Monaco-Matin

« Une grande fierté »

Julien Espinosa, l’entraîneur des Sharks, au club depuis les minimes, rêve de redonner à l’Olympique d’Antibes (co-leader de ProA après deux journées) une part de son lustre d’antan

- FRANÇOIS PATURLE

Mardi soir à l’Azur Arena : Julien Espinosa vient de boucler sa séance d’entraîneme­nt. Le coach antibois (6e saison à la tête des Sharks) a le visage des bons jours. Son équipe, bien partie dans ce championna­t (2 matches, 2 victoires) lui plaît beaucoup.

Julien Espinosa, ce début de saison ? Je suis impression­né par la façon dont les mecs acceptent le challenge. J’ai rarement eu autant unité à l’intérieur d’un groupe. On prend du plaisir, on partage beaucoup. Cet esprit nous aide à progresser et à hausser le niveau d’intensité pour aller chercher les victoires.

Être aujourd’hui le coach emblématiq­ue des Sharks, ça vous inspire quoi ? Honnêtemen­t, je n’ai pas tellement le recul pour juger ma position. Antibes, c’est le club qui m’a formé, et j’essaye de lui rendre le plus possible. Mon boulot, c’est de gagner du temps en faveur des Sharks. On est encore dans une situation financière pas extrêmemen­t confortabl­e. Obtenir des résultats, c’est se donner de l’oxygène pour structurer et grandir.

On sent chez vous cette forte fierté antiboise ? Oui, car je n’oublie pas qu’Antibes a connu beaucoup de saisons difficiles. On ne savait pas, « Gagner pour faire grandir Antibes ».

chaque année, si on allait pouvoir repartir ou pas en Pro B. Quinze années environ de traversée du désert, c’est long. Donc, travailler avec ce club en Pro A aujourd’hui, c’est du bonheur. Je suis arrivé à Antibes en minimes, et à l’époque, Antibes était en Pro A. Y être à nouveau,

c’est une grande fierté. Ce maillot antibois a un poids, car il a une charge historique et symbolique liée aux grands succès des années , . Je souhaite que les gens qui ont connu ces années-là ressentent de la fierté en venant à la salle aujourd’hui. Cela me tient énormément à coeur. On accepte d’y passer du temps ! Il faut être très précaution­neux dans les choix. Même si on essaye de nous expliquer qu’avec notre masse salariale on ne peut pas prétendre à mieux, on préfère prendre des risques en refusant certains joueurs. Tant qu’on n’est pas emballé, on attend, on ne prend pas.

« Les play-offs, pourquoi pas »

Chris, c’était un nom parmi une cinquantai­ne de candidats. On a épluché les , et on a foncé sur Chris.  à éplucher pour rien, donc... Chris avait à la fois le profil athlétique que l’on recherchai­t et le potentiel pour progresser. Et ceux qui l’avaient côtoyé n’en disaient que du bien.

À l’inverse, le départ de Mous Fall (Chalon), comme fut le cas en  avec Mbida, a dû être une grosse déception ? Cet été, j’ai participé à un stage avec les entraîneur­s pro, à la Réunion. Deux coaches de renom m’ont mis au parfum : ‘’Avec les jeunes tu seras toujours déçu car tu n’auras jamais le retour sur investisse­ment’’ Effectivem­ent, quand Moustapha a tourné les talons, c’est un peu la Blue, « un mec en or».

déception que l’on a ressentie. On lui avait offert une exposition. Forcément, on espère quelque part un peu de reconnaiss­ance et au fond une confiance qu’il pourrait nous donner pour continuer avec nous. Bon. Je ne crois pas, pourtant, qu’il faille généralise­r au sujet des mentalités. On garde l’espoir d’obtenir un jour cette confiance. Je l’avoue, j’espère que cela nous arrivera. Car pour être très ambitieux, à un moment donné, il va falloir que l’on trouve un peu de continuité. Pouvoir démarrer avec un étage de la fusée déjà construite, c’est ce que font tous les clubs qui réussissen­t.

Antibes va-t-il atteindre les play-offs de Pro A, pour la première fois depuis  ans ? Je pense que cette équipe va réserver beaucoup de belles surprises. Notre public (ndlr :  spectateur­s face au HTV) le mérite. Maintenant, effectivem­ent, la réussite dépendra de notre capacité à dépasser notre niveau actuel. Les joueurs acceptent le travail, les consignes. Il y a beaucoup d’ingrédient­s dans la mentalité et la qualité technique pour que l’on puisse prétendre à des objectifs élevés. Les playoffs, je dis pourquoi pas.

Tim Blue, saison au club, c’est rare dans le contexte actuel... Cela montre aussi que du côté du club, on assume notre part d’engagement. Tim, chez nous à Antibes, il est exceptionn­el, il a d’énormes qualités, et on accepte aussi ses petites lacunes, parfois. Avec lui, c’est la garantie d’une mentalité exceptionn­elle. Ce garçon est un mec en or, un homme de parole et de confiance. Quand on a des gens comme ça, moi, je ne vois aucune raison d’aller chercher ailleurs.

Et vous, votre situation avec les Sharks ? Je suis lié jusqu’en ... (silence). Je poursuis mon rêve, gagner un jour un titre en Pro A. Avec Antibes, bien sûr. JulienEspi­nosaestnél­e5février1­984à Nice. Titulaire d’un ‘’Master Pro’’ à la Fac de Nice, Il a effectué sa première saison de coach d’Antibes (en Pro B) à l’âge de 27 ans. En 2013 et 2015, il conduit les Sharks sur la voie de la montée en Pro A. En 2015, il remporte la Leaders Cup Pro B. La saison dernière, Antibes a terminé 12e de Pro A.

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(Photos S. Botella) Comment fait-on pour recruter bien avec peu d’argent budget) ? Chris Otule, comment ça s’est passé?
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