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· Keivan Cadinouche : Maurice d’aujourd’hui version vintage

Avec l'explosion du numérique, la photograph­ie argentique est devenue de l'histoire ancienne pour beaucoup, voire inconnue pour les plus jeunes. Mais Keivan Cadinouche lui reste fidèle et propose de voir l'île Maurice sous le prisme du vintage.

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Après une carrière d’une vingtaine d’années dans la publicité, Keivan s’est consacré à la photograph­ie qu’il pratiquait jusque-là comme un hobby. Nourri de la culture de Sebastião Ribeiro Salgado et de Pierrot Menn, le noir et blanc est la signature de ce photograph­e atypique. « L’argentique a un côté aléatoire et une prise de risque énorme ; on ne sait jamais ce qu’il y aura dans la boîte. Mais j’aime ce travaille d’artisan et d’artiste ; il y a de l’amour et de la chaleur humaine. Quand je vais faire des photos, j’arrive sans artifice, sans maquillage, même pas de trépied, je tiens mon appareil uniquement à la main. »

Keivan explique que le grain n’est pas pareil, que la profondeur du champ est différente, mais c’est surtout l’approche qui est différente. « Avec l’argentique, on ne peut pas faire 100 photos, les visualiser tout de suite et n’en retenir qu’une. On ne dispose que de 36 poses au maximum et il faut se concentrer sur ce qu’on veut faire, la mise en scène et ne pas se rater, comme à l’époque. » Le photograph­e a investi dans son propre labo, sa propre chambre noire et il fait venir tous ses produits de France.

« Il faut dire aussi que l’argentique revient à la mode, un peu comme le vinyle pour la musique. Pour faire une comparaiso­n, jouer du Mozart sur un instrument électrique et sur un piano à queue ne va pas donner le même son. Le rendu de l’argentique est aussi différent que celui du numérique. » Toutefois, il précise quand même qu’une fois qu’il a fait sa diapo, les impression­s sont faites grâce au numérique et à la technologi­e qui donnent des résultats extraordin­aires.

On le constate dans le nouveau projet qui est sorti début décembre dans des concepts stores, des boutiques d’hôtels et au Blue Penny notamment. Il s’agit de 10 clichés de Maurice, principale­ment des paysages, avec parfois des gens assez discrets. « Je photograph­ie l’île Maurice d’aujourd’hui avec une technique vintage. » Un projet qui veut enrichir l’offre des cadeaux et souvenirs authentiqu­es de Maurice. « Il fallait donner un nouveau choix aux touristes pour qu’ils puissent ramener des souvenirs 100 % faits à Maurice alors que 90 % de l’artisanat vendu à Maurice est importé de Bali, d’Inde ou de Chine. Je voulais un produit qui est pensé et fait à Maurice. Même pour la boîte, on a travaillé sur un packaging local et facile à transporte­r ; le présentoir dans le magasin est aussi de l’artisanat local, des paniers en rotin. » Avec un prix de base de Rs 2 000, ces petits chefs-d’oeuvre devraient aussi intéresser les Mauriciens.

« Tizistwar nou pays » c'est l'histoire de Nanda Pavaday mais c'est aussi celle de bon nombre de Mauriciens qui, à travers son livre et ses histoires racontées avec force détails, voyagent dans le temps, retrouvant ainsi l'île Maurice d'antan, celle de leur enfance.

«Fer Louvraz », « Laboutik sinoi », « Siro Zanana », « Film Indien », « Lekours Souval » Ces quelques titres des histoires du livre « Tizistwar nou pays » de Nanda Pavaday parlent d’eux-mêmes. Ce sont des souvenirs d’enfance, des anecdotes, des scènes du quotidien, bref, des bribes de vie dans l’île Maurice d’antan. A travers ce livre L’auteur parvient à recréer un environnem­ent et une atmosphère que bon nombre de Mauriciens ont connus. Le film indien du jeudi soir sur la chaîne nationale, incontourn­able pour de nombreuses familles, ou encore l’époque du « rotin bazar », les mères triant le riz au soleil, l’odeur de « laboutik sinoi » du coin, tant d’histoires, de situations auxquelles on peut s’identifier avec nostalgie et qui font sourire, éclater de rire ou encore pleurer. En effet, la force de ce livre réside dans sa capacité à susciter de l’émotion chez le lecteur qui revoit les images de son enfance défiler devant ses yeux. Avec une écriture simple et accessible, Nanda Pavaday a réussi à toucher un bon nombre de Mauriciens d’ici et d’ailleurs. C’est dans une page du quotidien « Bonzour » puis sur Facebook que Nanda commence à publier ses histoires, suscitant un engouement inattendu. « Je recevais des messages sur Facebook de lecteurs me disant qu’ils attendaien­t avec impatience que je publie mes histoires le jeudi ou encore d’autres qui me disaient qu’ils avaient pleuré en lisant certains de mes écrits. Cela me fait vraiment plaisir d’avoir touché des gens à ce point », laisse entendre l’auteur. Pourtant celui qui aimait la physique lorsqu’il était collégien, qui a fait des études en économie pour finalement être embauché en tant que copywriter, avoue ne pas aimer l’écriture mais les idées, ce qu’elles reflètent, et concernant son livre, cette connexion qu’il arrive à créer avec des gens qu’il ne connaissai­t pourtant pas.

Pressé par ses lecteurs, Nanda décide de publier un livre avec ses récits. Mais, malgré l’engouement de ceux-ci, il ne parvient pas à trouver des sponsors. Ne se laissant pas décourager, l’auteur décide d’aller de l’avant en comptant sur ses lecteurs. « Les gens ont passé leur commande pour le livre et l’ont payé sans savoir quand et s’il serait imprimé. Ils m’ont fait confiance ! » 1 100 livres sont alors commandés avant même d’être publiés. Il en imprime 1 500. C’était à la fin de 2019 et tous ont été écoulés. Des Mauriciens des quatre coins du monde ont commencé à poster des photos de l’ouvrage, notamment aux États-Unis, au Canada, en Irlande ou encore en Angleterre, démontrant un enthousias­me particulie­r. Une seconde impression de 1 000 exemplaire­s a été faite. Pour vous en procurer un exemplaire, rendez-vous sur la page Facebook « Tizistwar nou pays».

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