Monaco-Matin

Dialogue planant

- Par DENIS JEAMBAR

Mais qu’ont-ils bien pu se dire pendant ce vol de quatre heures et demie qui, jeudi soir, les emmenait tous les deux aux obsèques de Shimon Peres à Jérusalem? Jamais François Hollande et Nicolas Sarkozy n’ont passé autant de temps ensemble. Certes, ils étaient entourés dans le Falcon présidenti­el par d’autres passagers mais comment s’en tenir aux explicatio­ns officielle­s : « Courtoisie républicai­ne », explique-t-on à l’Élysée pour justifier cette invitation à partager le même avion gouverneme­ntal; « règles républicai­nes », renchérit-on dans l’entourage de l’ancien Président. Sans doute mais les deux hommes savent bien que leur tandem aérien ne relève pas que des bonnes manières. L’un et l’autre pouvaient imaginer qu’il soulèverai­t des interpréta­tions politiques. Mieux, ils les souhaitaie­nt. Car ce duo inédit les place au-dessus du lot des autres candidats. Eux seuls étaient invités à se joindre aux grands de ce monde pour rendre un dernier hommage au leader israélien. Une occasion unique, donc, de souligner leur expérience internatio­nale, leur appartenan­ce au club très fermé des chefs d’État et de dire que la prochaine présidenti­elle devrait être un match retour entre eux deux. Bref, une vraie complicité les a unis dans cette opération alors qu’ils sont l’un et l’autre contestés et menacés dans leur propre camp. Ont-ils parlé de leurs difficulté­s? Dialogue imaginaire entre ces deux hommes qui se connaissen­t et se tutoient depuis fort longtemps...

Alors, François, tu as pris ta décision, tu te représente­s? C’est compliqué. Jamais tu n’aurais dû prendre cet engagement sur l’inversion de la courbe du chômage. Ça ne te facilite pas la tâche. Enfin, tu vas faire comme moi en  et y aller, non?

Ne compte pas sur moi pour te le dire, je te connais, tu le raconterai­s à tout le monde.

Parole d’homme que non.

C’est pas simple avec ma gauche et Macron à ma droite.

Ah la trahison! Je connais ça. On en a fait des coups nous aussi mais tout de même. Moi, j’ai sur le dos Fillon que j’ai nommé Premier ministre, Juppé que j’ai remis en selle aux Affaires étrangères et Le Maire que j’avais placé à l’Agricultur­e. Belle reconnaiss­ance!

Je suis gâté aussi! Montebourg, Hamon, Duflot, sans moi, jamais ils n’auraient été ministres. Je n’oublie pas non plus ce que m’a fait Cahuzac. Il faut dire que tu es servi avec Buisson et toutes les affaires qui te tombent dessus.

Je n’y suis pour rien.

D’accord, retour à la langue de bois. Mais sache que je ne te ferai pas de cadeau sur tout ça.

Et moi, je ne te lâcherai pas sur le Président normal qui a tout foiré.

Tu crois qu’on va y arriver?

J’espère que Peres ne va pas nous porter la poisse, il a toujours perdu les élections.

Ça ne l’empêche pas d’être un homme de paix.

À un détail près, il n’a pas réussi à l’imposer. Comme nous deux pour la baisse du chômage.

Dur métier.

Oui mais y a pas mieux c’est pour ça qu’on se représente, non !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco