« Elle n’accueillera plus aucun grand événement »
Il devait procéder à cette annonce. « Plus aucun grand événement ne sera organisé sur la Prom’. » Parce que trop de questions, trop de suppositions, trop de gestion « au coup par coup» des manifestations. Trop d’angoisses. Et trop de souffrances, surtout. Christian Estrosi devait y procéder sereinement. Sans douleur et sans drame. Et sans fatalité. Nice ne renonce pas. La Cité va continuer d’animer, de colorer, d’illuminer. Mais Nice va devoir moduler, adapter. Le pourquoi du comment de cette décision.
Quel est le contexte? Il y a d’un côté la souffrance de la chair et du sang. Les cicatrices. Et de l’autre, celle des conséquences économiques et sociales. D’un côté il faut sanctuariser des lieux, de l’autre, il ne faut pas sacrifier une économie. Ce n’est pas simple de devoir tout aborder comme ça. La manière dont on va ancrer la mémoire et celle dont on va recréer l’espérance. Alors on a créé un comité pour le respect de la mémoire des victimes et le suivi de leurs familles. Nous allons l’appeler Promenade des Anglais, mémoire et espérance.
Comment se compose-t-il? Nous le coprésidons, avec Philippe Pradal. Il y aura des représentants des victimes – associations, fédérations –, des victimes qui n’adhèrent à aucune structure, des élus – dont deux d’opposition –, l’association Montjoye, des représentants des plagistes et des commerçants. Des personnalités qualifiées. Comme Tahar Saiah, président du conseil communal consultatif, Ralf Shor, représentant l’université, un représentant d’Alpes-Maritimes Fraternité ainsi que Jean-Jacques Aillagon. Qui nous aidera, notamment, à sélectionner l’oeuvre qui fera office de mémorial.
Un appel sera lancé aux artistes locaux? Non, ce sera un appel à l’international. On ne se limitera pas. Et la décision finale, appartiendra aux familles des victimes.
Quelles autres missions? Organiser la commémoration du -Juillet, pour . Il y aura l’hommage national, le octobre et ce n’est que justice. Nous ferons tout ce dont aura besoin l’État pour que les choses se passent bien. Mais à Nice, en comme les années d’après, la date du juillet ne sera plus qu’un hommage au drame de cet été. Nous aurons notre propre commémoration. Le juillet devra être un moment fort au coeur duquel il nous faudra puiser toute l’énergie pour dire… allez, on avance. On continue.
D’autres temps forts? Le comité organisera des événements tout au long de l’année. Et notamment en direction des enfants victimes de la barbarie. C’est le premier attentat, en France, où on a tué des enfants. On voit des demandes de changement de nom d’établissements scolaires, etc. Il va nous falloir réfléchir à la manière de le faire mais on leur rendra un hommage spécifique. À chacun.
Et il n’y aura plus rien de festif sur la Prom’ ? Au moins jusqu’au juillet . Après, nous verrons mais il est évident que nous n’organiserons plus rien dans les conditions que nous connaissons. Ici et partout en France. On doit concevoir un nouveau modèle. Pourquoi pas utiliser davantage les grandes enceintes comme l’Allianz, Nikaïa, Acropolis… La coulée verte, aussi, sur le modèle de la Fan zone, avec les portiques de sécurité, tout ça.
Le carnaval, l’Ironman? Rien ne sera annulé. On va proposer d’autres lieux. On ne peut pas fragiliser l’économie et tous nos efforts en matière de politique événementielle.
Rien ne sera annulé mais déplacé”