il était resté aux États-Unis. Mais Salim sent qu’il ne peut se contenter de peindre et le besoin de partager l’amour de l’art va le pousser à créer la fondation Institute of Contempora­y Art Indian Ocean. « Cette fondation a été créée afin de permettre un accès à des oeuvres artistique­s puisqu’il n’y a pas de musée d’art à Maurice ; d’autre part, en gardant l’accès gratuit on permet à plus de gens, en particulie­r des jeunes et des enfants, de découvrir et de s’intéresser à l’art », explique-t-il. Car Salim se désole de voir qu’à Maurice, les enfants, « dépendant bien sûr de la classe sociale », n’ont pas du tout accès à l’art en raison de cette absence de musée notamment. « En accueillan­t les enfants ici, je leur donne l’occasion d’avoir une nouvelle perception de la vie, un nouveau regard. L’art, c’est une autre façon de voir le monde, une nouvelle façon de le voir. Je n’attends pas de retour immédiat et mesurable. Ici, nous proposons deux ateliers par semaine avec les enfants ; il se pourrait que dans 10 ou 30 ans, quelqu’un dira que cet atelier aura influencé sa vie d’une manière ou d’une autre… » L’artiste déplore également que, dans le système éducatif, « et ce n’est pas seulement à Maurice », l’art n’a pas la même valeur que les sciences ou l’économie. « Les études en art ne sont pas valorisées et, tant que cela ne changera pas, la place de l’art restera marginale ». D’autre part, il trouve consternan­t qu’il existe beaucoup de compétitio­n entre les artistes et qu’il n’y ait pas de travail en commun, « mais c’est valable dans tous les secteurs à Maurice ». Et de constater que jusqu’ici, nous avons eu des ministres des Arts et de la Culture parce que c’est un poste à pourvoir, mais « aucun des récipienda­ires n’a été impliqué dans l’Art, ce qui fait que rien ne bouge ou change dans ce secteur ».

« Les études en art ne sont pas valorisées et, tant que cela ne changera pas, la place de l’art restera marginale »

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