L'optimisme est de mise pour le marché français
En dépit du climat lourd engendré par la faillite de Thomas Cook, de Jet Tours et XXL Airways, les exposants mauriciens au salon IFTM Top Resa 2019 se déclarent relativement optimistes pour le marché français et la saison 2019-2020.
Comme les années précédentes, l’île Maurice était bien représentée au salon 1 du Parc des Expositions de la Porte de Versailles pour cette 41e édition de l’IFTM Top Resa 2019. L’ancien ministre du Tourisme, Anil Gayan, justifiait encore une fois cette présence car « la France demeure le pays qui envoie le plus de touristes à Maurice », en ajoutant qu’il voyait « un optimisme sensible concernant les arrivées dans les mois à venir chez tous les grands groupes hôteliers » qu’il avait rencontrés.
Effectivement, les différents responsables de ces groupes ont fait part à Travel-Îles by Côte Nord de leur confiance dans le marché français. « J’ai trouvé un marché français réceptif, toujours le premier pour la destination, mais qui a envie d’avancer. Il y a toujours cet amour de la France pour la destination. C’est un marché qui est fidèle et il faut le caresser, mais il faut faire attention car rien est acquis. Je crois que Maurice a toujours cette belle image mais il faut travailler pour la garder. Je suis assez confiant pour le futur si on maintient nos standards de qualité », confiait Fabio Meo, Chief Operating Officer de Southern Cross Hotels, venu présenter le Preskil rénové, mais aussi les autres établissements du groupe, comme Astroea, le Solana et les lodges d’Andrea. « C’est motivant de voir le retour. Le produit passe bien auprès de nos partenaires, français ou autres. Il y a une belle visibilité pour le Preskil sur les prochains mois. Mais on note aussi de l’intérêt pour d’autres produits du groupe qui sont peut-être moins connus ».
Son homologue de Beachcomber Resorts & Hotels, François Venin, exprimait aussi sa satisfaction devant les chiffres prometteurs issus de bonnes décisions prises en amont. « L’année dernière nous avons arrêté de travailler avec Jet Tours et TUI. C’était une décision réfléchie. Et en dépit de cela, nous avons progressé sur le marché français de 10 % et notre tour-opérateur maison, Beachcomber Tours a progressé de 35 %. Nos partenaires Nautile et Kuoni ont aussi connu des progressions intéressantes. Les réservations pour la saison 2019-2020 sont excellentes. Nous sommes très contents ».
Thomas Cook
Pourtant l’ombre de la faillite du géant des tour-opérateurs, Thomas Cook, de Jet Tours et de XXL Airways n’a pas cessé de planer sur le salon. « Au niveau des récents événements qui affectent l’industrie, il semble qu’on ait fait le bon choix en décidant d’arrêter de travailler avec Thomas Cook l’année dernière », se réjouissait François Venin. « On a quand même une petite ardoise mais cela aurait pu être pire si l’État allemand n’avait pas décidé d’intervenir en soutenant Condor notamment. Toutefois, la faillite d’un géant comme Thomas Cook n’est pas une bonne chose pour l’industrie. On a quand même 5 000 nuitées qui restent en suspens en attendant que les assurances prennent le relais. » Thierry Montocchio, le nouveau CEO du groupe VLH trouvait pour sa part que le marché français « reste stable » et que « c’est un bon salon avec toujours le même plaisir de retrouver nos partenaires ». « On travaillait avec Thomas Cook mais on a toujours eu une diversité de partenaires et nous ne serons pas très affectés. Ce sont surtout les petits hôtels indépendants qui travaillent uniquement avec Thomas Cook ou Jet Tours qui risquent de subir les conséquences. Je pense que les gens vont peut-être revoir leur façon de voyager mais ils vont continuer de le faire. »
Pour Navind Greedharee, Chief Operating Officer de Sea Resorts qui possède cinq hôtels à Maurice dont les Chalets de Chamarel, dans l’ensemble le groupe n’a pas souffert de l’effet Thomas Cook. « Nous avons un hôtel qui avait conclu un accord de 35 chambres garanties par Thomas Cook à partir de l’année prochaine sur le marché français. Mais on a déjà été approché par quatre ou cinq gros TO qui veulent travailler avec nous. Nous ne prévoyons pas de grosses conséquences. »
Résilience
Fabio Meo, ajoute de son côté, « on gère l’effet Thomas Cook et il n’y a pas de drame financier. On est légèrement affecté sur le marché allemand mais ce n’est pas une catastrophe. Chaque pays a eu sa gestion de la crise et nous nous sommes adaptés à cela. Avec la conjoncture actuelle, il y a tout lieu d’être satisfait. On fait un métier où il faut être résilient face à l’adversité. Nous avons cette volonté, tout comme nos partenaires, d’affronter les événements actuels pour pouvoir les surmonter. Cela fait partie de notre ADN. On a déjà connu cela dans le passé et on en connaîtra dans le futur. Cela ne doit pas nous empêcher d’aimer le métier qu’on a choisi et d’avancer ». Pour le ministre Gayan, les imprévus comme Thomas Cook, Aigle Azur ou Jet Tours montrent que le tourisme reste un secteur vulnérable. « Maurice subit les décisions d’autres opérateurs ; il faut faire avec car nous n’avons pas le choix. Mais nous avons un autre souci, c’est AirBnB dont tout le monde se plaint. On m’a montré des sites de booking.com qui affichent 13 € pour 4 personnes pour le 31 décembre. Il y a là un gros problème et nous allons devoir faire quelque chose. J’ai déjà demandé à la Tourism Authority de faire une étude sur tous ceux qui proposent AirBnB à Maurice et s’il faut faire une réglementation, nous le ferons. Je pense que c’est un des facteurs de la baisse des recettes. »
