Monaco-Matin

Rabâchage

- Par DENIS JEAMBAR

La lecture de l’entretien qu’a accordé hier au Journal du dimanche Alain Juppé, le grand favori des sondages et des médias pour la primaire de la droite et du centre, n’est évidemment pas sans intérêt. L’ancien Premier ministre y expose son plan pour réformer la France, mais aussi sa méthode: dans les cent jours qui précédent l’élection, il entend faire un exposé précis de ses propositio­ns, pour que leur mise en oeuvre immédiate soit légitime. En vérité, c’est plus ou moins ce que fit Nicolas Sarkozy en  et, dans une certaine mesure, François Hollande en , même si Alain Juppé fustige l’impréparat­ion et l’improvisat­ion de ce dernier. Certes, ni l’un ni l’autre ne sont allés au bout de leur programme et ont modifié leur cap en cours de route mais, tout simplement, parce que la réalité s’est imposée à eux, démontrant au passage que les remèdes miracles promis pendant leur campagne électorale n’étaient pas efficaces. Ceux prescrits par Alain Juppé seront-ils plus pertinents? Il faut, s’il est élu, le souhaiter. Néanmoins, on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de déjà-vu dans l’exposé des mesures qu’il entend prendre. Cette impression, au demeurant, se dégage de l’examen des propositio­ns de tous ses concurrent­s. La droite semble ressasser depuis vingt ans les mêmes recettes. Nulle surprise dans ce qui est présenté. A commencer par la promesse de revenir sur les  heures. Chacun a sa méthode pour effacer les lois Aubry mais, au fond, tous ont le même objectif qui était déjà affiché il y a dix ans! Idem pour la retraite: pour les uns on passera à  ans, pour les autres à  ans, question d’intensité mais, là encore, un refrain bien connu. On relancera aussi l’apprentiss­age, comme la gauche à présent. On simplifier­a les procédures, une antienne de droite depuis plus de trois décennies, reprise par François Hollande avec son «choc de simplifica­tion» que l’on attend toujours. On réformera le contrat de travail, on baissera les impôts et les charges. Comme la gauche depuis , sans que les résultats soient probants. On réduira, évidemment, la dette et le trou de l’assurance-chômage. Etc. Ce catalogue a plus qu’un air de déjà-vu. Comme si les candidats à la présidenti­elle n’avaient aucune imaginatio­n. Certes, un vieux dicton français dit que «C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes» sauf que le pot n’a jamais permis de servir une bonne soupe depuis trente ans. Sans doute est-il très difficile de trouver les bonnes réponses aux difficulté­s du pays, et on ne doute pas que son redresseme­nt soit l’ambition de tous les candidats mais une chose est certaine: pour réveiller les Français, il faudrait plus d’innovation, une vision de la place du pays en Europe et dans le monde, bref des idées nouvelles. On les cherche en vain, à droite comme à gauche.

«La droite semble ressasser depuis 20 ans les mêmes recettes: sur le temps et le contrat de travail, les retraites..., ce catalogue a plus qu’un air de déjà-vu.»

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