La fin d’un gang niçois « au top niveau »
Figure montante du banditisme, Christophe D. 35 ans, et ses lieutenants sont sous les verrous. Le procureur redoute un climat à la marseillaise
Il roulait en Lamborghini, parcourait la planète pour s’aligner sur des triathlons, adorait les montres de luxe. Officiellement sans activité, son train de vie et ses prises de participation dans des bars de nuit et des restaurants niçois intriguaient au plus au point la division économique et financière de la PJ. Depuis jeudi soir, Christophe D., 35 ans, a été stoppé en pleine ascension. Il dort en prison. Ses quatre lieutenants, selon l’expression du commissaire divisionnaire Philippe Frizon, le patron de la PJ de Nice, l’y ont rejoint.
kilos de cannabis, de cocaïne, €...
« En tout, onze personnes ont été mises en examen pour trafic de stupéfiants, blanchiment et association de malfaiteurs», a confirmé hier soir le vice-procureur Julie Rouillard, chargée de la lutte contre la criminalité organisée. Certains suspects étant en récidive légale, ils encourent vingt ans de prison. « C’est une enquête menée depuis octobre qui est montée en puissance jusqu’à lundi, où, avec plus de 70 enquêteurs, nous avons procédé aux interpellations et aux perquisitions », détaille le patron de la PJ. Dans cinq box de résidences à NiceNord et Nice-Est, la PJ a découvert 580 kg de cannabis, 25 kg de cocaïne, 500 000 euros en liquide, douze armes de guerre, des gilets pare-balles, des cagoules, des postiches… « Avec un tel fonds de roulement, c’est une entreprise top niveau», observe le procureur Jean-Michel Prêtre, qui souligne au passage «le travail de fond considérable de la police judiciaire». Les trafiquants utilisant des téléphones cryptés, il a fallu recourir aux anciennes méthodes d’investigation, avec des jours et des nuits de surveillance pour la brigade des stups et la BRI. Lundi matin, le juge d’instruction et les policiers ont décidé de mettre fin aux activités lucratives de cette équipe locale. «Nous savions qu’ils stockaient jusqu’à une tonne de résine. Nous avions le rôle précis de chacun des protagonistes, explique le commissaire Frizon. Les saisies n’ont fait que concrétiser nos observations.»
Génération kalachnikov
Condamné à quatre reprises pour trafic de stupéfiants, (notamment à huit ans en 2007 à Grasse), Christophe D., enfant de la Madeleine, est présenté comme « la figure montante » du banditisme à Nice, la génération kalachnikov. Au point qu’à sa sortie de prison en 2011, il a marché sur les plates-bandes de glorieux anciens, défié Jacques Sordi, dit «le général». A le voir, avec son physique avantageux, musclé, bronzé, Christophe D. n’a pas l’apparence d’un caïd. Et pourtant… «C’est peut-être la seule équipe niçoise à être aussi structurée », avance Philippe Frizon. « Le haut du panier», renchérit le procureur de la République. Leur unité de mesure du cannabis est la centaine de kilos, et la dizaine de kilos pour la cocaïne.» Le parquet redoute désormais une guerre de territoire: «Avec l’affaire de la sûreté départementale, début septembre, qui a saisi 300 kilos de cannabis, ce sont de sacrés coups portés aux trafiquants, confie JeanMichel Prêtre. Cela crée un vide dont on connaît, notamment dans la région marseillaise les effets. » Le travail du juge d’instruction et de la PJ niçoise se poursuit. Les armes sont encours d’analyse au laboratoire de Marseille. Qui sait, les résultats relanceront peut-être certaines affaires criminelles non élucidées du côté de Cagnes-sur-Mer ou de L’Ariane à Nice ?