Quellesmesures
Il n’était pas tombé autant d’eau, en si peu de temps, depuis 1966. Ce 3 octobre 2015, entre 20 heures et 21h45, jusqu’à 200 millimètres de pluie s’abattaient sur les communes de l’Ouest. « Soit un quart de la pluviométrie annuelle en deux heures », souligne Serge Castel, directeur départemental des territoires et de la mer. Nul doute que ce qui s’est passé ce soir-là était exceptionnel. Mais, François-Xavier Lauch, sous-préfet en charge des questions de sécurité publique, le sait: « Cet exceptionnel là peut et va se reproduire! » Tout y concourt. « Des bassins versants très courts, qui débouchent sur des zones extrêmement urbanisées. » Le risque majeur qui menace les AlpesMaritimes était connu bien avant ce tragique 3-Octobre. Dix des quatorze communes les plus touchées disposaient d’ailleurs d’un PPRI. Un plan de prévention du risque inondation qui n’aura pas suffi à éviter le pire : 20 morts, 60000 déclarations de sinistres, 1800 entreprises touchées. Comment empêcher un tel désastre à l’avenir? C’est évidemment la question qui obsède les pouvoirs publics depuis un an. « Il faut rendre ce département plus résiliant », martèle le sous-préfet Lauch.
Annulations systématiques et évacuations préventives
Pour cela, il faut améliorer le dispositif d’alerte des populations. On ne peut se prémunir d’un danger que si on en a conscience. Le 3 octobre 2015, Météo France avait placé le département en vigilance orange dès 11 heures du matin. Ce code couleur qui s’affiche tous les soirs avant le JT dans les foyers est entré dans les moeurs. Trop peut-être. « C’est vrai qu’il y a une banalisation de ces alertes météo », constate MarieFrance Delansorne, responsable MétéoFrance Nice. « Et pourtant, en 2015 il n’y a eu en tout et pour tout que deux vigilances orange déclenchées pour ce type d’événement dans les Alpes-Maritimes », rappelle François-Xavier Lauch. Ce 3 octobre, l’alerte météo n’avait pourtant pas empêché le coup d’envoi du match Nice-Nantes. « Ça n’arrivera plus, promet le sous-préfet. Il n’y aura plus de match à l’Allianz en vigilance orange. De même que l’on procédera à l’évacuation préventive, des campings notamment, à chaque fois que cela s’avérera nécessaire. »
Les vieilles sirènes vont reprendre du service
« On sait faire », assure-t-on du côté de la préfecture. Le fait est que le 3 octobre dernier, à 12h44 précisément, les téléphones portables des 163 maires du département se mettaient à sonner. Les services de l’État venaient d’activer l’automate d’appel qui permet d’alerter simultanément les acteurs locaux. Encore faut-il que ces derniers puissent, à leur tour, relayer le message auprès de leurs populations. C’était autrefois le rôle de ces sirènes que l’on entendait retentir chaque premier mercredi du mois. Elles se sont tues en 2015 sans que cela n’émeuve personne. « Elles ne fonctionnaient plus, et c’était assumé au niveau national, en gros parce que l’opérateur a décidé qu’il n’avait plus à les maintenir », révèle François-Xavier Lauch. Chez Orange, on assure qu’en vertu de « dispositions plus historiques que contractuelles », l’opérateur n’avait à sa charge que « l’infrastructure de télécommande nationale ». Et que la décision d’interrompre ce dispositif a été prise « en accord avec le ministère de l’Intérieur ». Toujours est-il que les sirènes vont redonner de la voix. «On est en train de rééquiper en priorité les communes les plus soumises aux aléas. Elles ne sont pas encore raccordées. Mais à terme elles seront audibles sur tout le territoire », promet le sous-préfet.
Appli, téléphone satellite, x et haut-parleur
A condition toutefois que la sirène ne soit pas elle-même inondée! C’est ce qui était arrivé à Biot. Voilà pourquoi la maire a préféré ressortir les vieilles techniques. La sirène sera commandée par ondes hertziennes. Pour réduire la vulnérabilité de ses réseaux, Orange a d’ailleurs choisi de déménager en étage son central cannois. Et en préfecture, on n’hésite pas inciter les maires à s’équiper d’un téléphone satellitaire: « Aujourd’hui ça vaut 1000 euros! » A Biot, on a plutôt opté pour un bon vieux haut-parleur et pour deux véhicules 4x4. On s’est aussi doté, comme à Antibes, d’un automate d’appel qui fait sonner les portables de chaque administré en cas de danger. A Cannes, c’est une application mobile qui a été développée...
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« Encore faut-il savoir quand déclencher