Avant-gardiste
Anil Gayan a aussi expliqué pourquoi, selon lui, certaines îles de l’océan Indien font mieux que Maurice, « Il faut voir la réalité des choses. Aux Maldives, ils ont ouvert 17 nouveaux hôtels, ouvert totalement le ciel et bradé les prix. Mais le produit qu’ils offrent est en compétition avec la Polynésie et ils ne vont pas bénéficier longtemps du marché chinois. Il y a déjà de l’usure à l’inverse de Maurice qui reste une destination plus sûre, plus stable et avec une offre beaucoup plus large (le golf, les activités sportives, le tourisme religieux, le tourisme culturel etc), et sur laquelle nous devons capitaliser. »
Une opinion que partage Dominique di Daniel, directeur d’Anahita Mauritius. « Aujourd’hui, notre vrai concurrent sont les Maldives avec des progressions à deux chiffres parce qu’ils cherchent un marché de masse. Ce qui n’est pas notre cas. Nous avons une belle destination, mais à nous de la mettre en avant. » Selon lui, le tourisme a toujours été en dent de scie et il nous faut être avant-gardiste et être toujours dans le renouveau. « Maintenant, il y a beaucoup de last-minute, de combinés, il faut nous adapter ». Quant à Top Resa 2019, ce fut un bon salon, selon lui, avec tous les partenaires qui étaient au rendez-vous. « Le marché français reste notre premier marché. Avec tout ce qui se passe avec Thomas Cook, Jet Tours et XXL Airways, on s’attendait à ce que ce soit plus dur mais ce n’a pas été le cas. »
«Mahébourg est chargé d’histoire. De l’architecture à sa construction urbaine, de l’église au temple, du littoral au fluvial, le patrimoine et l’héritage constituent un récit culturel exceptionnel, assurant à la fois enracinement et divertissement. Il mérite d’être sauvegardé et même plausiblement élargi », nous dit Gaëtan Siew, envoyé spécial de Maurice au Comité des représentants permanents d’UN habitat et directeur de The Port Louis Development Initiative. C’est alors qu’il travaille justement sur le projet de réhabilitation de Port-Louis, qu’il est approché par l’Economic Development Board (EDB) pour faire des propositions sur le projet de Mahébourg, village touristique, dont le ministère du Tourisme a la charge suite à une décision du gouvernement lors du Budget 2018-2019.
Il faut dire d’emblée que faire de Mahébourg un village touristique est une idée qui date de plus de 20 ans mais qui n’a jamais connu de suite. L’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim) est également venue de l’avant en 2017 avec un projet ambitieux, mais a préféré le mettre de côté quand le gouvernement a annoncé le sien. Gaëtan Siew et son équipe vont d’ailleurs consulter l’Ahrim ainsi que les différentes parties prenantes, dont beaucoup de réticents comme Otentik ou Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL), mais surtout les résidents de Mahébourg et des alentours.
« Dès le départ, il n’était pas question de transformer l’endroit en un village touristique mais de régénérer le village. Il appartiendra ensuite aux habitants de décider comment accueillir les touristes. Notre méthodologie consiste à comprendre la ville, son organisation, son histoire, son développement dans le temps, corriger ses faiblesses et mettre en valeur ses forces. »
Épaisseur du temps
Pour Gaëtan Siew, il faut protéger la ville d’une déviation de son rôle. « Le potentiel de Mahébourg est connu. Mahébourg est un peu comme Rodrigues ; il a une particularité et une authenticité unique à Maurice. Le Mahébourgeois est conscient de sa spécificité ; il y a une épaisseur du temps, on est là depuis plusieurs générations. Il y a un patrimoine physique créé par l’homme mais aussi par la nature. C’est un territoire bien défini. Chacun a sa propre définition de Mahébourg mais tous s’entendent à dire qu’il faut la préserver et la protéger. Nous proposons de prendre ce qui est déjà là, rénover, transformer et mettre en valeur. Il n’y a rien à construire ; c’est la base de notre démarche. »
Ces forces identifiées sont la trame de la ville, son organisation, le musée et d’autres endroits historiques, l’interface de Mahébourg avec l’eau, que ce soit côté mer ou côté rivière, ce qui est unique à Maurice car il y 6,4 km de côtes. Les recherches effectuées par l’équipe de Gaëtan Siew ont permis de découvrir des faces méconnues de Mahébourg comme la rivière La Chaux « qui peut valoriser toutes ces maisons qui sont sur la berge ». « C’est vrai qu’il y a la vitrine du Waterfront mais il y a aussi une arrière-cour très riche un peu comme au Kerala, en Inde. Il y a aussi le musée, mais on ne se rend pas compte du bois qui entoure le musée qui est une richesse absolue ; de la rivière qui coule derrière », souligne l’architecte.
