Monaco-Matin

Comment casser les ghettos dans le départemen­t? Moussa Ba:

Depuis quarante ans, le chômage de masse s’est installé dans les «quartiers». Pour répondre à l’urgence sociale, ils se bougent. Et proposent des solutions

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Taux de pauvreté, décrochage scolaire, chômage… Les quartiers sensibles concentren­t les maux. Dans les quartiers Est de Nice, en bordure du Paillon, ainsi qu’aux Moulins, le taux de pauvreté tutoie voire dépasse les 40%. À la Zaïne à Vallauris, plus de 44% des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté. Évidemment élevé dans les quartiers « politique de la ville », le taux de chômage l’est encore plus chez les jeunes de 15 à 24 ans, où il dépasse les 50% à l’Ariane et aux Moulins et atteint 58% au Point du Jour à Saint-Laurent-du-Var.

Quatre chantiers de rénovation urbaine

À regarder les sommes versées à travers la politique de la ville dans les ZEP, ZUS et autres quartiers sensibles, difficile de dire que ces territoire­s qu’on dit «perdus» pour la République ont été véritablem­ent délaissés par celle-ci. Ainsi, selon les chiffres de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), en janvier 2016, quatre chantiers de rénovation urbaine étaient financés dans les Alpes-Maritimes. À Nice-Est: 35 millions d’euros pour Pasteur, 157 millions pour l’Ariane. 207million­s pour Les Moulins et 77millions pour Grasse-Centre. À titre de comparaiso­n, la constructi­on de l’Allianz Riviera a coûté 245million­s d’euros. À cet argent s’ajoute la réhabilita­tion du «Programme national pour la rénovation des quartiers anciens dégradés » : 71 millions d’euros pour les quartiers Notre-Dame, Vernier et Thiers à Nice. Les objectifs sont, entre autres, de résorber l’habitat indigne et de redynamise­r les commerces.

« Le chômage de masse détruit le lien social »

Sauf que rénover les immeubles n’a jamais permis de réduire la misère. «Il ne faut pas demander à la politique de la ville ce qu’elle n’est pas capable de faire. Elle n’a pas les moyens de changer la vie dans ces quartiers, qui sont le produit d’une société où le chômage de masse détruit le lien social, rectifie le sociologue Laurent Mucchielli. Les grands ensembles, autrefois synonymes de modernité pour des gens qui n’avaient pas accès à l’eau courante ou à l’électricit­é, étaient un progrès indéniable. Mais tout ça a vieilli. Changer les fenêtres cassées, réparer les ascenseurs ne suffit plus. Mais c’est nécessaire.» «La vérité, c’est qu’on n’a jamais donné à la politique de la ville les moyens de ses ambitions», estime l’historien Eric Marlière. «Si on regarde les chiffres, on n’a pas donné tant que ça. On a surtout fait du saupoudrag­e.»

Seize quartiers prioritair­es

C’est d’ailleurs pour concentrer les moyens sur les secteurs qui en ont le plus besoin que le gouverneme­nt a défini une nouvelle géographie des quartiers prioritair­es. Dans les Alpes-Maritimes, 16 zones ont été retenues la moitié d’entre elles se situent à Nice. Comment s’attaquer au décrochage, lutter contre le chômage, la délinquanc­e ? Travailleu­rs sociaux et bénévoles pointent la nécessité de soutenir les associatio­ns qui oeuvrent pour l’éducation et la prévention. Alphabétis­ation, aide aux devoirs, ateliers informatiq­ue, sport… Pour ne pas laisser le terrain à la délinquanc­e ou à l’extrémisme. Jean-Paul Munoz, directeur de la MJC Centre Social coeur de Ranguin plaide pour un dispositif d’accompagne­ment vers l’apprentiss­age, au sein du collège. En lien avec les éducateurs, la mission locale. «La clé, insiste Philippe Danae, éducateur spécialisé (ADSEA06) aux Moulins, c’est l’emploi.» 1. Nice : Las Planas, centre, palais des Exposition, Paillon, résidence socialeNic­éa,LesSagnes;Nice-Saint-Laurent-du-Var:LesMoulins­LePointduJ­our;Nice-Saint-André-de-la-Roche:L’Ariane-LeManoir; Drap (La Condamine) ; Vence (centre) ; Carros (centre) ; Grasse : Les Fleurs de Grasse et Grand Centre; Cannes - Le Cannet: RanguinFra­yèreetGenê­ts-Oliviers-Saint-Pierre;Vallauris:coeurdevil­le-Hauts de Vallauris.

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