Le Rêve de la mer
Depuis plus de vingt ans, Anouchka, monitrice de plongée, partage sa passion des profondeurs avec les visiteurs du Paradis Beachcomber. Tous gardent au coeur « la Petite au grand sourire ».
Anouchka est comme un personnage de roman. C’est d’ailleurs dans l’un d’eux qu’elle fait une rencontre déterminante avec la mer. « Je suis née dans le centre de l’île Maurice, loin de la mer.
Mes parents, comme tous les villageois, la redoutaient. Enfant, je dévorais les livres, et c’est à travers Le Chercheur d’or de J-M G. Le Clézio que j’ai découvert la mer. Il y a dans ce livre des pages inoubliables sur les embruns, la haute mer, le Morne qui borde le lagon… Ses descriptions soulevaient en moi des images fabuleuses. Il me fallait absolument les vivre », dit Anouchka. C’était il y a vingt ans. Depuis, Anouchka est devenue l’une des monitrices les plus expérimentées de la côte. Ce qu’elle aime par- dessus tout ? Encadrer les « premières fois ». « Il y a plusieurs moniteurs au centre avec des diplômes spécialisés. J’aime particulièrement plonger avec les débutants et partager avec eux ce sentiment d’apaisement que procure l’élément liquide. Avant d’entrer dans l’eau, je sens la main de l’élève qui parfois tremble dans la mienne, je lis son regard inquiet qui cherche la confiance dans le mien. Dès que l’on commence la descente, il s’émerveille devant les poissons et oublie son appréhension. Alors, nos mains peuvent se dénouer et je reste à ses côtés. C’est un moment unique », dit Anouchka pour qui il y va de la plongée comme de la lecture. « Quand la fin approche, on ralentit, on apprécie chaque instant, redoutant de devoir refermer le livre ».
Aimer c'est agir
Anouchka cite volontiers les mots de Cousteau qu’elle a fait siens : « on aime ce qu’on protège, et on protège ce qu’on connaît ». Cette phrase guide sa démarche et, plus largement, celle du groupe Beachcomber, qui mène une campagne auprès des visiteurs et des Artisans pour les sensibiliser à l’écologie et au recyclage. « Il reste à créer un centre non plus seulement de plongée, mais aussi d’enseignement des premiers gestes qui soignent et qui sauvent aussi bien la mer que les hommes. À Maurice, beaucoup de pêcheurs risquent leur vie car ils ne savent pas nager, beaucoup d’entre eux aussi, faute de ressources, sont condamnés à pêcher sans relâche aux dépens de la reproduction des poissons… La mer nous donne beaucoup. Nous avons à apprendre les uns des autres pour pouvoir la protéger », dit Anouchka sans se défaire de son sourire, aussi généreux que confiant.