Hervé Mariton : « Fixer un nombre maximum de logements sociaux »
Contraint de renoncer à la primaire de droite, le député de la Drôme soutient Alain Juppé. Connu pour ses positions pro-famille, il défendra aussi des idées radicales sur le logement, aujourd’hui à Nice
Recalé d’extrême justesse du combat de la primaire de la droite et du centre pour une poignée de parrainages, on s’attendait à ce que Hervé Mariton soutienne François Fillon, a priori plus proche de ses positions sur la famille. Le députémaire de Crest a, en fait, opté pour Alain Juppé. Il s’en explique ici et évoque également ses propositions à contre-courant en matière de logement social, qu’il défendra aujourd’hui à Nice au congrès de l’Union nationale de la propriété immobilière.
Pourquoi Juppé, finalement? J’ai des différences assumées avec Juppé, mais je préfère construire sur des bases claires plutôt que sur trop d’ambiguïté. François Fillon parle de réécrire la loi Taubira, ce n’est pas une expression claire. Avec les milieux qui militent pour la famille, nous sommes en désaccord avec Alain Juppé sur la loi Taubira en tant que telle, mais pour autant ces milieux reconnaissent que c’est lui le plus clair dans le refus de la GPA et de la PMA.
François Fillon et d’autres y sont, eux aussi, clairement opposés… En tout cas, quand vous interrogez les milieux de type Manif pour tous, l’opinion qui en ressort est celle que je viens de vous exprimer. Je pense donc qu’il vaut mieux être dans une relation où l’on sait sur quoi on est en accord et en désaccord, plutôt qu’une relation où l’on ne sait pas.
Vos convergences avec Alain Juppé? Juppé a le sérieux de dire qu’il faut faire baisser et les dépenses et les impôts, à la différence d’autres candidats qui veulent faire baisser les impôts davantage que les dépenses, ce qui n’est pas sérieux. La droite ne doit pas prendre prétexte des carences de la gauche pour laisser filer les déficits en . Alain Juppé incarne un sérieux budgétaire.
Lui avez-vous demandé d’intégrer certains points dans son programme? On discute sur un certain nombre de sujets. Sur la fiscalité, je suis partisan de la flat tax, c’est-à-dire l’impôt universel et proportionnel et on a décidé de travailler sur une base plus large et un taux plus faible. Ai-je converti Alain Juppé à la flat tax, je n’en suis pas sûr, mais on avance ensemble sur l’idée qu’il faut qu’un plus grand nombre de Français paient l’impôt sur le revenu et qu’il est choquant que plus de la moitié ne le paient pas. On veut aussi avancer sur une plus grande autonomie des établissements scolaires pour répondre au déclin de notre éducation. Trois jours avant ma prise de position, les sondages faisaient apparaître que Nicolas Sarkozy rattrapait Alain Juppé. Aujourd’hui, Alain Juppé est devant lui, mais personne ne sait ce que diront les sondages dans trois semaines. On ne prend pas position si loin d’un scrutin sur la base des sondages.
Vous participez, aujourd’hui, à Nice au congrès de l’Union nationale de la propriété immobilière. Quel message allez-vous y porter? Je propose un changement radical de la politique de logement social, en arrêtant les aides à la pierre pour aller à fond sur des aides à la personne, donc d’arrêter de s’enfermer dans le concept de logement social. Je suggère d’abroger la loi SRU. Je pense qu’il faut fixer non pas un nombre minimum de logements sociaux mais un nombre maximum, pour éviter que des communes se spécialisent dans le logement social, de façon purement clientéliste. Enfermer les Français modestes dans le logement social n’a pas de sens.