De l'optimisme...
Stagnation des arrivées, Brexit, coronavirus… 2020 débute dans une ambiance morose pour rester dans l’euphémisme. D’aucuns crient à la panique, craignant une année plus maussade pour le tourisme que ne fut 2019. Doit-on céder au découragement et se résigner à voir la destination s’éloigner des radars de nos potentiels visiteurs ? Ce serait une grave erreur, incompatible avec l’esprit même de notre industrie touristique qui a vu bien pire avec la crise financière de 2008, notamment.
Le tourisme est une industrie où il faut constamment se remettre en question. Les acteurs de ce secteur clé de notre économie le savent, eux qui doivent chaque jour répondre aux attentes et exigences d’une clientèle de plus en plus avisée et à la recherche de nouvelles expériences. Certes, cette fois les obstacles sont élevés mais nous avons les moyens et la volonté de les affronter. Dans notre rubrique Carte Blanche, le directeur de Solis Océan Indien, Fabien Lefébure, rappelle que Maurice a des atouts dont la plupart des îles avoisinantes ne disposent pas. Il avance que c’est « à nous de les mettre en avant ». Il est d’avis que nous seuls pouvons reprendre la main afin d’éviter de justifier une performance mitigée uniquement basée sur des facteurs externes.
Fabien Lefébure postule « qu’il est tout à fait logique qu’une destination touristique arrivant à une phase de maturité, marque progressivement le pas et que son succès futur réside dans la capacité de réaction de l’ensemble de ses acteurs ». Pour lui, nous devons continuer d’innover, en nous appuyant sur les qualités intrinsèques de notre population et sur les attraits de notre destination. Déjà certains acteurs misent avec une foi inébranlable sur le tourisme. Le groupe Currimjee a lancé depuis maintenant cinq mois, le tant attendu Anantara Iko au Chaland. Lors de l’inauguration officielle le 7 février, Dhinesh Burrenchobay, responsable du pôle hospitalité du groupe, a retracé le parcours de combattant de ceux qui ont cru envers et contre tout à ce projet magnifique au coût de Rs 1,5 milliard qui aura pris plus de 10 ans pour voir le jour. Un projet dans l’air du temps avec un accent sur la durabilité et l’écologie.
Toujours dans ce secteur, et particulièrement dans la restauration, grâce au formidable travail d’Emmanuelle Coquet, directrice de l’Épicerie et partenaire de Reynaud les Halles, Maurice va participer cette année pour la toute première fois au Bocuse d’Or, les « Jeux Olympiques » de la gastronomie. L’enthousiasme soulevé par cette nouvelle parmi les chefs des différents hôtels et groupes hôteliers mais aussi par les écoles de formations démontre l’envie d’avoir, d’une part, une Team Maurice, mais surtout la volonté de faire de la gastronomie un atout clé de la destination mauricienne.
Ce discours optimiste est étayé également par des citoyens qui s’engagent de plus en plus dans différents secteurs de la vie économique, sociale et politique pour que Maurice reste un pays où il fait bon vivre en proposant des solutions pour améliorer notre qualité de vie. Ainsi, face aux menaces climatiques et sanitaires, des « militants » s’engagent pour une agriculture plus en phase avec la nature. Dans le dossier que nous consacrons à ce sujet, nous allons à la rencontre d’agriculteurs, jeunes pour la plupart, qui s’investissent dans une agriculture biologique, aquaponique ou encore dans le nutritional farming. Ils sont encore en petit nombre mais la conscience s’éveille et l’engouement est réel.
Sur le plan culturel, il y a un foisonnement exceptionnel de spectacles et d’activités culturelles pour lesquels l’innovation reste le maître-mot. Le directeur du Caudan Arts Centre, explique le succès de cet espace qui a fêté son premier anniversaire l’année dernière par une « effervescence » inimaginable il y a un peu plus de dix ans.
Au niveau économique, le succès du label « Made in Moris » démontre que de plus en plus d’entrepreneurs ont foi en la création d’une identité mauricienne forte pour des produits mauriciens dont nous serons fiers. La CEO du label Shirin Gunny plaide pour « une identité artistique mauricienne que l’on pourrait vendre aux touristes ». Elle-même artiste, elle s’engage dans une redynamisation de l’artisanat local, au sens noble du terme.
Ces exemples démontrent parfaitement l’optimisme des Mauriciens. C’est le socle qui a construit notre réussite jusqu’ici et il n’y a aucune raison que cela change. Que 2020 soit une année de défis. Relevons-les tous ensemble !