Consultations permanentes
Les propositions formulées s’articulent autour de la restauration et de la préservation du patrimoine existant, le respect de l’environnement, le contrôle du développement, la célébration de la ville, la promesse du lieu et un branding de Mahébourg. « Le plan et l’échelle de Mahébourg font que les principaux centres d’intérêt sont à 10 minutes de marche. Ce qui fait qu’on peut envisager des rues piétonnes, un système de navettes et laisser la voiture en dehors de la ville (exception des résidents, des urgences et autres nécessités). Ce qui pourra donner l’occasion aux commerces de mettre des tables dans les rues, de faire de Mahébourg un Mall ouvert. C’est une nouvelle gestion de la ville que nous proposons. » Gaëtan Siew insiste sur le côté novateur du projet. « Jusqu’ici, cela a toujours été une approche de haut en bas ; nous, on propose des consultations permanentes en fonction des différents projets, la rivière d’une part, les rues piétonnes, le marché… Quand on a travaillé sur le projet de Port-Louis, qui est une initiative privée, nous avons demandé et obtenu de l’EDB les mêmes facilités que les smart cities ; il en sera de même pour Mahébourg. Tous ceux qui vont travailler dans ce projet, les petits propriétaires et entrepreneurs, à Mahébourg devront obtenir les mêmes facilités. » L’architecte tient à souligner que ce projet est audessus de la mêlée politique, « ce qui fait qu’il pourra être pérenne. » « Il y aura un cahier des charges et un accompagnement du gouvernement. Il y a aura des consultations permanentes ce qui donnera une implication continue au projet. »
Au mois de février de cette année, Soléa, tour-opérateur et filiale des hôtels Sun Resorts, et Marietton Développement, propriétaire des marques Havas et des agences Selectour notamment, ont conclu une joint-venture qui, selon les responsables, devrait accroître les arrivées en provenance de France.
Cette participation de Marietton Développement au capital de Soléa est le résultat de la recherche d’un partenariat stratégique important pour pouvoir pérenniser et rentabiliser la compagnie, a expliqué Alexandre Espitalier-Noël, directeur de Soléa, lors d’une soirée organisée avec les propriétaires des franchises des marques Havas au Long Beach fin septembre. « Depuis ma prise de fonction en 2016 chez Soléa, j’ai compris qu’il fallait conclure ce partenariat stratégique. En France, par rapport aux autres pays européens, il y a une réelle puissance des agences de voyages et il y a un gros acteur qui sort du lot, c’est le groupe Marietton. On a eu l’occasion de se rencontrer et de se rapprocher ; c’est avant tout une aventure humaine. » Il affirme que les frères Abitbol, Laurent et Arnaud, directeurs de Marietton Développement investissent sur l’Adn d’une compagnie, « ce qui fait que Soléa garde une certaine indépendance et sa propre histoire même si, derrière, il y a énormément de synergie et d’économie d’échelle. » Marietton Développement possède un réseau de 500 agences de voyages en France et est propriétaire des tour-opérateurs Héliades Label Evasions, Naya Club et Voyamar, a rappelé Arnaud Abitbol, vice- président du Holding qui était à Maurice fin septembre pour faire découvrir la destination aux franchisés des marques Havas. Il rappelle que ces marques ont toujours couvert l’île Maurice et ont suivi les modes du marché français.
« Les Français viennent un peu moins à l’île Maurice et on va tenter d’inverser cette tendance. Cette perte d’intérêt peut s’expliquer par un effet de mode ; il y a beaucoup de concurrence d’autres pays de l’océan Indien notamment, mais pour moi l’île Maurice est incontournable et irremplaçable. Ce qu’on a à l’île Maurice, on ne l’a nulle part ailleurs : l’accueil, la gentillesse, la générosité, la gastronomie, pour nous c’est la destination numéro 1 sur l’océan Indien. » La joint-venture renforce d’une part les réseaux de distribution et d’autre part permet de gagner sur les achats en économie d’échelle, les négociations et les produits marketing comme les brochures, ajoute Alexandre Espitalier-Noël. « Soléa est déjà à plus 50 % en chiffres d’affaires pour le début de la saison juillet 2019-juin 2020. Il y a des progressions intéressantes chez Havas et notamment chez les franchisés qui sont venus découvrir Maurice. Les prévisions pour le reste de la saison sont plutôt bonnes, les ventes sont en hausse de 30 % dans les dernières semaines du mois de septembre. »