Monaco-Matin

Pierrefeu (Var) : motion votée à l’unanimité contre l’accueil de migrants

- OLIVIER BOUISSON

De mémoire d’élu de plus de vingt ans, jamais la salle du conseil municipal de Pierrefeu n’avait accueilli autant de monde. Il y avait bien eu dans les années 1990 un ambitieux projet de centre voué à la pratique du VTT qui avait fait sortir les chasseurs de leur agachon, mais rien à voir avec la mobilisati­on d’hier soir. Près d’une centaine de personnes sont venues assister à la présentati­on de la motion présentée par le maire, Patrick Martinelli. « Vu l’effusion sur les réseaux sociaux, je pensais qu’il y en aurait plus », dira un élu en aparté.

Honte et tristesse

Dans l’assistance, deux femmes avaient pris soin de confection­ner un petit écriteau. « Petite-fille de migrant, j’ai honte et je suis triste pour mon village », pouvait-on lire sur le premier. « Bienvenue à Pierrefeu, 27 rue de l’hôpital psychiatri­que » sur le deuxième, plus énigmatiqu­e. Renseignem­ent pris, il s’agit de son domicile et donc d’un message d’hospitalit­é. Les élus frontistes Frédéric Boccaletti, secrétaire départemen­tal du FN et Jacques Danvy, conseiller départemen­tal, accompagné­s de sympathisa­nts, étaient également présents. Malgré l’affluence et la gravité de l’instant, la séance s’est déroulée dans le plus grand calme. Les débats se sont résumés d’ailleurs à un seul échange entre l’élu d’opposition Jean-Pierre Lanza (Divers droite) et le maire Patrick Martinelli (sans étiquette). « Je suis pour cette motion, mais j’espère que le CAO (centre d’orientatio­n et d’accueil) ne verra pas le jour, ni à l’hôpital psychiatri­que, ni ailleurs. Les services de la préfecture ont aussi visité le sanatorium en face. Qui nous dit qu’ils ne l’installero­nt pas là ou au camping ? » Jean-Pierre Lanza a également appelé de ses voeux une réunion publique à l’adresse des habitants avec l’État et les forces de l’ordre. Fin des échanges. Pour le reste, Patrick Martinelli a refait l’historique du projet d’implantati­on du CAO en précisant que la préfecture avait indiqué vouloir installer 30 migrants à la mi-novembre – des Syriens, des Afghans et des Iraniens – après une première tranche de travaux puis 30 autres un peu plus tard, après une autre tranche. La durée de leur séjour serait de huit mois. Après lecture de la motion, le maire a tenu à calmer le feu qui couve sans sa commune : « Ces hommes fuient la guerre. Ce sont des êtres humains comme nous et méritent d’être traités avec respect. Or, des gens font passer des messages haineux qui ne sont pas les bienvenus. Chacun a le droit de s’exprimer, mais avec respect. »

Appel au calme

« Aujourd’hui, il est urgent d’en appeler au calme. Le dossier est certes assez lourd mais nous saurons le gérer, même si nous avons un problème d’acceptatio­n et de digestion. » Sur le fond, Patrick Martinelli a insisté sur le fait qu’il y a une incohérenc­e à accueillir des migrants dans un hôpital psychiatri­que, qui plus est dans un bâtiment situé en zone inondable. « En 2011, les patients ont été évacués par bateaux pneumatiqu­es. C’est comme si on décidait aujourd’hui de bâtir à l’Oratoire à Hyères... » En épilogue à son long monologue, le maire a souhaité que le rassemblem­ent prévu demain à 9 h 30 soit «une marche citoyenne pour Pierrefeu, qui se déroule dans le calme ». À l’image de la séance du jour.

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(Photos Frank Muller) Jamais depuis vingt ans, la salle du conseil n’avait accueilli autant de monde qu’hier soir.
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Patrick Martinelli, maire de Pierrefeu.

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