Une histoire de Nice en rouge et noir
Du révolutionnaire Frédéric Stackelberg au footballeur Abdelaziz Ben Tifour, le journaliste Philippe Jérôme et l’artiste Ernest Pignon-Ernest donnent à voir de Nice, un siècle durant, l’image inusitée d’une terre de luttes et de résistance.
Ernest Pignon-Ernest, dont la rétrospective de l’oeuvre au Mamac se confirme comme l’une des expositions les plus visitées sur la Côte, avait portraituré l’an dernier, pour leur entrée au Panthéon, quatre grands résistants. Treize dessins de la même veine illustrent l’ouvrage 1860-1960 Nice, Un siècle d’histoire populaire que publient les éditions Gilletta, aussi bouillonnant que le récit historique de Philippe Jérôme qui entraîne avec passion le lecteur de « l’annexion » du Comté à la fin du règne du « roi » Jean Médecin. Dans ce beau livre, abondamment illustré par le fonds photographique Gilletta et de nombreux autres documents iconographiques pour la plupart inédits, Ernest Pignon-Ernest, l’enfant de Riquier, initiateur de l’art urbain, a inscrit dans son mémorial de Niçois quelques grandes « figures » révolutionnaires et pacifistes – Garibaldi, Blanqui, Barel, Cassin –, des artistes renommés comme Apollinaire ou Vigo, mais aussi de célèbres inconnus dont les noms « nous disent quelque chose » et dont on découvre enfin les traits. Il en est ainsi de l’anarchiste Frédéric Stackelberg, personnage-clé de la trilogie niçoise, de Max Gallo, de l’aviateur Auguste Maïcon, du savant Henri Sappia ou encore des résistants Séraphin Torrin et Ange Grassi, pendus par les nazis peu Le populaire poète Dominique – « Menica » – Rondelly.
avant la Libération. Sans oublier bien sûr l’immortel auteur de A la mieù Bella Nissa, Menica Rondelly, à propos duquel on apprendra qu’au-delà de l’image du barde folklorique qu’il a laissée dans la mémoire collective, il était aussi un artiste engagé dans tous les combats ouvriers de son époque. C’est à ces combats, politiques, syndicaux, artistiques, que s’intéresse, en premier lieu, Philippe Jérôme. Il s’agit en fait, de l’histoire des gens dont on ne parle pas, ou si peu, dans les livres d’Histoire. À savoir, de cette classe laborieuse qui peuplait le VieuxNice et les quartiers du port lorsque Nice était la capitale d’hiver des têtes couronnées, de ces premiers syndicalistes qui ont fondé la Bourse du travail, de ces poilus du XVe, corps injustement fusillés pour l’exemple, de tous ces militants anonymes qui ont lutté contre le pétainisme, ou de ces footballeurs du Gym et de l’AS Monaco, parmi lesquels l’international Ben Tifour, qui ont fondé l’équipe du FLN en pleine guerre d’Algérie. Sur Nice, le souffle de la grande histoire est passé, propulsant sur le devant de la scène politique des personnages à la hauteur des événements, tels le communiste Virgile Barel et le maire Jean Médecin qui régna près de quarante années, dont trente furent particulièrement « glorieuses ». L’auteur, ancien journaliste au Patriote Côte d’Azur, raconte aussi, avant eux, cette année 1920 qui vit dans une France en révolte sociale, l’économie niçoise paralysée par des grèves massives dans les hôtels et les banques et un président du conseil nommé Clemenceau, demander la dissolution de la CGT. Tout le monde convient que l’histoire ne se répète pas mais elle a parfois d’étranges bégaiements ! Ce livre qui devrait faire référence, incite à y réfléchir à chacune de ses pages…
- Ernest Pignon-Ernest et Philippe Jérôme seront en signature au Festival du livre de Mouans-Sartoux sur le stand des Editions Gilletta A037, samedi 8 et dimanche 9 octobre. - Philippe Jérôme dédicacera son ouvrage au Salon du livre d’histoire de VilleneuveLoubet le dimanche 30 octobre.
- Nice, Un siècle d’histoire populaire, textes de Philippe Jérôme, dessins originaux d’Ernest PignonErnest, , En vente en librairie et maison de presse. www.editionsgilletta.com