Monaco-Matin

AS Monaco : Andrea Raggi, le valeureux

Andrea Raggi n’est ni le meilleur, ni le plus rassurant, mais il incarne parfaiteme­nt l’AS Monaco

- MATHIEU FAURE

Dans un sport où tout se passe sur les réseaux sociaux et derrière un écran de smartphone, Andrea Raggi est un joueur à part. Il aime la pêche, porte le béret et lit le journal papier tous les jours. Les lendemains de matches, il regarde systématiq­uement la note qu’il a obtenue dans le canard, râle souvent et le fait savoir. Avec d’autres, on pourrait s’agacer. Avec Raggi, on s’habitue. Ça fait partie du personnage comme on dit. Parce qu’Andrea Raggi a une conception du football qui va au-delà de l’image, de l’argent et des titres. Pour le natif de La Spezia, le football est un combat. Une lutte. Avec lui, une défaite prend des proportion­s dramatique­s et une victoire atteint souvent les cimes. Il est comme ça, Andrea. Entier. Un peu trop parfois. D’ailleurs, certains joueurs de Ligue 1 ne le supportent pas. La raison : Raggi fait beaucoup (trop) de bruit sur un terrain de football. Et pas avec ses pieds... Lui s’en fout, il a une conception de son boulot au-delà des qu’en dira-t-on : « Un défenseur, c’est là pour faire la guerre et pour défendre son but. J’ai toujours aimé ça » , confiait-il à L’Équipe en 2015.

Un cadre historique

Surtout parce que le parcours de Raggi est une guerre permanente. Toujours se battre, contre tout et tout le monde, et bosser. Difficile d’imaginer une carrière de besogneux quand on se souvient de ses débuts lumineux en Italie. Nous sommes en 2007 et le défenseur, sorti de la pépinière de l’Empoli, participe à l’Euro Espoirs. À cette occasion, il côtoie Chiellini, Rossi, Criscito ou encore Montolivo. C’est alors que Palerme mise 7 millions d’euros sur lui. C’est beaucoup. Mais c’est le début des galères puisque Raggi ne jouera jamais en Sicile. En 2011, il rejoint finalement Bologne pour 200 000 euros. Une moins-value XXL qui témoigne de l’immensité de son échec palermitai­n. C’est aussi le début de sa rédemption. Une résurrecti­on qui passera par Monaco où il arrive en 2012. Le club est alors en Ligue 2 et mise sur des joueurs à fort caractère pour faire remonter l’équipe de la Principaut­é. Raggi est donc « en mission » : faire remonter l’ASM en Ligue 1 puis laisser la place aux « stars ». Quatre ans après, la mission s’est transformé­e en CDI. Des besogneux de l’étage inférieur, ils ne sont plus que trois dans l’effectif : Subasic, Dirar et Raggi, donc. Les trois meilleurs. A 32 ans, Raggi n’a pourtant pas changé sa manière de jouer au football. Il n’est pas sexy, ne donne pas toujours satisfacti­on, n’est pas très reconnu à l’étranger, mais il se démerde. Et plutôt bien. Dur sur l’homme, ce guerrier dans l’âme, fan du Turinois Giorgio Chiellini, « pas beau à voir, mais terribleme­nt efficace », est plutôt du genre franc du collier. « En Italie, si tu ne lèches pas les pieds des journalist­es, tu n’es pas bien vu. Je ne veux pas de ça », disait-il à nos confrères de L’Equipe l’an dernier.

« Le café n’est pas si mal à Monaco »

Même s’il ne le dit pas ouvertemen­t, Raggi n’aime pas être jugé. En Italie, la lecture des comptesren­dus de match a eu raison de sa tignasse. Le pays lui manque ? Un peu. « Mes amis et ma famille me manquent, disait-il dans la Gazzetta dello Sport. Certaineme­nt pas les polémiques et le stress permanent. C’est en Italie que j’ai perdu mes cheveux. Je plaisante, mais c’est de l’extérieur que vous réalisez combien c’est nuisible pour notre championna­t. Et puis le café n’est pas si mal à Monaco », a-t-il conclu. Lorsqu’il a découvert les joies de la Ligue des Champions avec le club à la diagonale, Raggi ne voulait plus entendre parler de l’autre côté des Alpes. « J’ai eu, pendant un moment, un sentiment d’amertume par rapport à la façon dont j’étais reconnu en Italie. Je ne l’ai plus. C’est terminé », lâche-t-il en décembre 2014. Apaisé. Mais Andrea Raggi reste un joueur italien à part entière. Un mec qui peut jouer partout en défense sans jamais râler. S’il le fallait, il enfilerait les gants de Subasic pour gratter quelques minutes de jeu. Parce que Raggi est avant tout un amoureux de son métier et un compétiteu­r. Et quand on lui demande comment il définirait un footballeu­r italien avant d’affronter la Juventus en quart de finale de la C1 au printemps 2015, il a une réponse qui lui ressemble : «Unbon Italien, c’est quelqu’un qui casse les couilles tous les jours, qui rigole et qui est un petit peu malin (rires). Mais qui respecte les autres » Cette saison, Andrea Raggi a déjà joué latéral droit, latéral gauche, défenseur central dans une défense à quatre et axe droit dans une défense à trois. Bref, il s’adapte.

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(Photo Jean-François Ottonello) Andrea Raggi, l’autre divin chauve

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