Monaco-Matin

François Baroin : « Le pays veut un changement fort »

Celui qui sera Premier ministre, si Nicolas Sarkozy est élu président de la République, effectue aujourd’hui une visite à la frontière italienne, avant une réunion publique en soirée à Menton

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Néventéles­uspensedès­icolas Sarkozy a

la semaine dernière. S’il est élu Président en mai, François Baroin sera son Premier ministre. Le sénateurma­ire de Troyes fait donc le job et sillonne la France. Il se rendra cet après-midi à la frontière italienne, avant de tenir un meeting à 18h15 au Palais de l’Europe à Menton.

Ce ticket Sarkozy - Baroin, les électeurs vont-ils y trouver une cohérence ? La volonté de Nicolas Sarkozy est de tout dire tout de suite pour pouvoir tout faire après, en ayant un mandat clair sur son programme et ses équipes. Nous avons chacun depuis vingt-cinq ans des parcours connus de tous. Nous sommes complément­aires et je suis heureux de l’accompagne­r dans sa démarche pour relever notre pays.

Nicolas Sarkozy il y a peu à Calais, vous à Menton. Votre campagne de la primaire ne vire-t-elle pas à la monomanie sur la question des migrants ? C’est malheureus­ement une réalité incontourn­able et très douloureus­e, pas uniquement française mais européenne, avec des flux de migration jamais connus depuis des décennies, qui ont amené l’Europe à s’organiser de manière improvisée. Il faut bien sûr accueillir les réfugiés de guerre, mais en même temps être ferme sur l’immigratio­n économique. Aujourd’hui, ce serait nier la réalité de ne pas constater que le retard pris crée des tensions très fortes, à Calais et à Vintimille comme ailleurs. Jean-Marie Le Pen peut dire tout ce qu’il veut. J’observe que les observateu­rs ne font pas les mêmes commentair­es lorsque M. Macron va à Orléans pour fêter Jeanne d’Arc qui a été l’emblème du lepénisme des années quatre-vingt.

Votre position de maire sur la répartitio­n des migrants dans le pays ? Il faut respecter certains principes, dont un principe d’humanité en ce qui concerne les réfugiés qui fuient la guerre. C’est ensuite à l’Etat de coordonner cette politique. Le plan français concerne  personnes, cela peut paraître peu mais cela revient à multiplier par deux le nombre de structures d’accueil et de demandeurs d’asile. Or, l’Etat a pris beaucoup de retard et les choses se font aujourd’hui dans la précipitat­ion, ce qui explique les tensions. Troyes, comme beaucoup d’autres villes françaises, a une politique sociale et d’ouverture de longue date, mais nos places d’accueil des demandeurs d’asile sont déjà saturées. Le problème de Calais est en réalité un problème de gestion de frontière. L’immense majorité des gens qui sont à Calais veulent passer en Angleterre. La première initiative que Nicolas Sarkozy prendra – et que je soutiens pleinement – sera de discuter avec les Britanniqu­es pour créer un centre d’enregistre­ment en Angleterre, afin que les gens qui veulent y aller soient accompagné­s par les Anglais eux-mêmes. Ce n’est pas à nous de faire le travail.

Si vous aviez été aux manettes, qu’auriez-vous fait concernant Alstom? On aurait surtout anticipé, ce qui avait déjà été le cas puisque Nicolas Sarkozy avait sauvé Alstom avec un projet stratégiqu­e et une prise de participat­ion pour accompagne­r un développem­ent des infrastruc­tures. Rien n’a été fait au cours de l’actuel quinquenna­t et la situation a même empiré. La loi Macron a amplifié les difficulté­s en n’anticipant pas les dégâts collatérau­x du transport par car sur la SNCF. Les commandes de TGV décidées par le gouverneme­nt sont du bricolage. Tant mieux pour le site de Belfort, mais ça ne répond en rien à la bombe à fragmentat­ion que représente la dette de  milliards de la SNCF, ni à l’absence de vision stratégiqu­e à long terme.

On peine, à ce stade, à croire que la droite réussira à se rassembler après la primaire… C’est une exigence. Bien sûr, des phrases sont envoyées ici ou là au visage. Mais, autour de Nicolas Sarkozy en tout cas, on s’efforce de développer les idées et de débattre sur le fond, en exposant ses propositio­ns sur le terrain. Le pays veut aujourd’hui un changement fort, pas un changement intermédia­ire.

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Jean-Marie Le Pen vient d’estimer que Nicolas Sarkozy se « jeanmarisa­it ». Votre avis ? Comment faut-il donc régler cette question ?

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