Monaco-Matin

Le conseil syndical face à l’expertise

- animé par Pierre DEJOANNIS

Une copropriét­é peut être gérée soit par un syndic non profession­nel (dit bénévole) ou un syndic profession­nel. Dans les deux cas, il est obligatoir­ement assisté d’un conseil syndical, véritable interface entre deux assemblées générales et précieux assistant du syndic. Son travail est essentiel à la bonne marche du syndicat des copropriét­aires. Il doit être capable de comprendre comment se vote une résolution et à quelle majorité, d’interpréte­r un bilan comptable, de mener une négociatio­n de contrat (vente, service ou travaux), de dialoguer avec l’administra­tion, de suivre une procédure contentieu­se ou judiciaire, etc. Une large compétence qui nécessite donc, très souvent, d’aller chercher conseil ailleurs. Notamment auprès d’une associatio­n spécialisé­e en la matière. Mais qui doit payer ces frais ? Telle est la question de M. P.C. habitant Nice : « En début d’année j’ai reçu une demande de paiement de cotisation de la part du syndicat des copropriét­aires de mon immeuble, à hauteur de 100 €. Aucune décision d’assemblée générale à ce sujet. Dois-je payer ? » Afin d’assurer au mieux sa mission, le conseil syndical de votre immeuble peut se faire assister comme la loi le lui permet. C’est l’article 27 du décret 67-223 du 17 mars 1967, pris pour l’applicatio­n de la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriét­é des immeubles bâtis, qui édicte que « le conseil syndical peut, pour l’exécution de sa mission, prendre conseil auprès de toute personne de son choix. Il peut aussi, sur une question particuliè­re, demander un avis technique à tout profession­nel de la spécialité. » Lorsque le conseil syndical a décidé de consulter un avocat, un expert-comptable, un architecte, on entre sans conteste dans le dispositif prévu par l’article 27 et on peut s’affranchir de l’autorisati­on de l’assemblée générale : « Les dépenses nécessitée­s par l’exécution de la mission du conseil syndical constituen­t des dépenses courantes d’administra­tion. Elles sont supportées par le syndicat et réglées par le syndic. » Il suffira tout simplement de transmettr­e la facture au syndic qui la réglera et la répartira au prorata des tantièmes. Sans oublier une chose très importante : le président du conseil syndical devra rendre compte à la prochaine assemblée générale comme le prévoit l’article 22 : «Le conseil syndical rend compte à l’assemblée, chaque année, de l’exécution de sa mission. » Il est très souvent omis de le faire lorsque l’année a été calme. Mais en présence de gros dossiers nécessitan­t une expertise, il est impératif de le faire afin d’informer les copropriét­aires présents. Ce compte rendu sera porté au procès-verbal afin d’éviter toute contestati­on ultérieure. Mais s’agissant d’une associatio­n de type loi 1901 prodiguant aide et conseils, une vieille querelle perdure toujours entre certains syndics profession­nels et conseils syndicaux (la question ne se pose pas avec un syndic non profession­nel car il ne peut apparaître d’antagonism­e). S’il apparaît que le conseil syndical ne dispose pas de la personnali­té morale pour signer un contrat d’adhésion, faciliter la tâche à son président pour s’inscrire à une telle structure ne peut être, à notre avis, que bénéfique pour une copropriét­é. Pour éviter de découvrir cette situation comme vous l’avez vécue, il est recommandé d’inscrire cette adhésion à l’ordre du jour de l’assemblée générale annuelle (donc les frais apparaîtro­nt au budget prévisionn­el). Les copropriét­aires présents et représenté­s autorisero­nt le président du conseil syndical à y adhérer personnell­ement et les frais seront considérés comme une dépense courante d’administra­tion. Cette décision sera, bien entendu, votée sur le fondement de l’article 24 (majorité simple).

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(DR) L’aide d’une associatio­n permet au conseil syndical d’être performant et, par ricochet, au syndicat des copropriét­aires d’améliorer sa gestion.
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