Monaco-Matin

Découverte historique en rade de Villefranc­he

Épaulés par le navire de recherche, André-Malraux, les chercheurs et les archéologu­es sous-marins d’Anao ont découvert une épave datée entre le XVIe et le XVIIe siècle

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Une aventure humaine ou chaque coup de palme nous immerge dans le monde fascinant des épaves englouties. L’archéologi­e sous-marine, la vraie, permet de rares découverte­s, bien souvent complèteme­nt recouverte­s par des siècles de vase. Pourtant, ici et là, quelques indices les trahissent. Et seul un oeil averti peut analyser le site d’un sinistre naufrage. La visite, la semaine dernière, de l’André-Malraux , le navire amiral du Départemen­t des recherches archéologi­ques subaquatiq­ues et sous-marines, avec son équipage au grand complet, a permis de traquer ces épaves effacées des mémoires. C’est la mission principale qui a été confiée à l’équipe de fouille dirigée par Souen Fontaine, chef de mission : « Il faut sauver et préserver notre patrimoine subaquatiq­ue afin de dresser la carte archéologi­que de notre région ». Cette mission a été accomplie en rade de Villefranc­he-sur-Mer, haut lieu de l’histoire navale et base de travail d’une équipe de passionnés dirigée par Eric Dulière, animateur d’Anao, l’aventure sous-marine (FMAS). Une épave exceptionn­elle, datée entre le XVI et le XVIIe siècle (voir ci-dessous) a été découverte dans ces profondeur­s sondées depuis 1987 par cette équipe à l’origine de trouvaille­s de milliers de pièces d’archéologi­e dorénavant, pour la plupart, exposées dans les musées de la région. Pour Alain Cascio, membre de l’équipe d’Anao: « C’est un mouillage millénaire exceptionn­el. Depuis 25 siècles, les navires des grandes puissances de la Méditerran­ée sont venus mouiller dans cette rade afin de trouver refuge lors de coups de mer. Et les vestiges de ces civilisati­ons de la mer sont toujours présents sous les eaux pour notre plus grand bonheur et celui de l’histoire maritime des lieux ».

Paré à plonger !

Là, sous les murs de la citadelle, par 16 m de profondeur, les archéologu­es d’Anao, l’aventure sous-marine ont découvert en 2015, quelques éléments en bois malmenés par les ancres des yachts. Cette fois-ci Souen Fontaine, chef de mission, dicte aux archéologu­es les objectifs scientifiq­ues : « Il faut définir la compositio­n de cet ensemble de bois. » Dans une rigueur toute militaire, sous les ordres de Denis Metzger, le pacha, tous les moyens techniques du bâtiment sont déployés et les motopompes se mettent à vrombir ! Les deux puissantes « suceuses » du navire opérationn­elles, permettent, elles, de dégager délicateme­nt les mètres cubes de galets et de vase qui recouvre le vestige. Les palanquées de quatre plongeurs se suivent pour travailler sur le site. Au bout de quelques heures une coque entière se dessine. Elle vient d’apparaître intacte à l’équipe composée aussi de jeunes archéologu­es fascinés. Les

moindres détails de sa constructi­on sont mesurés en quelques jours et dessinés par ces spécialist­es pour être finalement photograph­iés par Teddy Seguin. En fin de mission, l’épave a été entièremen­t recouverte de plusieurs tonnes de sable. Protégée dorénavant des convoitise­s et du pillage, elle demeure désormais sous les eaux dans l’attente d’une future mission qui percera tous ses mystères.

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(Photo Teddy Seguin) Depuis , l’équipe d’Anao, l’aventure sous-marine est à l’origine de trouvaille­s de milliers de pièces d’archéologi­e. La plupart sont exposées dans les musées de la région.

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