Monaco-Matin

Hubert Falco: «Juppé est l’homme de la situation»

Ancien ministre de Nicolas Sarkozy, le sénateur-maire de Toulon nous explique les raisons de son soutien à la candidatur­e du maire de Bordeaux dans la course à la primaire de la droite et du centre

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Il compte sans doute parmi les derniers «grands» parlementa­ires à se prononcer sur le sujet. Ancien ministre des gouverneme­nts Fillon, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le sénateur-maire de Toulon, n’a accordé son parrainage à aucun des candidats LR en lice pour la primaire de la droite et du centre. Cependant, son choix était arrêté depuis de longues semaines déjà. C’est donc le modéré Alain Juppé qui, à ses yeux, a toutes les qualités et les compétence­s pour rassembler les Français et redresser le pays.

Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de divulguer votre soutien ? Mon rôle est de rassembler. Et j’avais à charge l’organisati­on de la primaire dans le départemen­t. C’est aujourd’hui fait, dans le respect de tous les candidats. Maintenant, je suis aussi un responsabl­e politique, président du parti dans le Var, il fallait que je me détermine.

Pourquoi ce choix ? Tous les candidats ont tous des qualités. Je ne fais pas un choix contre les autres candidats, je choisis celui que j’estime le meilleur pour mon pays. Je crois que Juppé est l’homme de la situation pour la France, et ce même si mon objectif demeure de gagner l’alternance, avec le candidat qui sortira vainqueur de la primaire…

Alain juppé est quand même donné favori… Ce ne sont pas les sondages qui font les élections ! Pour gagner, il faut des électeurs! Il faut donc que les gens aillent voter, audelà même de notre parti. C’est une primaire ouverte: les gens qui ont un message à faire passer doivent se rendre aux urnes. Essayons de trouver le meilleur candidat pour gagner l’alternance. Personnell­ement, dans le contexte actuel de notre « Alain Juppé a les qualités d’un homme d’État, mais il s’est affirmé sur le territoire » : c’est aussi ce qui fait sa différence pour le sénateur-maire de Toulon, Hubert Falco.

pays, avec ses difficulté­s, je pense que Juppé est l’homme de la situation.

Qu’est-ce qui fait sa différence? Il rassemble, et le pays en a besoin. Il a une expérience naturelle. Il avait les qualités d’un homme d’État mais – et c’est ce qui fait la différence à mes yeux – il s’est affirmé sur le territoire. Il a été trois fois maire de Bordeaux, il a présidé une grande agglomérat­ion. Par ailleurs, il a l’autorité, la sobriété pour rétablir la confiance dans notre pays. Il a la fermeté nécessaire pour diriger le pays. Il est ferme sur ses conviction­s et il le prouve dans la campagne qu’il mène. Et puis on attend d’un homme qu’il préside avec courage la destinée de notre pays. Déficit public, dette: celui qui devra diriger le pays devra avoir beaucoup de courage et beaucoup

d’expérience.

Son programme est-il un élément déterminan­t dans votre choix? Soyons clair: quand on analyse les programmes économique­s de Juppé, Fillon ou Sarkozy, on se rend bien compte qu’ils ne sont pas très différents. Quoi de plus normal quand on vient de la même famille politique? Ce n’est pas làdessus que l’on va se déterminer. Pour ma part, ce choix est conforme à mes conviction­s. J’ai toujours essayé de rassembler, je n’ai jamais clivé. J’ai été élu dix-sept fois, je ne l’ai pas été qu’avec des militants de mon propre parti…

C’est un tacle pour Sarkozy ? Non pourquoi? Qu’il s’agisse de Sarkozy, Juppé ou Fillon, celui qui sera élu le sera au-delà des militants LR.

Cela a été un choix difficile pour l’ancien ministre du gouverneme­nt Fillon, sous la présidence de Sarkozy? Oui, ça a été difficile, comme cela le sera pour beaucoup d’entre nous dans le cadre de la

primaire, parce que l’on n’était pas habitué à se prononcer dans le cadre d’une primaire. La facilité aurait été de ne pas me positionne­r ou alors de suivre les grands élus de la région Paca. Mais Alain Juppé est, pour moi, l’homme qui va rétablir la confiance.

Comment jugez-vous la campagne justement? Je suis assez déçu. On ne parle pas beaucoup des territoire­s ni des difficulté­s que rencontren­t les élus locaux et les collectivi­tés. Je veux bien que l’on parle de nos origines mais le débat doit être ailleurs aussi. J’aimerais que l’on parle de la loi NOTRe, de la loi Alur, de leurs impacts sur nos collectivi­tés par exemple… Ce sont aussi les difficulté­s du pays aujourd’hui. Comment allons-nous payer l’addition ?

Les présidents de départemen­t justement, tirent la sonnette d’alarme sur leurs difficulté­s financière­s à appliquer la politique d’action sociale, le versement du RSA notamment. C’est bien là le problème : est-ce que l’on va continuer à demander aux collectivi­tés de faire toujours plus avec toujours moins de moyens? Il est aussi temps d’aborder le sujet et sur ce point, Alain Juppé et son expérience acquise par ses trois mandats à la mairie de Bordeaux, seront un atout. Non. Je dis toujours qu’il ne faut pas jouer avec la démocratie. Gagnera celui qui aura rassemblé le maximum d’électeurs dans les urnes. La primaire va permettre à une ou un de nos candidats de concourir à la présidenti­elle. Nous rassembler au soir du  novembre sera l’exercice le plus difficile. J’attends ce moment, indispensa­ble pour gagner l’alternance, où notre famille politique sera réunie. Je retrouvera­i mes collègues, maires et parlementa­ires de la région. La vraie bataille sera là: gagner l’alternance. Or, une élection n’est jamais gagnée à l’avance.

Ce soutien a-t-il fait l’objet d‘accords, en vue des législativ­es notamment? On ne négocie pas avec Alain Juppé et c’est bien comme ça. Je n’ai d’ailleurs rien à négocier. Mon choix n’est pas dicté en fonction de cela.

Dans le départemen­t, dans la région même pourraiton dire, les militants sont plutôt pro-Sarko, non? J’en ai bien conscience. C’est aussi pour cela que je préviens: l’exercice est nouveau pour notre famille politique, mais il est question de l’intérêt de la France… La question n’est pas de savoir si l’électeur est de gauche ou de droite, mais si un électeur accepte les règles de la primaire. Cela doit intéresser l’ensemble des Français qui se sentent concernés par l’avenir de notre pays, et qui veulent choisir l’homme ou la femme le plus en capacité de le redresser.

Que ferez-vous si Alain Juppé ne remporte pas la primaire? Je ferai la même confiance au candidat ou à la candidate qui sortira vainqueur.

Nous rassembler le  novembre sera l’exercice le plus difficile ”

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Partagez-vous le sentiment que le vainqueur de la primaire de la droite sera le prochain président de la République? Pensez-vous, comme les sondages le laissent supposer, que beaucoup d’électeurs de gauche prendront part à ce scrutin?

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