Primaire de droite : bureaux dans le département
La primaire de la droite et du centre aura lieu les 20 et 27 novembre 2016. 216 bureaux de vote seront ouverts dans les Alpes-Maritimes. Avec un objectif: éviter les divisions
David Lisnard vient d’accomplir un exercice d’équilibriste. Et pourtant, le maire (LR) de Cannes, chargé de piloter l’organisation de la primaire dans les Alpes-Maritimes, ne veut pas parler de « soulagement »: « Il y a tellement d’autres sujets de tension…», souffle-t-il. Il n’empêche : avec 216 bureaux de vote dans le département sur 10228 au niveau national, lui et ses équipes ont accompli un petit exploit. Celui de contenter tous les représentants des candidats à la primaire, de Nicolas Sarkozy à Bruno Le Maire en passant par Alain Juppé. Sans trop froisser les uns et les autres. «Il a fallu localiser les bureaux et le faire de façon logique», détaille encore David Lisnard. «Mais ce n’est pas la commission départementale qui a décidé: il y avait des figures imposées, comme d’avoir 24 bureaux par circonscription [il y en a neuf dans les Alpes-Maritimes, Ndlr].» Avec deux objectifs majeurs: «Simplicité et équité.» Le maire de Cannes, qui refuse d’exprimer sa préférence pour l’un des candidats, n’avait pourtant rien demandé. «On m’a nommé car je n’appartenais à aucun clan », estime-t-il. Dans un département où les sarkozystes sont ultra-majoritaires, c’était une prouesse. «Quand il a fallu faire le choix d’un responsable dans les Alpes-Maritimes, David Lisnard a fait l’unanimité. Or ça n’était pas facile de trouver l’oiseau rare. Il a fait un travail absolument remarquable », se réjouit Thierry Solère, chargé d’organiser le scrutin au niveau national. «On a pris le temps, il fallait s’armer de patience», prolonge David Lisnard, qui se félicite d’avoir trouvé plus de 1000 assesseurs pour tenir les bureaux de vote. Et d’avoir envoyé toutes ces informations au siège, alors même que les Alpes-Maritimes devraient être l’un des cinq plus gros départements en nombre d’électeurs.
Éviter la division à tout prix
«Il faut que le débat soit digne», répète David Lisnard. « Nous avons une exigence de pudeur.» Dans toutes les têtes, le duel entre Jean-François Copé et François Fillon apparaît comme l’écueil à éviter. A l’époque, les bureaux de vote manquaient. Et le scrutin, entaché d’irrégularités, avait signé le début d’une guerre sans merci… qui avait mené au retour de Nicolas Sarkozy en politique. Dans le département, qui se souvient d’ailleurs que la plupart des élus, sauf deux, soutenaient François Fillon à l’époque? Même si la primaire semble en décalage avec la culture de la droite – ou même avec l’esprit de la Ve République telle que Michel Debré l’avait édictée – chacun s’y plie. « Autrefois, la primaire se faisait au premier tour de la présidentielle, entre Giscard et Chirac, puis Chirac et Balladur… On ne peut plus prendre ce risque», glisse Thierry Solère. «La primaire, c’est un principe de réalité si nous voulons être au deuxième tour », confirme David Lisnard. «Et plus il y aura de votants, plus la légitimité du candidat sera forte.» Impossible d’estimer avec précision le nombre de votants potentiels. Mais une faible participation devrait profiter à Nicolas Sarkozy, auquel un noyau dur de militants reste fidèle à droite. Une fois les règles posées, la compétition et surtout le débat d’idées peuvent commencer. « J’entends certains dire que tous les candidats sont d’accord sur l’économie », jauge ainsi Jean Leonetti, député-maire d’Antibes et porte-parole d’Alain Juppé. «Mais la primaire, ce sera l’opposition entre deux méthodes, deux façons de faire de la politique. D’un côté le rassemblement, de l’autre les clivages…» Derrière les egos, c’est une vraie refondation idéologique à laquelle devra se plier la droite. Car tout le monde se souvient qu’elle a déjà gouverné... entre 2007 et 2012.