Monaco-Matin

Pourquoi vend-il son « petit musée » parisien ?

Sous la pression fiscale, le célèbre journalist­e met à la vente aux enchères son «petit musée» dont une Rolls-Royce. Rencontre avec ce monument des médias qui a gardé tout son piquant

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Il fêtera en décembre son 87e anniversai­re. Il est, dit-il, bougon, ronchon, a beaucoup aimé les dames et la bonne bouffe, « sévit » depuis soixante-cinq ans dans les médias, a écrit soixantesi­x livres sans jamais prendre de vacances. Il a même, dans «des temps où l’on était moins frileux » participé à des bals organisés par son ami César où tout le monde était nu comme un ver! Et c’est justement pour ne pas se retrouver dans une telle situation à son âge qu’il est obligé de mettre en vente plusieurs objets, son « petit musée », qu’il a accumulés dans sa grande maison parisienne durant plus de six décennies. Mais attention, cette vente ne signifie pas qu’il va arrêter de travailler puisqu’il continue à écrire chaque matin un billet dans nos colonnes, assure la chronique hebdomadai­re du Figaro Magazine (depuis bientôt 40 ans) et anime Allô Bouvard les samedis et dimanches sur RTL. Bouvard n’est pas près de prendre sa retraite. Il travailler­a tant qu’on a besoin de lui, mais en se souvenant de ce que lui avait dit Léon Zitrone: «Il faut se méfier du moment où l’on passe du courageux au pathétique. »

Pourquoi cette vente aux enchères ? Je suis victime, et je ne suis pas le seul, d’une fiscalité confiscato­ire qui atteint les gens de mon âge mais aussi ceux classés dans la catégorie des travailleu­rs indépendan­ts et qui ont vu fondre sur eux, en plus de l’Urssaf, des caisses de retraite que l’on ne connaissai­t pas et qui ont été clandestin­ement déplafonné­es. Donc il faut restituer presque la totalité de ce que l’on gagne. Comme je ne veux pas laisser d’ardoises au fisc et que j’ai encore une petite famille autour de moi, j’ai organisé cette vente. Qu’allez-vous faire de l’argent de cette vente ? Je vais d’abord payer mes impôts, faire des travaux dans mon nouvel appartemen­t et essayer de vivre correcteme­nt avec ma famille les années qu’il me reste.

Justement à ce sujet, pensezvous encore tous les matins à la mort? Avez-vous réglé vos comptes avec elle? Non pas du tout. Avant, j’y pensais tous les matins ; maintenant, j’y pense tous les matins et tous les soirs. Je n’ai pas à me plaindre, car je suis arrivé à ce grand âge et je ne souffre de rien. Mais c’est justement une angoisse de plus car on ne sait pas de quoi on mourra…

Et la mort idéale, ce serait quoi, pour vous ? Pendant mon sommeil, comme mon vieux copain Galabru. Vous savez, j’ai longtemps vécu comme un jeune homme et je ne me suis aperçu que j’étais vieux que sur le tard, vers  ans. Aujourd’hui, à presque  ans, je me demande si je ne suis pas très vieux.

Revenons à cette vente, y a-t-il un objet que vous préférez à d’autres ? Non. Je n’ai pas voulu réfléchir, sinon j’aurais été tenté de… Ah si, j’ai gardé quelque chose: une pendule offerte pour mes  ans par Frédéric Dard. Chaque fois que je la regarde, je pense à cet ami très cher et je ne veux pas cesser de penser à lui.

Votre actu, c’est également ces piques contre Yann Barthès et Cyril Hanouna… Je ne sais pas ce qui m’a pris (il commence à sourire), le naturel revient au galop et le naturel consiste à dire ce que je pense, sans arrière-pensée. Bon, alors l’autre jour, il paraît que Hanouna s’est défendu en disant : « Vous me voyez, moi, appeler Bouvard pour lui demander de dire du bien de moi ? ». A l’inverse, j’aurais pu lui dire: « Est-ce que vous me voyez, moi Bouvard, appeler Hanouna pour lui dire que j’ai envie de dire du bien de lui ? »… Mais c’est un type qui peut être méritant parce qu’il fait beaucoup de choses avec peu de moyens.

Vous parlez de son cerveau? Ouiiiiiii (il se marre en sautillant sur son canapé). Dans une interview qu’il nous a accordée, Fabrice Luchini dénonce le « magma ignoble de la télévision». Êtes-vous d’accord avec cela ? Oh, ben il en profite, de la télé ! J’avais une certaine sympathie pour lui, mais maintenant il se caricature. Je n’aime pas les gens qui en font trop, car ils ont toujours peur de ne pas en faire assez. Je le vois dans des apparition­s où il dit n’importe quoi, mais où il est sans cesse question de Nietzsche sans que l’on n’en comprenne toujours la raison. Mais ça fait bien, ça fait culturel. C’est vrai qu’il y a très peu d’anciens garçons coiffeurs qui parlent de Nietzsche (il rit encore de bon coeur).

Plus j’avance en âge et plus je trouve que la vie est une énorme bouffonner­ie ”

Plus j’avance en âge – et vous voyez que cela ne me réjouit pas par ailleurs – et plus je trouve que la vie est une énorme bouffonner­ie, et plus j’ai envie de rigoler. Vous allez me dire que cette angoisse devant un trépas inéluctabl­e n’est pas compatible avec l’envie de rire de plus en plus jusqu’à la fin, mais pour répondre à l’une de vos précédente­s questions: l’idéal serait que je puisse mourir de rire.

Cela fait  ans que vous «sévissez». Qu’est-ce qui vous fait durer? C’est un intérêt mâtiné d’indulgence de la part de ceux qui sont mes clients dans les différents supports où je sévis. Je pense aussi que je suis l’archétype du Français moyen – en faisant abstractio­n d’un certain confort dont, hélas, ne profitent pas tous les Français. Donc si ça a marché et que ça marche encore, c’est parce que j’ai les réactions de Monsieur Tout-le-monde: je suis francofran­çais franchouil­lard, chauvin, je ne comprends pas que l’on puisse être né ailleurs qu’en France. Oui, il y a un peu de poujadisme, mais il faut éviter que cela ne tourne à la xénophobie, car c’est dangereux.

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Ah, vous êtes en forme !

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