Monaco-Matin

Kévin N’Doram : maintenant, c’est à lui de jouer

A 20 ans, Kévin N’Doram a effectué ses premiers pas en Ligue 1 cette saison avec l’ASM. C’était à Nantes, là où son père Japhet a écrit l’histoire...

- RECUEILLI PAR FABIEN PIGALLE

C’est le fils de Japhet ?» Depuis que Kévin N’Doram a commencé le foot à  ans à l’AS Monaco, cette question a été posée des milliers de fois sur le bord des terrains. Formé à l’ASM, Kévin N’Doram, pur produit rouge et blanc, a foulé pour la première fois les pelouses de L en tant que titulaire cette saison. Le début d’une histoire. La sienne.

Vous savez ce qu’il se passe quand on tape votre nom sur internet ? (Il sourit) Oui, je sais... C’est mon père qui apparaît en premier.

Qu’est-ce que ça vous inspire ? Tout d’abord une grande fierté. Pas tout le monde a un papa qui a été footballeu­r profession­nel. Je lui dois beaucoup. Mais après, je n’y pense pas trop. Je veux suivre mon chemin, tracer ma route, et ne pas trop calculer.

Votre chemin justement, il a commencé très tôt à l’AS Monaco... Oui ! Je suis le plus vieux au club (rires). J’ai commencé à  ans. Je me souviens très bien de ce jour-là. Pour la première fois, mon père m’a dit : “habille-toi, tu vas au foot”. C’était un mercredi et j’étais surexcité. Je n’y croyais pas. C’était mon premier entraîneme­nt au Stade Louis-II et depuis, je suis toujours là.

Pourquoi ne pas le croire à l’époque ? Parce que j’ai toujours dit à mon père que je voulais jouer au foot, mais j’avais l’impression qu’il ne me prenait pas trop au sérieux (rires). Je n’ai pas lâché. Et c’est le jour où je m’y attendais le moins qu’il m’a amené. Je l’ai toujours accompagné au stade Louis-II le mercredi parce qu’il faisait encore partie du staff à l’époque, mais je ne m’étais jamais entraîné. Donc ce jour-là, j’étais heureux. A partir de là, j’attendais tous les mercredis avec impatience.

Avec toutes ces années, vous êtes celui qui connaît le mieux les valeurs du club. Quelles sont-elles ? Je n’ai connu que ce club donc je le porte vraiment dans mon coeur. J’ai appris à jouer ici, j’ai grandi, j’ai été au centre de formation. J’ai tout fait à Monaco. C’est une belle histoire je trouve. Pendant toutes ces années, les mots qu’on m’a le plus répétés sont : respect et humilité. Quand on partait en tournoi on nous demandait de rester humbles et de ne jamais déraper.

De l’extérieur, Monaco, c’est la Principaut­é, les paillettes etc. On doit être irréprocha­ble et digne de ce maillot. Être “fils de...”, c’est un avantage ou un inconvénie­nt ? Les deux. Un avantage, oui, parce que j’ai toujours baigné dans le monde du football. Après, l’inconvénie­nt, c’est quand on vous parle toujours, toujours, toujours de votre père. On fait avec. Mais je veux faire mon chemin maintenant.

Avez-vous toujours été milieu de terrain ? Non. j’ai commencé attaquant, puis milieu et j’ai fini défenseur central au centre de formation. C’est à ce poste où j’ai signé mon premier contrat pro. Là, je reviens au milieu. Ça demande plus d’efforts physiques, avec souvent des changement­s de rythmes. Et puis on peut un peu plus se lâcher offensivem­ent (sourire).

Après avoir signé votre premier contrat pro l’an dernier, vous êtes resté en CFA la saison dernière. Était-ce frustrant ? C’était une période difficile. J’espérais reprendre avec les pros et ça n’a pas été le cas. J’étais déçu forcément, mais j’ai continué de travailler avec la CFA. Au bout de trois mois, je me suis entraîné régulièrem­ent avec les pros. J’étais dans le groupe, mais souvent en tribunes le jour des matches... D’autres joueurs plus jeunes jouaient. C’était compliqué dans la tête. Je remercie vraiment ma mère, mes soeurs, mes proches, mes amis d’ailleurs, qui m’ont beaucoup parlé et soutenu cette année-là.

C’est important la famille... Ma mère et ma soeur vivent à Menton et j’ai une autre soeur à Nice. C’est une vraie chance de les avoir à côté. Surtout dans les moments compliqués. Mes amis du centre, originaire­s de Paris, voyaient leurs familles qu’une fois tous les deux mois. On ne peut pas comparer. J’avais plus de chance.

Il fallait être patient... Clairement. Mais notre génération a du mal avec ça (sourire). On veut tout, tout de suite. J’avoue que j’avais très, très, très envie de jouer. Mais j’ai su canaliser cette envie. Ça n’a pas été simple. Mon agent aussi m’a bien conseillé. A la présaison, tout s’est bien passé. De mon côté, j’ai débuté deux semaines avant pour mettre toutes les chances de mon côté. J’avais à coeur d’être présent dès les stages. Au final, le coach m’a fait confiance.

La saison dernière, votre père fêtait son anniversai­re en donnant le coup d’envoi de Nantes-Monaco. Vous n’étiez pas dans le groupe... J’ai regardé ça à la télé. Ça pique un peu (sourire). Mais ce n’était pas mon heure, c’est comme ça. Je sens aujourd’hui que cette période m’a fait du bien. Durant cette saison, j’étais quand même aux côtés des pros, j’ai travaillé. Toulalan, qui connaissai­t bien mon père, me parlait beaucoup ; Carvalho aussi. Le jour où le coach m’a senti prêt, il m’a titularisé et je le remercie pour ça.

Une première titularisa­tion à Nantes, comme par hasard... C’était très spécial. Je suis né là-bas. Mon père a marqué l’histoire du club. Ça me tenait à coeur de jouer devant mes amis et de faire un bon match.

Saviez-vous que vous débuteriez ? Pas du tout ! On m’a dit ça la veille. J’avais vraiment hâte de jouer. Avant le coup d’envoi, on ressent la pression. Mais quand le match débute, on se relâche. Jouer là-bas, c’était mon destin... Au final, j’ai été correct. Pour une première, c’était pas mal (sourire).

Sentez-vous que votre vie a changé ? Non. Je veux continuer de travailler, et surtout, rester comme je suis.

De qui vous inspirez-vous? En défense, Thiago Silva, le meilleur à ce poste. Au milieu, Motta ou Busquets.

Pas de grands dribbleurs... (rires) Non, ça joue simple, très propre. Ce que j’aime.

Cette période m’a fait du bien ”

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(Photos J-F Ottonello)

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