Référendum historique sur la paix en Colombie
Les Colombiens vivaient hier une nouvelle journée historique, en votant sur la paix avec la guérilla des Farc, lors d’un référendum dont l’issue conditionne l’entrée en vigueur de cet accord inédit pour mettre fin à plus d’un demi-siècle de guerre. « La paix est le chemin pour que nos enfants, nos petitsenfants aient un pays meilleur», a déclaré le président Juan Manuel Santos, arrivé sous un parapluie blanc au bureau de vote installé dans un patio du parlement, au coeur de Bogota.
Quatre ans de négociations
Quelque 34,9millions d’électeurs étaient appelés à répondre par «oui» ou «non» à la question : « Soutenezvous l’accord final d’achèvement du conflit et de construction d’une paix stable et durable ? », titre du document de 297 pages issu de près de quatre ans de pourparlers délocalisés à Cuba.
Le référendum, non obligatoire, a été voulu par Juan Manuel Santos afin de donner la « plus large légitimité » possible à l’accord qu’il a signé le 26 septembre avec le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko.
Ce texte vise à mettre fin à la plus ancienne confrontation armée des Amériques qui, au fil des décennies, a impliqué diverses guérillas d’extrême gauche, des milices paramilitaires d’extrême droite et les forces de l’ordre, faisant plus de 260000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Au total 240 000 policiers et militaires ont été mobilisés et près de 82 000 bureaux de vote ouverts jusqu’à 16 heures (23 heures en France). Les expatriés avaient voté au préalable dans les ambassades et consulats, telle l’ex-otage franco-colombienne des Farc, Ingrid Betancourt, à Paris.
Une reconversion en parti politique
Si le « oui » l’emporte, les Farc, nées en 1964 d’une insurrection paysanne et qui comptent encore 5765 combattants, se convertiront en parti politique après avoir remis leurs armes à l’ONU, qui a déjà vérifié la destruction samedi de 620 kg d’explosifs. Il doit pour cela recueillir au moins 4,4millions de voix (13% de l’électorat). Dans les derniers sondages, le « oui » recueillait entre 55 % et 66 % des intentions de vote. Les résultats étaient attendus tard dans la nuit.