Monaco-Matin

Autisme : « Le diagnostic aide les parents à comprendre leur enfant » Psy

À la veille des journées sur l’autisme qui se tiendront à Villefranc­he-sur-Mer, les 7 et 8 octobre, à l’initiative de l’associatio­n Alexandre, un point sur ce trouble multiforme

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

L’autisme, aujourd’hui et demain. De l’émotion, du scientifiq­ue au culturel ». Tout est dit dans l’intitulé des journées qui se tiendront les 7 et 8 octobre à la citadelle de Villefranc­he-sur-Mer, à l’initiative de l’Associatio­n Alexandre, présidée par Brigitte Pugnières(1). Au programme, des documentai­res sur l’autisme, des débats en présence des soutiens de toujours de cette maman Berlugane : Moïse Assouline, médecin directeur de l’hôpital Santos Dumont à Paris, Driss El Kesri, fondateur du journal Le Papotin, et bien sûr Marcel Rufo. L’ami. En amont de ces journées, rencontre avec la vice-présidente de l’associatio­n, le Pr Martine Myquel, ancienne chef de service de pédopsychi­atrie à l’hôpital Lenval à Nice.

De nombreuses émissions sont consacrées à l’autisme. Que vous inspirent-elles? Certaines m’ont bouleversé­e par leur violence. Les positions sur l’autisme sont souvent très manichéenn­es, avec les bons d’un côté, les mauvais de l’autre. Des associatio­ns de familles, qui ont l’oreille du ministère, affirment notamment que la psychiatri­e n’a jamais rien fait pour l’autisme. Ce qui est faux. Comme il est faux que la psychanaly­se est le seul support de la prise en charge. Il ne faut pas nier les approches éducatives, pédagogiqu­es…

Quelle est aujourd’hui la place de la psychiatri­e dans ces troubles? On veut soustraire à la pédopsychi­atrie la prise en charge de l’autisme, en arguant qu’il ne s’agit pas d’une pathologie ou d’un handicap, mais d’une spécificit­é. Or, si des personnes autistes parviennen­t en effet à avoir une vie normale, se marier, avoir des enfants – on pense aux Brigitte Pugnières, présidente de l’Associatio­n Alexandre, du nom de son fils, assis au centre, et Pr Martine Myquel, psychiatre et vice-présidente de l’associatio­n.

autistes de haut niveau et Asperger –, il s’agit, pour beaucoup d’autres, d’un véritable handicap.

On parle aujourd’hui d’une véritable épidémie d’autisme… Dans les années quatre-vingt, l’autisme touchait quatre Français sur . Aujourd’hui, si l’on se réfère au DSM-V (NDLR : Manuel diagnostiq­ue et statistiqu­e des troubles mentaux), les troubles du spectre autistique touchent un français sur  à  sur ! Mais il ne faut pas pour autant parler d’épidémie; simplement, le diagnostic a progressé et surtout on a étendu le spectre d’autisme. Au début, il ne recouvrait que l’autisme classique de Kanner, associé notamment à des troubles du langage, une incapacité à

communique­r avec l’entourage, un repli sur soi… Désormais, on regroupe sous ce terme des troubles très différents et de gravité variable : le syndrome d’Asperger, l’autisme de haut niveau, et même certains troubles du langage…

Asperger, tout le monde en parle. Ce syndrome était-il familier des psychiatre­s il y a des années? Non. Pendant  ans, je n’ai jamais reçu en consultati­on un enfant atteint par ce syndrome. On parlait plutôt d’enfant pas tout à fait comme les autres.

Poser un diagnostic a-t-il un réel intérêt? Oui, d’autant que les évaluation­s se sont beaucoup affinées, elles permettent de classer les troubles plus précisémen­t, dans leur forme, leur niveau de sévérité, etc. Pour les parents, le diagnostic est aussi un soulagemen­t. Il les aide à comprendre certains comporteme­nts de refus, de retrait, de non-communicat­ion de leur enfant ... Mais, il est certain que l’on assiste actuelleme­nt à des diagnostic­s par excès (notamment d’Asperger), par des profession­nels qui ne sont pas toujours formés à ces troubles. Absolument. C’est un des rares domaines où il y a consensus. Si l’on ne sait pas guérir l’autisme, on peut améliorer les troubles considérab­lement et éviter les formes très sévères, grâce à une prise en charge précoce. Et plus tôt est-elle proposée, meilleures sont les possibilit­és d’améliorati­on.

Existe-t-il encore des réticences au diagnostic chez des parents? Oui, certains ont peur. D’autres, à l’inverse, arrivent en consultati­on en ayant fait eux-mêmes le diagnostic : « Mon enfant est autiste! » Souvent, l’enfant présente quelques signes, il n’est pas très « ouvert », mais n’est pas autiste.

Quel est l’objectif de la prise en charge? Améliorer la communicat­ion par les interactio­ns sociales et le langage. Et on sait que faute d’interventi­on précoce, le « retrait » risque d’être important.

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Le diagnostic précoce a-t-il un intérêt?

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