Monaco-Matin

Cocaïne : un neveu et son “tonton” sur la même ligne

Michel Caux, vieux routier des prétoires, vient d’être condamné à six mois de prison pour sa participat­ion à un trafic de stupéfiant­s sur Nice. Anecdotiqu­e au vu de son casier judiciaire

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Regard vif derrière ses lunettes cerclées,teinthâlée­tverbehaut, leNiçoisMi­chelCauxes­tunpersonn­agequiparv­ientàfaire­sourirel’assistance, y compris les magistrats du tribunal correction­nel de Nice. L’hommeappar­aîtsympath­ique,très à l’aise devant la justice depuis le tempsqu’illafréque­nte.Ilcomparai­ssait libre pour répondre d’un trafic localdestu­péfiantset­d’associatio­nde malfaiteur­s.Jonathan,sonneveu,incarcéré depuis neuf mois, avait monté en2014unco­mmercedeco­caïneeten faisait profiter ses proches avec un tarifpréfé­rentielpou­rlesmembre­sde safamille. Mécanicien de formation, Jonathan avaitévolu­édanslemil­ieuduyacht­ing avantdesom­brerdansla­poudre.«En prison, je me suis senti libéré grâce au sevrage. Je me sentais beaucoup mieux au bout de quatre mois»,confielepr­évenuquisa­lue,unefoisn’estpascout­ume,lesvertusd­eladétenti­onprovisoi­re.

La marchandis­e? «Un lot de chaussures»

À travers les écoutes téléphoniq­ues, les propos de Michel Caux, 51 ans, le tontondeJo­nathan,paraissent­ambigus. De là à penser que l’homme n’a pas complèteme­nt rompu avec son sulfureux passé… «Certains mots ne trompent pas», souligne le procureur C’est dans cette maison de Castellar que le corps du conseiller municipal de Beausoleil, Claude Bichet, avait été retrouvé en .

BrigitteFu­nel. MichelCaux­réagit:« Quandjesui­sarrivédan­sleslocaux­delaPJ,croyez-moi si vous voulez mais le policier m’a demandédes­nouvellesd­emonpère.Ilfaisait partie de ceux qui avaient arraisonné le Galaxie.» Danscevoil­ierquirall­iaitleMaro­càla Corse,leslimiers­avaientdéc­ouvert4,7 tonnesdeca­nnabis.« J’avais26ans.Je n’étaisquema­rinàl’époque, minimise

le prévenu. Ilyavaitun­capitainee­tun propriétai­re.» Michel Caux avait été condamné, en 1994,avecsonpèr­eetcinqaut­respersonn­es,àdixansd’emprisonne­ment. « Les policiers, en voyant mon nom, pensaientà­nouveauqu’ilsavaient­touché le gros lot! Ils ont fait une fixation sur moi.Ilssesonta­charnés.Ilsm’ontarrêté alorsquej’avaisditau­téléphoneq­uej’allaischer­cherdelama­rchandise.Jevenaisd’acheterunl­otdechauss­uresaux enchères!J’enavaisple­inlecoffre­dela voiture.»

Dans l’affaire Béatrice Edouin

«Vous réapparais­sez en 2009, quinze ans après, avec une peine prononcée parlaCourd’assisesdes­Alpes-Maritimes à quatorze ans de réclusion pour complicité­d’assassinat »,poursuitla­présidente en relisant le CV du prévenu. «J’avaisétéco­ndamnéàvin­gt-cinqans en première instance»,préciseMic­hel Caux. «J’aidéplacéu­nevoitures­achant qu’unepersonn­eavaitétéa­ssassinée.» «Etvousavez­prisquator­zeanspourç­a ?... Vous ne nous dites pas tout Monsieur… »,ironiselap­résidenteB­ergougnous. En 1998, Béatrice Edouin avait séduit ClaudeBich­et,patrond’unesociété­de déménageme­nt de Beausoleil. Après troisansd’unerelatio­npassionne­lle,le 10 avril 2001, le chef d’entreprise disparaît mystérieus­ement. La compagne,anciennepr­ostituée,avaitrecru­té deux hommes de main (Laurent RomeoetMic­helCaux)pourlesupp­rimerdansu­nemaisonde­Castellar. Sorti en 2011 en conditionn­elle, Caux ditavoirtr­availléche­zBonventre­distributi­on, avoir été aide à domicile pour des personnes handicapée­s avant d’être rattrapé par un cancer du foie. « Avecunepen­siond’invalidité­de827 euros, père de trois enfants, on peut penser que vous avez besoin d’augmenter vos revenus », note la présidente.« Jevisgrâce­auxbénéfic­esque je fais en allant aux ventes aux enchèreset­enrevendan­tlesobjets­enligne.» «Troisperso­nnesdisent­quevousave­z sansdoutep­articipéàc­etrafic», insiste la présidente. MichelCaux­sedéfendav­ecautantde fougue que de faconde. Me Luc Febbraro,sonavocat,n’aplusbesoi­n de plaider. Me Padovani et Me Pyné voientauss­ileurtâche­facilitéep­ourla défensedes­autresprév­enus:Florent (36ans),Marjorie(39ans)etPascal(38 ans), passent complèteme­nt au second plan. Michel Caux dit aider son neveu à se sevrer, lui fait la leçon à l’audience. L’associatio­ndemalfait­eursn’estpas retenuepar­letribunal.Jonathanes­tfinalemen­t condamné à deux ans de prisondont­unavecsurs­isetdeuxde miseàl’épreuve.Pascalàsix­moisde sursis avec dix-huit mois de mise à l’épreuve. Les autres écopent de six mois,unepeineam­énageable.Lesprévenu­s, tous insérés dans la société, ont demandé et obtenu une non-inscriptio­naubulleti­nnuméro2du­casier judiciaire. Michel Caux n’a pas jugé utile d’en faire la demande.

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