Il appelle aux dons pour planter citronniers
Sur une plateforme de financement collaboratif, Adrien Gannac, un Mentonnais de 25 ans, invite des donateurs à soutenir son projet d’agrumiculture. Projet ambitieux passionné…
Les citrons, il est né dedans. Le nez toujours fourré contre son écorce d’un jaune vif parfumé. Toujours dans les pattes de son père paysagiste et pépiniériste, Laurent, pour chouchouter le fruit d’or et le récolter. «Il a planté son tout premier citronnier en 1991, l’année où je suis né», se souvient Adrien Gannac, lunettes rondes et barbe de trois jours. Sur son temps libre, ce Mentonnais de 25 ans a longtemps épaulé son paternel dans sa passion débordante d’agrumiculteur, «pour quelques sous». Aujourd’hui, le « petit » Gannac veut faire son nid. Reprendre le flambeau et pérenniser l’héritage familial. « Mon père vivait pour ses agrumes et non grâce à ses agrumes. Moi si!» Du coup, Adrien décide de se lancer dans un projet un peu fou, mais ambitieux. Planter deux cents citronniers et utiliser sa récolte pour en faire des produits transformés.
Une exploitation à Super Garavan
En 2015, il tourne le dos à une carrière toute tracée dans la grande distribution. Puis fait ses gammes au lycée horticole d’Antibes pour renforcer un savoirfaire, déjà bien solide pour son jeune âge. Reste à trouver le terrain pour son exploitation agricole. C’est chose faite, il y a peu, après avoir déboursé 100 000 euros, bien aidé par la confiance des banques. Un hectare de friche, gangrené par les ronces et autres mauvaises herbes, sur les hauteurs de Super Garavan. Un havre de paix, entre terre et mer, pour cultiver l’excellence IGP Un peu plus bas, une vieille bâtisse délabrée fait face à la grande bleue. C’est là que son laboratoire, L’Atelier du citron, transformera le fruit d’or. « Confiture, gelée, citron confit, liqueur, sirop, pâtisserie, guimauves, cookies… », liste Adrien, également fin cuisinier grâce à sa mère.
« Soutenir un patrimoine local »
Il s’y voit déjà, c’est certain. Mais le budget est serré. Et l’aventure ne sera vraiment sur de bons rails que lorsque 10 000 euros supplémentaires auront garni sa cagnotte. « Cela équivaut à la plantation des arbres, au réseau hydraulique, à la clôture électrique…» La question d’un financement collaboratif germe alors avec la plateforme KissKissBankBank. N’importe quel inconnu peut ainsi donner un coup de pouce salutaire à Adrien, que les banques n’ont pas pu plus soutenir, avec une contrepartie à la clé (lire cicontre). «J’ai utilisé ce mode de financement car cette trésorerie pourrait définitivement lancer le projet. Mais aussi pour faire partager notre amour du produit. C’est, pour les donateurs, l’occasion de soutenir un patrimoine local, une transmission familiale et un produit d’excellence.» Plus que 42 jours pour lui venir en aide et déjà 3 870 euros dans la besace. Un bon espoir pour Adrien de réaliser un rêve qu’une grande majorité de jeunes n’oseraient même pas tenté. Car trop risqué. « Pour une plantation de ce type, il faut huit ans pour dégager ses premiers bénéfices. C’est un frein énorme pour beaucoup.» Lui n’a que faire de cette statistique. Il prône la patience. Sa motivation sans faille fera le reste. Il obtient un diplôme de responsable d’exploitation agricole pour devenir entrepreneur de la terre. Indication Géographique Protégée.